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La refonte de la politique énergétique européenne, ambitieux chantier dépourvu de moyens

L'Union européenne est confrontée au défi d'unifier ses infrastructures et de verdir sa production énergétique, mais elle peine à mobiliser les investissements nécessaires, sur fond de panne du marché carbone et de bas coût du charbon.

Décryptage  |  Energie  |    |  A. Sinaï

Sécurité énergétique, compétitivité et environnement sont les trois fondamentaux de la politique énergétique européenne. Infrastructures, marché intérieur compétitif en faveur des énergies vertes, modération de la demande, décarbonisation, recherche et innovation complètent les points cardinaux de cette politique, au titre du nouveau paquet énergie-climat, adopté en octobre, qui prévoit d'augmenter d'au moins 27% les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique d'ici à 2030 et de réduire d'ici là de 40% les émissions européennes par rapport à leur niveau de 1990. La Commission aspire à une approche plus "holistique", selon Anne Houtman, conseillère principale du directeur de l'énergie à la Commission européenne.

Faire converger indépendance énergétique et objectifs climatiques, c'est le bréviaire de la Commission. Dans les faits, le chemin risque d'être long. Les énergies renouvelables hors hydro-électricité, certes à la hausse, représentent moins de 15% dans le mix énergétique européen au prix de subventions élevées, tandis que la consommation de charbon reste stimulée par le bas prix de cette matière première, moins coûteuse que le gaz dans le contexte actuel. Et dans un contexte de tension sur les marchés gaziers liée au conflit russo-ukrainien, la prolongation des centrales thermiques anciennes des pays de l'Est pourrait être reconsidérée, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), à l'heure où près de la moitié des centrales électriques européennes – thermiques et nucléaires – devraient atteindre leur limite d'âge dans les prochaines décennies.

L'abondance conjoncturelle de photovoltaïque et la décrue du prix du charbon ont contribué à la baisse du prix de gros de l'électricité sur le marché européen. En même temps, l'usager final paie un surcoût pour les renouvelables. Tous ces éléments illustrent un manque d'intégration des politiques climatiques et énergétiques européennes, constate l'Agence internationale de l'énergie, et une articulation déficiente entre les mesures domestiques et leur conjugaison européenne.

La crise dope la décrue des gaz à effet de serre

Le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (1) sur les politiques énergétiques européennes, présenté le 1er décembre à Bruxelles, confirme que l'UE est en voie de réaliser ses objectifs climatiques des trois fois vingt : en 2012, ses émissions avaient décru de 19,2% par rapport à leur niveau de 1990, en raison de la baisse de la demande durant la crise économique, de l'évolution des carburants, des énergies renouvelables et de la progression de l'efficacité énergétique. La part des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie finale en Europe est passée de 8,7% en 2005 à 14,1% en 2012, grâce aux incitations et aux cadres réglementaires. Cette hausse dans le mix devrait se poursuivre, mais pourrait connaître un décrochage d'ici à 2020 si le marché n'est pas suffisamment stimulé, avertit l'Agence. Quant aux économies d'énergie, la Commission européenne estime que l'UE pourrait réaliser 18% à 19% d'économies d'ici à 2020 grâce aux directives sur les performances énergétiques du bâtiment, sur l'éco-labelling et sur l'efficacité énergétique.

Pour autant, il ressort de ce bilan que ce n'est pas le marché européen d'émissions qui a stimulé la décarbonisation de l'électricité de l'UE, mais les subventions des pays-membres aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique. La valeur totale, selon l'AIE, de ces subventions atteignait 52 milliards d'euros en 2013, soit environ la moitié des subventions mondiales aux énergies renouvelables. A l'heure où les investissements en Europe sont "en-deçà des normes historiques" selon la Commission européenne, le plan de financement lancé le 26 novembre par son président, Jean-Claude Juncker, entend, parmi d'autres secteurs, soutenir la construction d'infrastructures de réseaux d'énergie, stimuler les renouvelables et l'efficacité énergétique, mais n'est pratiquement pas doté de fonds propres : pour stimuler ces politiques, les investisseurs seront appuyés par le Fonds européen pour les investissements stratégiques qui n'est capitalisé qu'à hauteur de 21 milliards d'euros pour mobiliser au moins 315 milliards d'investissements supplémentaires au cours de la période 2015-2017.

La sécurité énergétique, une priorité

"La crise Russo-Ukrainienne nous rappelle qu'assurer la sécurité énergétique de l'Europe est une priorité absolue. Si la situation est meilleure qu'en 2009, nous avons toujours des points de vulnérabilité qu'il nous faut résoudre. Pour cela nous devons construire une Union énergétique européenne forte. Nous avons réussi à sceller un accord entre la Russie et l'Ukraine pour cet hiver pour assurer l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine et le paiement de la dette, et actuellement 90% du stockage gazier européen est rempli, mais nous devons travailler pour les années à venir sur la sécurité de nos approvisionnements et ne plus être autant dépendant de la Russie qui est le principal fournisseur gazier de l'Europe", a déclaré Dominique Ristori, directeur général de l'énergie à la Commission européenne, à l'occasion d'un séminaire de l'association Equilibre des Energies, à Paris le 27 novembre.

