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Recyclage du textile (1/4) : six ans pour une mise sur les rails

Les pouvoirs publics ont fixé le cap pour la gestion des déchets : la collecte et le recyclage des textiles usagés doivent progresser. Et, idéalement, cela devra être fait en France ou à proximité.

Déchets  |    |  P. Collet
Recyclage du textile (1/4) : six ans pour une mise sur les rails
Actu-Environnement le Mensuel N°436
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°436
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La gestion des déchets textiles doit sensiblement être améliorée. C'est en substance le message martelé par les pouvoirs publics depuis la rentrée 2022 et la présentation de la feuille de route 2023-2028 de la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) de textiles d'habillement, du linge de maison et de chaussures (TLC). Portée par Bérangère Couillard, la secrétaire d'État à l'Écologie, le nouveau cahier des charges mise sur une hausse des volumes collectés et sur le développement du recyclage, idéalement en France.

Collecter 200 000 tonnes supplémentaires

“ Les opérateurs de collecte et de tri alertent depuis une dizaine d'années sur la baisse de la valeur commerciale des gisements  ” Refashion
En 2021, rapporte l'Agence de la transition écologique (Ademe), 232 840 tonnes de textiles usagés ont été collectées, soit 33 % du gisement estimé à 704 834 tonnes. C'est trop peu, estiment les pouvoirs publics, qui avaient fixé à la filière un objectif de 50 %. Le nouveau cahier des charges prévoit donc plusieurs mesures pour redresser la barre. Et cette fois-ci la filière va vraiment devoir progresser : avec la loi Antigaspillage et économie circulaire (Agec), la non-atteinte des objectifs est censée être sanctionnée financièrement.

L'Europe aussi se met en ordre de marche

En février, 43 acteurs ont lancé Regions for Green Textiles (RegioGreenTex), un projet de trois ans destiné à recenser et réduire les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l'économie circulaire dans la filière textile européenne. Le programme est soutenu par la Commission européenne, par le biais du programme Interregional Innovation Investments (I3) du Fonds européen de développement régional (Feder).
Réunissant des industriels, la société civile, des gouvernements et des chercheurs issus de onze régions européennes, et piloté par la Confédération européenne du textile (Euratex), le projet doit contribuer à l'atteinte des objectifs du Green Deal, notamment en matière de réduction de l'empreinte carbone et de consommation d'énergie et d'eau. Il sera notamment mis en œuvre grâce à 24 PME qui proposent des solutions innovantes en matière de tri, de recyclage de la matière en fibre, d'élimination des contaminants, ou encore de transformation des fibres recyclées en nouveaux matériaux textiles.
RegioGreenTex s'appuiera aussi sur cinq REHubs régionaux dans certaines des plus importantes régions textiles européennes. En France, Techtera, le pôle de compétitivité de l'industrie textile française, dirigera un hub régional en Auvergne-Rhône-Alpes. Deux membres de Techtera seront aussi directement impliqués : Recyc'Elit, qui développe une technologie recyclage et de séparation chimique pour traiter les textiles multimatériaux à base de polyester, et Rovitex, qui élabore un textile technique laminé utilisant uniquement des matériaux recyclés et sans colle.
Le nouvel agrément stipule d'abord que le taux de collecte doit croître d'un peu plus de 25 points en six ans, pour atteindre 60 % du gisement en 2028. Pour cela, une trajectoire est fixée : la collecte devra progresser (par rapport à l'année de référence 2022) de 20 000 tonnes en 2023, 45 000 tonnes en 2024, 75 000 tonnes en 2025, 110 000 tonnes en 2026 et de 148 000 en 2027. En 2028, pour atteindre 60 % du gisement, la collecte devrait s'établir à environ 430 000 tonnes, de l'avis des professionnels du secteur.

Une collecte de moindre qualité

Cette trajectoire n'est pas sans poser des problèmes à l'aval. Une étude commandée par Refashion montre qu'en 2021 70 % des achats de vêtements et chaussures se sont concentrés sur les articles d'entrée de gamme (prix moyen de 8,20 euros). Cette évolution érode le taux de réemploi. « Les opérateurs de collecte et de tri alertent depuis une dizaine d'années sur la baisse de la valeur commerciale des gisements », rappelle Refashion, qui s'interroge sur la capacité de revente des produits collectés. Faute de pouvoir être revendus en France, 80 % des textiles triés sont exportés. Une tendance que veut freiner l'État : le cahier des charges prévoit donc qu'en 2024 8 % des TLC réemployés le soient à moins de 1 500 km du lieu de collecte. Cette proportion devra atteindre 15 % en 2027.

Si les textiles collectés peinent à être réemployés, il faudra donc les recycler. Et, là aussi, le cahier des charges fixe plusieurs exigences. Les quantités collectées, mais non réemployées ou réutilisées, devront être recyclées à 70 % en 2024. Trois ans plus tard, cette proportion devra atteindre 80 %. Cet objectif global fait aussi l'objet d'une déclinaison pour les textiles composés d'au moins 90 % de fibres en plastique : le recyclage devra atteindre 50 % de la collecte non réutilisée en 2025, puis 90 % en 2028.

La France et ses voisins plutôt que la zone Euromed

Et, idéalement, ce recyclage devra avoir lieu en France, ou, tout au moins, à proximité. Pour cela, les pouvoirs publics misent sur un soutien à l'incorporation dans les vêtements neufs de matières provenant du recyclage. Deux primes sont prévues : 1 000 euros par tonne de matière recyclée à partir de vieux vêtements (boucle fermée) et 500 euros par tonne de matière recyclée à partir d'autres déchets, hors plastique apte au contact alimentaire (boucle ouverte).

Ces deux primes seront attribuées aux vêtements et chaussures qui incorporent de la matière recyclée à moins de 1 500 km du lieu de collecte ou à moins de 1 000 km du centre de tri (selon le niveau de traçabilité des matières). Cette prime, qui s'appliquera au 1er juillet prochain, ne bénéficiera donc pas à la totalité de la matière recyclée produite dans la zone « Union européenne et pourtour méditerranéen » (Euromed) comme l'auraient souhaité de nombreux industriels du secteur.

En imposant d'améliorer le tri des textiles, la nouvelle feuille de route textiles offre une rampe de lancement à une industrie du recyclage, notamment chimique, aujourd'hui en devenir. Lors de la consultation qui a précédé l'adoption du critère de proximité, de nombreux acteurs de la filière ont plébiscité l'approche que propose l'État. Privilégier les industries du recyclage et du textile hexagonales est l'occasion de réduire les dommages environnementaux associés à l'importation de textiles, ont-ils plaidé.

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