
Vers une meilleure prise en compte des sites et sols pollués
Les pouvoirs publics voient désormais les sites pollués comme des points stratégiques de développement, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). On passe ainsi d'une approche plutôt « défensive » de traitement des risques pour la population et l'environnement, à une logique davantage « offensive » en croisant la réflexion sur la pollution des sols avec l'aménagement du territoire.
Les friches urbaines sont alors perçues comme autant d'opportunités d'aménagement et d'urbanisation. Toujours selon l'ADEME, ces sites répondent à des enjeux urbanistiques, enjeux environnementaux, socioculturels, économiques et politiques.
Le Grenelle de l'environnement a d'ailleurs retenu la mise en place d'un plan d'action renforcé en matière de sites pollués. Dans le cadre du Plan de relance de l'économie présenté par le Président de la République, un effort exceptionnel de 20 M€ d'aide vient appuyer cette politique, rendant possible des projets d'aménagement urbain préalablement bloqués. Objectif : développer des projets d'urbanisme plus vertueux du point de vue de l'environnement tout en soutenant la reconversion des friches urbaines une fois dépolluées, selon le communiqué de presse publié le 20 mars dernier.
Dix huit sites sélectionnés pour une mise en œuvre rapide
Dans le cadre du programme de reconversion des friches urbaines polluées mis en oeuvre par l'ADEME, le ministère du Développement Durable, l'ADEME et le ministère de la Relance ont arrêté une première liste de 18 projets sur plus de 130 recensés, qui devraient rapidement être instruits au niveau local en vue d'un soutien financier pour plus de 10 millions d'euros.
Ce programme pourra financer jusqu'à 50 % des coûts de dépollution des sites. Le montant total des travaux directement soutenus s'élèvera à environ 50 M€. Selon le communiqué, ceci permettra l'engagement de travaux d'aménagement beaucoup plus importants (logement, services et commerces).
L'ADEME apporte un soutien technique et financier aux porteurs de projets, notamment les collectivités locales et les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) souhaitant développer des projets reconversion de friches urbaines polluées (industrielles, portuaires, militaires, ferroviaires, artisanales, délaissés divers). L'Agence s'assurera néanmoins que le projet porté par le bénéficiaire de l'aide comporte une dimension de développement durable (haute qualité environnementale, approche environnementale de l'urbanisme, éco-quartier,...).
Les dix-huit sites sélectionnés se situent en Alsace (Mulhouse), en Haute-Normandie (Le Havre), en Ile-de-France (Colombes, Drancy, Gargenville, Ile-Saint-Denis, Mantes la Jolie), en Lorraine (Metz), en Midi-Pyrénées (Decazeville, Graulhet, Millau), en Nord-Pas-de-Calais (Roubaix), en PACA (Marseille), en Pays de la Loire (Nantes, Trignac) et en Rhône-Alpes (Givors, Rive de Gier, Saint Etienne).
Ils devraient conduire à l'aménagement de pôles d'activité, de logements y compris sociaux, d'écoquartiers ou de bâtiments tertiaires. Alors que d'autres projets sont en cours d'instruction, ces dix-huit premier sites ont été sélectionnés selon plusieurs critères : ils peuvent être engagés et réalisés rapidement pour avoir un impact immédiat sur l'activité économique ; ils permettent de traiter une situation environnementale dégradée en relançant des aménagements nécessaires au développement de la ville durable.
Notons enfin que le ministère du Développement Durable et l'ADEME organisent, le 16 juin prochain à Paris, un colloque « Reconversion urbaine des friches polluées – pour des territoires durables ». Un guide de l'aménagement sur sites dépollués devrait y être distribué.