La question cruciale des infrastructures est au cœur de tous les débats. L'UE est le plus gros importateur mondial d'énergie, elle importe 53% de l'énergie qu'elle consomme pour une facture annuelle de 400 milliards d'euros. Cette dépendance va se poursuivre à mesure que les sources d'énergie vont décliner en Europe, les importations de gaz vont augmenter entre 2020 et 2030, tandis que les importations de pétrole resteront stables, même en cas de scénario de décarbonisation, prévoit l'AIE. Malgré des stocks élevés pour la saison 2014-2015, l'Europe n'est pas résiliente sur le plan énergétique, en raison du manque d'interconnections entre pays membres pour la fourniture du gaz naturel et de la dépendance vis-à-vis de la Russie pour cette fourniture. L'Estonie et la Finlande dépendent à 100% du gaz russe, la République Tchèque à 79%, la Pologne à 34%. La nouvelle présidence du Conseil européen, en la personne du Polonais Donald Tusk, pourrait doper l'union énergétique européenne, tout en fragilisant sa politique climatique.

Difficile intégration des politiques

"Tandis que la soutenabilité et le changement climatique étaient les déterminants des politiques énergétiques européennes en 2008, la compétitivité des industries européennes a pris plus de place récemment. Les enjeux liés à la sécurité énergétique sont également montés en puissance suite à l'arrêt des approvisionnements de Libye et à la crise russo-ukrainienne. A l'heure où l'UE poursuit ses efforts sur la voie des objectifs de 2020 et d'un marché intérieur de l'énergie, maintenir les trois objectifs de la politique énergétique européenne – compétitivité, sécurité énergétique et soutenabilité environnementale sur le long terme – dans ce nouveau contexte global est plus important que jamais", note le rapport de l'AIE.

Ainsi la compétitivité de l'UE vis-à-vis de ses partenaires a pu se détériorer en raison de la révolution des gaz de schiste en Amérique du Nord et de la hausse de la demande en énergie en Asie. La demande asiatique fait augmenter les prix du gaz, tandis que les Etats-Unis connaissent une ère du gaz bon marché, ce qui a induit des distorsions de prix entre l'UE et ses partenaires commerciaux. Et le prix de l'électricité en Europe se trouve être 40% plus élevé qu'aux Etats-Unis, ce qui grève sa compétitivité et, selon l'AIE, s'ajoute aux coûts des politiques environnementales. Il reste donc à investir dans l'innovation pour faire baisser ces coûts, et à travailler à un réseau européen de l'énergie pour dégager des économies d'échelle.

La tentation des gaz de schiste

Face au déclin des ressources gazières européennes, principalement situées au Danemark et aux Pays Bas, "la résilience de l'UE se voit limitée sur le long terme », estime l'AIE. A plus court terme, souligne l'Agence, « des ressources locales de gaz non conventionnel pourraient contribuer à réaliser les objectifs de sécurité énergétique". L'AIE estime que les ressources de l'Union en gaz non conventionnel pourraient représenter 88 bcm (milliards de mètres cubes) par an d'ici à 2030, chiffre à rapporter à la consommation européenne annuelle de gaz de 477 bcm en 2012. L'évolution des technologies d'extraction et les "performances environnementales" des gaz de schiste aux Etats-Unis font rêver les chantres de l'indépendance énergétique européenne.

1. Télécharger le résumé du rapport de l'AIE
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-23395-rapport-aie-europe-synthese.pdf

Réactions2 réactions à cet article

Comme toujours c'est du BARATIN, mais sur le terrain aucune amélioration, pire: le charbon pour l'ALLEMAGNE et le gaz de schiste pour les ETATS UNIS. Avec leur gaz les RUSSES restent les maîtres du monde.
Les FRANCAIS continue de parler d'efficacité énergétique dans les bâtiments ( 42% de la consommation), mais sur le terrain on ne voit toujours rien venir, choc de simplification = BARATIN, déficit commercial de la FRANCE = 60 milliards d'euros. ALORS ?

CHOMAGE | 09 décembre 2014 à 06h57 Signaler un contenu inapproprié

Pas grave si on n'a pas de moyens, il suffit que Super Mario fasse fonctionner l'ex-"planche à billets" qui est de fait maintenant un simple clavier d'ordinateur de banksters"

Ca rapproche le jour de l'inévitable clash bancaire , mais la majorité des irresponsables politiques préfèrent et le peuple, comme il y a peu en Suisse, ne s'en rend pas compte.

Jean-Marie | 09 décembre 2014 à 07h42 Signaler un contenu inapproprié

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