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Les Nantais ne plébiscitent pas l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes

A l'issue de la consultation du 26 juin en Loire-Atlantique, les communes riveraines de l'actuel aéroport ne sont pas nettement favorables à son transfert, tandis que le nord du département a voté pour, en escomptant la création d'emplois.

Aménagement  |    |  A. Sinaï

Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures, dimanche 26 juin, en Loire-Atlantique pour la consultation locale sur le transfert de l'aéroport nantais vers Notre-Dame-des-Landes, un scrutin inédit en France déclenché par l'exécutif pour sortir du blocage sur ce dossier vieux de 50 ans. Avec un taux de participation de 51%, le vote a mobilisé à peine plus de la moitié des quelque 967.000 inscrits sur les listes électorales du département, surtout dans les communes les plus concernées par le projet. Au final, le "oui" l'a emporté à 55.17%, soit 268.981 électeurs, et 44.83% pour le "non", soit 218.537 électeurs, en réponse à la question suivante : "Etes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ?".

Dans les communes concernées par le projet d'aéroport, le "non" l'a nettement emporté et la participation a été élevée : 73,57% pour le "non", 26,43% pour le "oui" à Notre-Dame-des-Landes, 69% pour le "non" à Vigneux, 57% à Treillières. Le résultat de la consultation est sans ambiguïté : les habitants de la commune de Notre-Dame-des-Landes ne veulent pas du transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique chez eux.

Comment expliquer que le "oui" ait pu l'emporter ? Les deux grands partis – les Républicains et le Parti socialiste – ont mené campagne localement, par le biais de la presse et des supports de communication institutionnelle, afin de convaincre la population des bienfaits du futur aéroport. La Maire (PS) de Nantes elle-même a pris position en faveur du projet. "Toutes les collectivités ont communiqué de manière très agressive dans les bulletins municipaux. Ce n'est pas qu'une majorité de la population trouve le projet magnifique, cela tient plutôt à un climat, une partie des habitants de l'agglomération nantaise se sentent menacés par les survols aériens, et ils votent contre les casseurs, amalgamés aux zadistes", estime Jean-Philippe Magnen, au nom de l'Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport).

Les nuisances sonores ne sont pas en cause

Un clivage se dessine entre les habitants du nord du département, autour de Chateaubriant, qui espèrent la création d'emplois, dans des zones rurales en déshérence, et ceux du sud de l'agglomération nantaise, qui ne veulent pas du transfert de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, analyse Ronan Dantec. Pour le sénateur (EELV) nantais, le score est clair : "Le total des voix dans les quatre communes concernées par le déménagement de Nantes-Atlantique – Bouguenais, Rezé, Saint-Aignan et Nantes – montre que le non l'emporte dans les territoires du transfert".

De fait, c'est une surprise de ce scrutin que de constater que les riverains de l'actuel aéroport souhaitent majoritairement son maintien. A Bouguenais, commune où est sis l'actuel aéroport, le "oui" l'a à peine emporté, par 50,6% des voix pour, contre 49,3% des voix contre. A Rezé, le "non" l'a emporté à 53%. A Nantes, le "oui" l'a emporté de justesse, avec seulement 100 voix de différence entre le "oui" (50,06%) et le "non" (49,94%).

C'est le paradoxe de ce scrutin : les nuisances sonores, argument mis en avant pour justifier le périmètre départemental de cette consultation, n'ont manifestement pas constitué la cause fondamentale du "oui". Les enjeux financiers, portés par les élus aux manettes, l'ont emporté dans le vote des habitants, lassés d'un débat qui dure depuis une cinquantaine d'années et sensibilisés par les arguments des édiles locaux.

Les risques de bétonner le bassin versant

Malgré cette ambiguïté, Philippe Grosvalet, président (PS) du département de Loire-Atlantique (dans un communiqué) a déclaré au journal Ouest-France l'issue du scrutin : "Les électeurs se sont exprimés clairement : déjà légitime, le projet d'aéroport est plus que jamais soutenu par le peuple. La démocratie a parlé, le vote des habitants de la Loire-Atlantique doit être reconnu et respecté ! Le résultat de ce scrutin oblige le gouvernement : je demande instamment au Premier ministre d'engager les travaux dès l'automne."

Et ce malgré les risques de voir bétonner la tête du bassin versant nantaise qu'est la zone humide exceptionnellement bien conservée de Notre-Dame-des-Landes, s'inquiète la présidente du Syndicat Edenn (1) du bassin versant de l'Erdre, Catherine Bassani-Pilot. Celle-ci se dit "surprise" par le score à 50-50 à Nantes ville, où "les quartiers populaires ont voté majoritairement pour le «non»". "Notre-Dame-des-Landes est la tête du bassin versant de l'Erdre. On a des terres qui n'absorbent plus l'eau et on s'étonne du ruissellement et des inondations rapides. Toute cette eau converge à Nantes par le canal Saint Félix. Le bocage du nord-ouest de Nantes est donc crucial pour réguler le débit", s'indigne-t-elle.

Pour le groupe Ecologiste et citoyen du Conseil régional des Pays de la Loire : "Loin d'ouvrir une porte de sortie, cette consultation va nourrir une surenchère chez les inconditionnels du projet d'aéroport, les opposants quant à eux ne peuvent que se sentir floués par cette séquence où le «oui» gagne suite à une procédure inéquitable. Le risque est aujourd'hui un enlisement encore plus grave du dossier. Le Président doit tenir son engagement de respecter les procédures juridiques en cours et travailler sur les options ouvertes par le rapport Royal. Plus que jamais, nous appelons à l'apaisement".

Evacuation militaire

Le Président de la République, devant ce résultat mitigé, pourrait choisir l'option du moratoire, en attendant que les recours déposés devant la Cour européenne de justice et autres contentieux en cours soient épuisés. En outre, la perspective de devoir mobiliser quelque 20.000 gendarmes pour déloger les "zadistes" risque d'être impopulaire à quelques mois des prochaines élections présidentielles.

Le Premier ministre Manuel Valls a, de son côté, salué la victoire du "oui" et "le taux exceptionnel de participation de 51%, validant l'intérêt de cette consultation".

"Je crois que les discussions entre le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur ont commencé pour savoir comment ils allaient procéder", a déclaré Ségolène Royal sur RTL. L'évacuation "a été promise par le Premier ministre, ceux qui ont voté oui l'attendent", a-t-elle ajouté, estimant que cette décision relevait "de la compétence" de Manuel Valls.

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Réactions1 réaction à cet article

Après avoir passé quelques jours à Rezé, survolé en rase motte toute les dix minutes, je suis extrèmement surpris du faible impact des nuisances sur le vote local.
L'emploi doit avoir plus d'impact que l'environnement quotidien.

VD69 | 04 juillet 2016 à 10h40 Signaler un contenu inapproprié

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