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Recyclage du textile (4/4) : les éléments perturbateurs, un défi à relever

Seulement un cinquième des textiles est facilement recyclable et dépourvu de points durs. Les opérateurs testent donc des technologies pour supprimer les perturbateurs. Si les travaux aboutissent, le gisement recyclable pourrait sensiblement s'accroître.

Déchets  |    |  P. Collet
Recyclage du textile (4/4) : les éléments perturbateurs, un défi à relever
Actu-Environnement le Mensuel N°436
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°436
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Les textiles facilement recyclables ne représentent que 22 % des déchets textiles non réutilisables. Pour aller au-delà du recyclage de ces articles monocouches et dépourvus de perturbateurs, les recycleurs s'intéressent aux articles monocouches avec perturbateurs, qui représentent 69 % des articles destinés au recyclage.

Pour les valoriser, ils cherchent à mettre au point des techniques capables de s'affranchir des points durs et autres perturbateurs au recyclage. La suppression des fonds de poches, des fermetures éclair, des boutons, boucles et rivets, des perles, broderies et flocages, des fils métalliques ou élastiques ou encore des cols de chemise, étiquettes et empiècements porte un nom : le délissage. Le sujet est méconnu, mais plusieurs technologies sont envisagées.

Un travail manuel

L'étude menée par le cabinet Terra pour le compte de Refashion passe en revue les procédés qui permettraient d'aller au-delà du recyclage des produits les plus favorables (fabrication de chiffons à partir de draps ou de t-shirts ou effilochage des pulls, en particulier). Le premier est le délissage manuel, une méthode utilisée de longue date pour la production de chiffons. Elle consiste à découper manuellement un vêtement en morceaux afin de ne conserver que les morceaux uniformes, le plus souvent de grande taille, et sans perturbateur. Ciseaux, scies circulaires ou emporte-pièces permettent un bon délissage et sont adaptés aux différents textiles. Mais la technique est très coûteuse, du fait du besoin en main-d'œuvre. Aujourd'hui, l'essentiel des sites sont donc délocalisés dans des pays où elle est à bas coût et il paraît difficile d'envisager son déploiement à grande échelle en France.

69 %

des articles destinés au recyclage sont des articles
monocouches avec perturbateurs
Les professionnels envisagent plutôt des techniques mécaniques. La première est déjà en service sur certaines lignes d'effilochage (Andritz Laroche et Dell'Orco & Villani proposent déjà des équipements). Elle consiste à découper les textiles en morceaux uniformes (appelés chiquettes), en les passant successivement dans deux coupeuses placées perpendiculairement, puis à supprimer les points durs lors de l'effilochage. Les performances de ces équipements progressent, mais ne pourront pas répondre à tous les besoins.

Plusieurs procédés automatisés à l'étude

Une autre approche reprend ce principe, mais propose un tri en amont de l'effilochage. Les chiquettes sont alors séparées pour ne conserver que celles sans perturbateur. Concrètement, plusieurs procédés de séparation sont envisagés : les morceaux avec point dur peuvent être identifiés par des caméras et séparés mécaniquement (Valvan est sur le point de commercialiser une ligne utilisant ce principe) ; le flux de chiquettes peut être trié physiquement dans un flux d'air qui sépare les plus lourds, avec points durs, des plus légers ; ou encore des aimants et des séparateurs à courants de Foucault peuvent être employés pour séparer les métaux.

Pour l'instant, ces procédés sont encore en développement, et sont donc difficiles à évaluer. Mais, « il apparaît (…) déjà que la taille des chiquettes joue un rôle important », explique l'étude, précisant que « des chiquettes plus petites permettraient de meilleures performances, c'est-à-dire moins de perte de matière, mais engendreraient une longueur de fibre plus courte ». Une autre alternative n'est qu'au stade de la R & D : la découpe sur mesure. Il s'agit d'identifier les points durs par caméra, puis de ne découper que les zones concernées (comme avec le délissage manuel). Mais la mise au point des algorithmes d'identification des éléments à supprimer et de définition des zones de découpe s'avère complexe compte tenu de la variété des vêtements. Tout comme la découpe en elle-même qui nécessite le bon positionnement de la pièce. Quoi qu'il en soit, si la recherche aboutit, la technique sera onéreuse, explique l'étude. Elle permettra surtout de maximiser la surface valorisable et la longueur des fibres. Un critère qui pourrait séduire le recyclage des fibres à haute valeur ajoutée. L'utilisation de fils spéciaux lors de la confection des textiles est une dernière piste étudiée. Ces fils seraient facilement dégradés en fin de vie, ce qui permettrait de désassembler simplement les vêtements. Un fil en polymère à point de fusion bas, par exemple, fondrait dans un four sans que les autres matières ne soient dégradées.

Si le procédé fonctionne, il soulève toutefois des questions. L'un des plus critiques étant l'identification des textiles conçus avec ces fils et leur tri. L'usage de cette technique pourrait donc être limitée à des boucles courtes, comme la gestion des invendus ou de vêtements professionnels.

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