La France doit pourtant encore faire de gros progrès par rapport à ses voisins européens. En 2007, l'Allemagne par exemple présentait un taux de récupération de 72,9%. En 2000, ce pays avait déjà atteint un taux élevé : 69,8%. Ainsi, même si la France a vite progressé et semble être sur la bonne voie, elle n'a pas encore rejoint l'Allemagne.
Une fin d'année difficile
La crise économique risque toutefois de ralentir cette dynamique. Le ralentissement économique européen et mondial a fortement affecté le marché des matières recyclées parmi lesquelles celui des fibres recyclées. Même si leur taux d'utilisation n'a pas diminué en 2008 dans les papeteries (60,3%), les besoins ont été fortement réduits en fin d'année du fait d'une production moins élevée en papiers-cartons (entre -10 et -15%).
La réduction des capacités de recyclage dûe à la fermeture de certains sites suite à la défaillance de Matussière et Forest, un grand groupe papetier français, a accentué la situation. Résultats, les stocks de fibres recyclées ont grossi et les prix ont fortement baissé. Ainsi, le prix de la tonne des journaux-magazine par exemple variait entre 57 et 60€/la tonne en février 2009 contre 100€/t en février 2008.
Mais les professionnels se veulent confiants : aujourd'hui la situation se stabilise, on assiste à un rééquilibrage et il n'y a plus de problème d'écoulement, explique Philippe d'Adhémar, Président de Revipap. Noël Mangin rappelle de son côté qu'il faut réfléchir en terme d'économie circulaire : les besoins en matières recyclées dépendent de la consommation mais une baisse de la consommation va se traduire par une baisse des quantités de papier-cartons à collecter et recycler. Seul problème, ce rééquilibrage prend souvent 4 à 5 mois pendant lesquels la situation des recycleurs est souvent critique.
Pour les professionnels, ces difficultés vont devoir être évitées à l'avenir pour pérenniser la filière de recyclage des papiers-cartons. Il faut lisser ces décalages et éviter les effets de stocks, explique Philippe d'Adhémar. Pour cela, les professionnels misent sur la mise en place de chaîne de recyclage plus longue et la signature de contrat de longue durée afin de sécuriser l'écoulement des flux. Le maintien voire le renforcement du maillage de l'industrie papetière française est également un vœu évoqué par Revipap. La part relative de l'industrie française en Europe s'est réduite alors que celle de l'Allemagne, bénéficiaire d'aides d'Etat s'accroît significativement, regrettent les professionnels.
À la recherche de nouveaux gisements
Ce renforcement des filières de recyclage va être d'autant plus nécessaire que les taux de collecte et de recyclage vont devoir encore augmenter dans les années à venir. L'industrie papetière française et européenne a pris l'engagement via la European Declaration on Paper Recycling de porter le taux de recyclage des papiers à 66% en 2010.
En France, la loi de programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement fixe également de nouveaux objectifs et notamment celui d'augmenter le recyclage matière et organique afin d'orienter vers ces filières un taux de 35 % en 2012 et 45 % en 2015 de déchets ménagers et assimilés contre 24 % en 2004, ce taux étant porté à 75 % dès 2012 pour les déchets d'emballages ménagers.
Revipap mise sur les papiers de bureaux pour augmenter les quantités de papiers recyclés. Le gisement de ce secteur est estimé à 1 million de tonnes incluant la papeterie de bureaux, les journaux/magazine et les catalogues divers. Les papiers issus de la papeterie sont les plus intéressants car de bonne qualité. Ils représentent 65 à 85% du gisement.
En partenariat avec l'ADEME et Ecofolio, éco-organisme en charge des imprimés non sollicités, Revipap étudie la possibilité de mettre en place une collecte sélective dédiée à ces déchets à travers l'installation de bac de collecte individuelle à chaque poste de travail et la généralisation de consignes de tri. Les résultats de cette étude sont attendus pour fin 2009.