Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Recycler le béton dans le béton, c'est possible mais pas encore normé

L'utilisation de granulats de déconstruction dans la fabrication de béton a été validée techniquement par le projet Recybéton. Mais les normes et réglementations limitent pour l'instant son déploiement.

Déchets  |    |  F. Roussel

Quelle deuxième vie donner aux 20 millions de tonnes de déchets de béton produits chaque année en France ? C'est à cette question que tente de répondre le projet de recherche Recybéton. Lancé en janvier 2012 pour quatre ans, le projet national livre ses premières réponses aux industriels du secteur.

Oui, réutiliser du béton recyclé pour fabriquer à nouveau du béton c'est possible. La fabrication de béton nécessite du ciment, de l'eau, du sable et des gravillons. Ces deux derniers constituants peuvent provenir de déchets de béton et se substituer aux matériaux d'origine naturelle. Des tests en laboratoire et des chantiers expérimentaux l'ont prouvé. A Chaponost, près de Lyon (69), la construction d'un dallage d'une épaisseur de 18 cm destiné à un parking de 2.100 m2 pour véhicules légers a permis de tester plusieurs types de béton fabriqués avec des taux différents de granulats recyclés (de 0 à 100%). Hormis l'utilisation de béton recyclé, les pratiques habituelles du chantier n'ont pas été modifiées. Résultat : aucune pathologie n'a été constatée.

Néanmoins, le béton recyclé ne présente pas tout à fait les mêmes propriétés que le béton classique. "On assiste à un abaissement d'élasticité (module élastique moindre), et à un retrait plus important (accroissement des retraits, avant et après prise)", explique Sophie Decreuse, directrice produits et qualité nationale chez Cemex, partenaire du projet. "Mais la théorie ne prévoit pas pour autant une augmentation du risque de fissuration, et les observations relevées sur le chantier de Chaponost le confirment, même pour les granulats 100% recyclés", ajoute-t-elle.Sur un second chantier près de Nîmes (30), un béton contenant 20% de gravillons a servi à construire une passerelle ferroviaire. "L'ouvrage présente un comportement tout à fait comparable à des ouvrages similaires réalisés avec des bétons courants", assure Jacques Roudier, président de Recybéton.

Régler les questions de logistique

Sur un plan technique, les chantiers expérimentaux ont permis d'adapter les formules, de prouver la facilité d'entraîner de l'air dans les bétons, de démontrer que la fabrication, le transport et la mise en oeuvre n'ont pas engendré de problèmes particuliers. Ils ont également permis de soulever des questions de logistique : "Pour utiliser du recyclé, il faut pouvoir stocker les matériaux sur place car les volumes de granulats disponibles sont plus aléatoires puisqu'ils dépendent des chantiers de démolition", explique Jacques Roudier. Pour contrer cette difficulté, les partenaires du projet réfléchissent actuellement à l'idée de faire les mélanges matériaux recyclés/matériaux naturels directement dans les carrières. L'idée étant d'approvisionner de manière plus fluide les chantiers de construction tout en proposant différents taux d'incorporation de matériaux recyclés en fonction des types de béton demandés.

La question des normes est centrale

Si sur le plan technique et logistique, les avancées sont notables, reste à adapter les normes et la réglementation pour déployer l'utilisation de béton recyclé. "La réglementation actuelle pénalise le recyclage
. C'est le cas par exemple de la norme béton qui impose un seuil de plâtre maximum mais ce seuil est dépassé pour 50% de la production de granulats", explique Sophie Decreuse, la représentante de Cemex.

La norme béton (NF EN 206-1/CN) ne prévoit pas non plus l'incorporation de sables recyclés. Or, "le recyclage du béton par concassage et criblage produit 60% de sable et 40% de gravillons. On a donc trop de sable recyclé pour des débouchés limités", regrette Sophie Decreuse. Le projet Recybéton a donc planché sur une autre piste pour réutiliser ces sables : la fabrication de ciment. Le sable peut être introduit soit avant la cuisson de l'argile et du calcaire ou après leur cuisson, lors du broyage.
 Pour la première option, la norme ne l'interdit pas. Pour la seconde option, la norme ne prévoit pas la présence de sable recyclé. Les partenaires préparent par conséquent un recueil de propositions d'évolutions normatives et réglementaires visant à encourager et faciliter l'utilisation du béton recyclé. "Les enjeux sont importants", rappelle Jacques Roudier, le président de Recybéton. Aujourd'hui sur les 270 millions de tonnes de déchets du BTP, 60% sont recyclés mais couvrent que 20 à 30% des besoins du BTP
.

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question à la journaliste Florence Roussel

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires