Pour Megumi Seki, secrétaire exécutive du Secrétariat de l'ozone du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), c'est une « nouvelle fantastique ». Le dixième rapport quadriennal du groupe d'évaluation scientifique du Protocole de Montréal, publié le 9 janvier, confirme la reconstitution progressive de la couche d'ozone (O3). Selon les experts du Pnue et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), cette couche en haute stratosphère repoussant les rayons ultraviolets (UV) devrait retrouver ses valeurs de 1980, avant l'apparition du fameux trou, d'ici à 2066 au-dessus de l'Antarctique, 2045 au-dessus de l'Arctique et 2040 partout ailleurs. Ces estimations rejoignent, peu ou prou, celles déjà esquissées par les conclusions du précédent rapport quadriennal paru en 2018.
Malgré des anomalies en 2019 et en 2021, principalement liées à des événements météorologiques caractérisés par des épisodes caniculaires, « la superficie et la profondeur du trou d'ozone au-dessus de l'Antarctique diminuent lentement depuis l'an 2000 », maintiennent le PNUE et l'OMM. Cette tendance résulte de l'élimination progressive de près de 99 % des substances appauvrissant la couche d'ozone (Saco) que le Protocole de Montréal proscrit depuis 1989. Ces dernières comprennent, notamment, les hydrofluorocarbures (HFC), des gaz réfrigérants dont la production est restreinte depuis 2019 par l'amendement de Kigali au traité. D'après les simulations du Pnue et de l'OMM, le rythme actuel de réduction de leurs émissions tend vers une augmentation de seulement 0,04 °C de la température mondiale d'ici à 2100, contre 0,3 à 0,5 °C avant l'amendement.
Le groupe d'évaluation scientifique du Protocole de Montréal s'est également inquiété, pour la première fois, des effets potentiels sur l'O3 atmosphérique de techniques de géo-ingénierie, comme l'injection d'aérosols dans la stratosphère (SAI). Cette stratégie, promue récemment par des sociétés américaines comme Scopex (soutenue notamment par le milliardaire Bill Gates) ou Make Sunset, mise sur la production de nuages de soufre artificiels par propagation de molécules sulfatées à très haute altitude, à l'aide d'avions ou de ballons. Selon une modélisation des experts du Pnue et de l'OMM, la présence dans l'atmosphère d'une quantité de soufre suffisante pour réduire la température de 0,5 °C en vingt ans entraînerait une réduction significative de la couche d'ozone, équivalent aux niveaux records des années 1990.