
© ENITAB
Observée en Midi Pyrénées, en Aquitaine et en Charentes dans les années 1990, cette maladie a atteint le vignoble girondin en 1994. En 2006, deux foyers de flavescence dorée ont été découverts sur deux communes proches de Saint-Emilion : Lussac et Montagne. Conformément à l'arrêté préfectoral en vigueur en Gironde, les 20 communes limitrophes de ces foyers sont donc entrées dans le périmètre de lutte obligatoire (PLO) dès 2007.
Selon le scénario réglementaire, la lutte contre la maladie doit se faire par application d'insecticides pour supprimer le vecteur sur la totalité du périmètre. Cette décision engendre donc une augmentation importante de l'utilisation de produits chimiques. Motivés par la volonté de préserver leur vignoble de la maladie tout en limitant l'emploi de pesticides, les viticulteurs ont réagi.
1.400 viticulteurs issus de huit appellations prestigieuses comme Saint-Emilion, Pomerol, Lalande, Côtes de Francs, Côtes de Castillon et Bordeaux, représentant 13.000 ha de vigne, se sont regroupés au sein du Groupement de Défense contre les Organismes Nuisible du Libournais (GDON). Ce GDON a pour objectif de contrôler la maladie avec un nombre limité de traitements et de développer une stratégie de long terme pour assurer une gestion durable du problème. Dès 2007, cette association a donc piloté un protocole innovant de lutte contre la flavescence dorée, en partenariat avec l'ensemble des organismes techniques viticoles de Gironde.
Pour réduire l'utilisation de produits phytosanitaires, le GDON a réalisé un zonage du périmètre à traiter sous forme de cercles concentriques. Chaque zone s'est ensuite vue attribuer un protocole de traitement selon le principe que plus une parcelle est éloignée du foyer, moins elle est soumise au risque de contamination. Il est donc possible de supprimer un ou plusieurs traitements larvicides dans certaines zones. La fréquence et l'intensité des traitements dépendent du nombre d'insectes présents sur la parcelle.
Plus de 300 pièges ont été installés sur tout le territoire avec une densification près des foyers. Ils attirent les insectes qui se retrouvent collés sur une plaque engluée. Les viticulteurs peuvent alors compter les nuisibles et se faire une première idée de la pression existante. Toutes les données sont ensuite complétées, regroupées et diffusées sous formes de cartes de pression, chaque semaine, gratuitement à tous les professionnels de la zone. Chaque viticulteur est ainsi informé de la pression existante autour de son exploitation et adapte ses pratiques en conséquence. La décision de traitement est gérée individuellement pour chaque zone concentrique.
Résultats, en 2007, ces pratiques ont permis de réduire de 63 % le nombre de traitements obligatoires contre la cicadelle de la flavescence dorée, soit environ 15.000 applications d'insecticides supprimées. Le GDON envisage d'améliorer le dispositif de piégeage, afin d'observer l'ensemble des ravageurs viticoles pouvant faire l'objet de traitements. Nous souhaitons ainsi proposer des bulletins d'observation plus complets. L'objectif final est bien sûr de limiter un peu plus chaque année l'utilisation de produits phytosanitaires sur la zone, explique le GDON.
Même si la pertinence de cette nouvelle méthode de lutte ne peut être estimée en une seule année, elle laisse entrevoir de réelles économies d'intrants qui répondent aux objectifs envisagés dans le plan Ecophyto 2018, à savoir une réduction de 50% de l'usage des pesticides en 10 ans.