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Recyclage des textiles, l'avenir de la filière en débat

Alors que le bilan de la filière de recyclage et de traitement des textiles d'habillement, chaussures et linges de maison usagés est plutôt positif. Les réflexions sur son avenir inquiètent certains opérateurs à l'instar du Relais.

Déchets  |    |  C. Saïsset
Recyclage des textiles, l'avenir de la filière en débat

Depuis la mise en œuvre de la contribution environnementale pour soutenir la filière de valorisation des textiles usagés des ménages voilà six ans, le temps est venu de tirer le bilan et d'envisager l'avenir. "Juge et partie" de cette filière en tant qu'opérateur de collecte, Le Relais a fait appel au cabinet de conseil en stratégie Boston Consulting Group (BCG) pour établir un bilan alors que se discute le ré-agrément de la société Eco TLC regroupant les 29 principaux metteurs sur le marché de textiles d'habillement, linges de maison et de chaussures (TLC) neufs.

Un bilan positif de la filière textiles

Présentée dans les locaux du Conseil Economique Social et Environnemental le 25 avril dernier, les conclusions de cette étude montrent que les objectifs fixés pour l'éco-organisme Eco TLC sur la période 2007-2013 sont atteints.

La collecte a augmenté de 8% par an, atteignant 146.000 tonnes de TLC collectées en 2011 ; dans la dynamique actuelle, l'objectif de valoriser 50% de la mise sur le marché à l'horizon 2020, soit environ 350.000 tonnes par an, est atteignable. Par ailleurs, 52.182 tonnes de textiles ont été triées, 14 nouveaux centres de tri conventionnés ont ouvert, et 315 emplois temps plein (ETP) ont été créés pour la seule activité du tri (sur un total de 975 emplois pour l'activité tri en 2011), ce qui porte à 52% le nombre d'emplois solidaires dans l'activité tri des TLC usagés. En outre, Eco TLC soutient la communication de plus de 670 collectivités locales engagées dans la collecte sélective de TLC usagés.

Quant au Relais, il affiche une forte progression dans la collecte et le tri, avec 83.000 tonnes collectées en 2011, soit 9% de plus chaque année, et 87% des matières triées valorisées. De 2007 à 2011, il a créé 310 postes, dont 41% en insertion, et enregistré 85% de sorties positives (retour à l'emploi hors insertion). En outre, il enregistre une amélioration régulière de la productivité du tri (plus 5% entre 2007 et 2012).

Les enjeux de l'avenir de la filière TLC

Dix projets de R&D soutenus par Eco-TLC

Alors que se pose la question du recyclage dans la filière, Eco-TLC annonce son soutien à quatre nouveaux projets de R&D visant à améliorer la réutilisation, le recyclage et la valorisation matière des déchets de TLC, retenus dans le cadre de son appel à projets 2012. Il s'agit du développement d'une gamme de produits composite à haute teneur en textile par la Communauté de Communes du Pays de Colombey et du Sud Toulois (Meurthe et Moselle) ; du développement d'un écran acoustique en béton léger à partir de chiquettes textile par l'entreprise familiale de recyclage des textiles usagés collectés par des associations caritatives Framimex (Oise), une des entreprises de collecte présente au démarrage de la filière française aujourd'hui parmi les principales sociétés de collectes françaises ; et de l'élaboration d'une méthode de décoloration à faible impact environnemental des matières polyester en fin de vie pour en faciliter la réutilisation en tant que matière première secondaire par la compagnie Néerlandaise Feyecon Separex. Ce résultat porte à dix le nombre de projets de R&D soutenus par Eco-TLC depuis l'obtention de son agrément, pour un montant total de 980.000€.
La mise en place de l'éco-contribution sur les TLC des ménages a donné un coup d'accélérateur au Relais, ce qui se traduit par une hausse de 172% de son chiffre d'affaires (95 M€ en 2011, dont 80% sur la partie textiles), de 59,3% du volume de TLC collectés, de 69,6 % de TLC triés, de 67,9% de ses effectifs salariés, et une nette hausse de ses investissements passés de 1,2 à 13,8 M€ de 2007 à 2011, soit 33 M€ cumulés. Au cœur des investissements, une usine de fabrication d'un matériau isolant acoustique à base de coton recyclé, le Métisse®. Le Relais compte bien poursuivre la tendance dans les années à venir, d'autant plus qu'il s'est engagé en 2010 dans un plan de développement qui vise à l'horizon 2015 le doublement de sa capacité de tri, ce qui implique la mobilisation d'environ 105 M€.

Mais les discussions en cours concernant l'avenir de la filière font craindre une baisse du soutien permis par cette éco-contribution, liée au fait que les metteurs d'articles neufs sur le marché se plaignent d'une faible marge nette sur les articles vendus. Certes, ces dernières années l'éco-contribution a augmenté, tout en restant à moins d'un demi centime d'euro. "Soit rien du tout sur le prix d'achat d'un article vendu neuf, à comparer aux 20 à 50 € de l'éco-contribution à l'achat d'un frigidaire, rappelle Pierre Duponchel, président-fondateur du Relais. Cet impôt indolore ne justifie pas de figurer sur le ticket de caisse mais constitue un levier formidable de développement de la filière textile !", défend-t-il. Cette éco-contribution permet à Eco-TLC de disposer de 10 à 12 M€/an qu'il répartit entre les opérateurs de tri (69 €/t triée, attribution restée stable), les collectivités qui s'engagent à sensibiliser les habitants à ne pas mettre leurs TLC usagés dans la poubelle (10 c€/habitant/an), la R&D (voir encadré) et les frais de fonctionnement propres à l'éco-organisme.

"Ce n'est rien comparé aux 250 M€/an de la filière des DEEE !, s'exclame Pierre Duponchel. Si nous n'étions pas là, les metteurs sur le marché devraient prendre en charge l'élimination de ces produits usagés, ce qui leur coûterait 5 à 6 fois plus cher, rappelle-t-il. La filière textile ne coûte pas cher du tout et crée des milliers d'emplois."

Au cœur des discussions également, l'organisation territoriale de la filière et plus précisément la centralisation du tri. "Faire en France trois grands centres de tri de 60.000 t/an, contre les 3.000 à 4.000 t/an de nos ateliers de tri où travaillent 50 à 70 salariés, ça va générer des coûts de transport qu'il sera logique de répercuter sur le coût global, précise Pierre Duponchel. Quant à la machine automatique de tri par matière et couleur, elle n'exclue pas le besoin d'individus capables de repérer les vêtements à la mode, ceux tâchés à customiser avant de les revendre, etc. ».

Alors qu'en France fleurissent des boutiques solidaires de revente de TLC usagés, 70 à 75% des matières collectées dans l'hexagone partent à l'exportation, qu'elles soient triées ou pas, précise le rapport d'activités 2011 d'Eco TLC. Le moment semble donc venu de consolider l'esprit de la filière textile française !

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