Le BTP et les enrobés bitumineux pour la valorisation matière, les chaufferies urbaines pour la valorisation énergétique. Telles sont les voies qu'étudie Aliapur pour diversifier les débouchés pour les pneus usagés.
Près de 275.000 tonnes de pneus usagés ont été valorisées par la société Aliapur en 2014. La valorisation énergétique, essentiellement dans les cimenteries, constitue la part la plus importante (53,82%), loin devant le recyclage matière (29,61%) et la réutilisation -rechapage et occasion- (16,57%). Mais, pour les 314.505 tonnes collectées en 2014 et les 315.000 tonnes qui devraient être récoltées en 2015, l'organisme cherche de nouveaux débouchés.
"Si la filière atteint aujourd'hui son seuil d'équilibre, il reste encore un chantier essentiel : sortir le pneu de son statut de déchet. Ce statut est un frein au développement de plusieurs voies de valorisation", analyse Serge Bonnel, PDG d'Aliapur. La filière espère beaucoup de la validation "d'un produit standardisé à forte valeur ajoutée". En attendant, un travail de normalisation a été entrepris pour fournir aux utilisateurs fiabilité et homogénéité sur les produits issus du pneu usagé non réutilisable.
La société devra également se conformer aux nouvelles dispositions qui seront inscrites dans le nouveau décret relatif aux déchets des pneus usagés, attendu pour septembre prochain, et les arrêtés en découlant. Actuellement transmis au Conseil d'Etat, ce texte réglementaire révise le décret fondateur de 2002. Il devrait notamment transposer la hiérarchie européenne de valorisation des déchets et plafonner la valorisation énergétique à 50% d'ici 2020. Ce qui contraindra Aliapur à rééquilibrer les voies de valorisation...
Valorisation énergétique : chaufferies urbaines et concurrence des CSR
"En 2014, tous les contrats avec les cimentiers ont été renouvelés. Et désormais, ils achètent la tonne livrée entre 5 et 10 euros", indique Eric Fabiew, DG d'Aliapur de 2002 à 2014. Huit cimenteries en France, deux en Suisse et trois au Maroc s'approvisionnent auprès d'Aliapur. Mais la société craint la concurrence à venir des combustibles solides de récupération (CSR). "Les volumes sont très importants et ces matériaux affichent un haut pouvoir calorifique. Pour l'heure, ils sont freinés par leurs émissions de chlore. Mais si demain une solution est trouvée à cette problématique, les CSR constitueront une menace pour notre marché". D'autant qu'aujourd'hui, les cimentiers reçoivent une contribution de 25€ pour brûler des CSR…
Pour lutter, Aliapur envisage de fournir un produit mieux calibré à chaque cimenterie, plutôt qu'un format générique, mais aussi de s'établir sur de nouveaux marchés, et notamment la chaufferie urbaine. Une seule chaufferie, installée en Suède, se fournit aujourd'hui auprès d'Aliapur. "Nous devons étudier, en 2015, pourquoi ce marché n'est pas plus développé", analyse Hervé Domas, DG d'Aliapur.
Valorisation matière : BTP et bitumes enrobés
Avec les élections municipales et la baisse tendancielle des budgets des collectivités territoriales, l'un des principaux débouchés matière du pneu usagé, les revêtements pour terrains de sport et aires de jeu, a vu sa demande diminuer. Ces usages représentaient néanmoins 52% de la valorisation matière en 2014, les objets moulés 44%.
"Le granulat a encore du mal à être identifié comme matière première secondaire, estime Eric Fabiew. Avec la baisse de la demande dans les équipements sportifs se pose la question du devenir de cette matière". Aliapur a lancé, avec l'Ademe, une étude sur le sujet.
Différents travaux sont menés également avec les industriels. Michelin étudie ainsi la pertinence économique et technique de la micronisation de la gomme de pneus usagés, en substitution du caoutchouc, dans la fabrication de pneus neufs. La poudrette micronisée obtenue est utilisée aujourd'hui dans la fabrication d'objets moulés, de granulats ou de bitumes. Mais, selon Eric Fabiew, ce matériau ne devrait être utilisé que dans les pneus ne nécessitant pas des objectifs de performance : génie civil, agriculture. Ce débouché ne devrait donc pas être suffisant "pour utiliser tout le gisement".
En 2015, "nous devons poursuivre et mieux comprendre deux voies, estime Hervé Domas. Les granulats sont très utilisés dans le monde pour les enrobés bitumineux, mais très peu en France. Pourtant, en réduisant les vibrations, ils diminuent le bruit de la circulation. La deuxième piste est l'utilisation du granulat dans le BTP et notamment dans les cloisons, pour ses propriétés acoustiques".
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Décret du 24/12/2002 (DEVP0200010D) Décret no 2002-1563 du 24 décembre 2002 relatif à l'élimination des pneumatiques usagés.
Le décret n° 2002-1563 du 24 décembre 2002 (texte complet en annexe 10.5) est relatif à l'élimination des pneumatiques usagés :
Interdit d'abandonner, de déposer dans le milieu naturel ou de brûler à l'air libre les pneumatiques.
Impose aux fabricants et importateurs de pneus d'en assurer la collecte et l'élimination.
Les distributeurs sont tenus de reprendre gratuitement les pneumatiques usagés dans la limite des tonnages et des types de pneumatiques vendus l'année précédente.
Les producteurs peuvent créer des organismes appropriés pour remplir les obligations qui leur incombent en matière d'élimination des pneumatiques usagers.
Fixe les possibilités de valorisation les pneumatiques par le biais du réemploi, du rechapage, de l'utilisation pour les travaux publics, par des travaux de remblaiement.
La collecte des pneumatiques usagés est subordonnée à la délivrance d'un agrément accordé pour une durée maximale de 5 ans par le préfet du département. Un cahier des charges est annexé à l'agrément.
Ce décret est applicable à compter du 29 décembre 2003 pour les pneus d'un diamètre inférieur ou égal à 1,40 m et ayant équipé un engin de 4 roues minimum. Jusqu'à cette date, le dernier détenteur de pneus usagés restera responsable de leur élimination. Réglementairement, le brûlage à l'air libre des pneumatiques est strictement interdit. La législation interdit la mise en décharge des pneumatiques depuis le 1er juillet 2002, car ils ne sont pas considérés comme des déchets ultimes (code de l'Environnement et arrêté ministériel du 9 septembre 1997 réglementant les CSDU de classe 2). L'entreposage de pneumatiques usagés est soumis à la réglementation relative aux Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE). Il relève, à titre indicatif, de la rubrique 98 bis de la nomenclature des ICPE. En savoir plus
Note Consulter notre dossier consacré aux CSR Plus d'infosArticle publié le 21 avril 2015