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Réhabilitation de l'étang de Berre : la mission parlementaire met en lumière cinq pistes

La mission d'information parlementaire pour la réhabilitation de l'étang de Berre revient sur différentes pistes pour améliorer son état, dont l'ouverture du canal du Rove et la question de la réduction des rejets de la centrale hydroélectrique.

Eau  |    |  D. Laperche
Réhabilitation de l'étang de Berre : la mission parlementaire met en lumière cinq pistes

Quelles pistes seront finalement retenues pour favoriser la réhabilitation de l'étang de Berre ? Au vu de la succession de rapports sur le sujet, la question peut se poser.

Cette lagune méditerranéenne située à l'ouest de Marseille (Bouches-du-Rhône) concentre à la fois des enjeux écologiques, énergétiques et économiques. Elle a en effet vu son état écologique se dégrader depuis les années 60, notamment du fait des rejets des industries du raffinage, de la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas ou des stations d'épuration. La vie, hors bactéries, a disparu sur la moitié des fonds de l'étendue d'eau.

La Commission européenne avait tapé du poing sur la table suite à une plainte déposée par une coordination de pêcheurs de l'étang. Et en 2004, la Cour européenne de justice avait condamné la France pour ne pas avoir adopté des mesures appropriées pour lutter contre la pollution massive et prolongée du plan d'eau. Au final, l'intervention européenne avait permis de réduire une partie des rejets de la centrale dans la lagune.

Depuis, des experts ont produit de nombreux rapports pour essayer de poursuivre l'amélioration de l'état du deuxième plus grand étang d'eau salé d'Europe. Le rapport de la mission d'information parlementaire pour la réhabilitation de l'étang de Berre (1) apporte sa pierre à l'édifice. Celle-ci a exposé le résultat de ses travaux (2) en commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale, mercredi 23 septembre.

Un écosystème encore mal connu

« Le fonctionnement exact du système que constitue l'étang de Berre demeure imparfaitement connu, note-t-elle. Tel est le cas, en particulier, s'agissant des interactions entre l'eau et les sédiments, ou des liens entre la courantologie et les phénomènes physico-chimiques. Par ailleurs, le cycle du phosphore est mal connu, alors qu'il est déterminant pour l'état de la masse d'eau, en tant que nutriment ». Le phosphore piégé dans les sédiments pourrait en effet être remobilisé et contribuer à l'eutrophisation sans que les experts ne sachent vraiment dans quelle proportion et quels sont les mécanismes en jeu.

Quoi qu'il en soit, ce qui est sûr c'est que l'étang doit faire face à des problèmes liés à un double phénomène de stratification de ses eaux salées et douces mais également d'un manque d'oxygène. Et que ceux-ci compromettent l'atteint du bon état écologique.

Pour tenter de les contrer, la mission d'information parlementaire a passé au crible les différentes pistes sur la table et en a préconisé certaines s'articulant autour de cinq axes.

Un objectif de réduction de 50 % des rejets de la centrale

Tout d'abord, la mission se positionne en faveur d'une nouvelle diminution des rejets de la centrale hydroélectrique. « Un objectif de diminution de plus ou moins 50 % des rejets d'eau douce et de limons pourrait par exemple être fixé, indique-t-elle. Il devrait être associé avec une démarche d'évaluation de manière à mesurer aussi précisément que possible les effets de la diminution des rejets sur l'écosystème de l'étang ». A cette réduction, la mission souhaite que soit assortie une obligation de transparence et de suivi de ces rejets.

La mission s'est également penchée sur la proposition de la dérivation, vers le Rhône, de l'eau douce actuellement déversée par EDF dans l'étang. Cette piste met en balance différents avantages et inconvénients, selon la mission : d'un côté, elle permettrait de maximiser le potentiel de l'usine hydroélectrique et réduire les apports d'eau douce et de polluants dans l'étang mais de l'autre elle transformerait l'étang en un milieu salé et augmenterait le temps de résidence de l'eau et des polluants. En 2000, ce projet de dérivation avait été estimé à environ un milliard d'euros. La mission préconise de réactualiser l'étude existante mais également de réfléchir à la possibilité d'aménager des microcentrales sur les canaux.

Relancer l'ouverture du tunnel du Rove à la courantologie

Autre piste que la mission préconise de façon concomitante à la réduction des rejets de la centrale : la réouverture du tunnel du Rove. Ce projet a déjà été lancé en 2003 mais avait finalement été stoppé. « En 2016, à la suite d'études techniques préalables, il est apparu que le coût d'une réouverture du tunnel serait substantiellement supérieur à celui qui avait été anticipé - 31 millions d'euros au lieu des 8,5 millions d'euros initialement prévus », note la mission. Celle-ci souhaite redonner un second souffle au projet de réouverture du tunnel.  « Dans le contexte actuel de réduction des consommations d'énergie, il ne paraît pas opportun de créer un système permanent de pompage qui devra être alimenté sur le long terme, précise-t-elle cependant. Par conséquent, la piste du percement sous-marin de l'éboulis et de l'installation d'un clapet anti-retour semble être une option prometteuse ».

Réduire les apports des stations d'épuration

“ Il est essentiel de renforcer la police des eaux afin de mettre fin aux branchements directs sur l'étang de Berre ” Mission d'information
La mission met également l'accent sur la performance des stations d'épuration au pourtour de l'étang. Elle préconise pour l'améliorer de fixer un objectif quantitatif de rejet d'azote et phosphore dans l'étang et ainsi de prioriser les actions à engager. « Il est essentiel de renforcer la police des eaux afin de mettre fin aux branchements directs sur l'étang de Berre », indique-t-elle aussi.

Elle encourage dans le même temps le développement de la conchyliculture, la mytiliculture ainsi que la pêche.

Revoir la gouvernance de l'étang

La mission conditionne néanmoins la réussite de ces projets de réhabilitation de l'étang à une nouvelle gouvernance. « Tous les acteurs rencontrés ont fait état des tensions, des incompréhensions et des rivalités entre parties prenantes pour la gestion de l'étang, explique-t-elle. Un profond renouvellement des instances de décision et de planification est nécessaire du fait des dysfonctionnements connus ces dernières années ». Elle préconise ainsi la désignation d'un chef de file local, que ce soit le Groupement d'intérêt public pour la réhabilitation de l'étang de Berre (Gipreb) ou la métropole d'Aix-Marseille-Provence. La mission souhaiterait également que soit élaboré un schéma d'aménagement et de gestion de l'eau (sage) dédié à l'étang. « La création d'un SAGE serait susceptible d'apporter des réponses à plusieurs difficultés rencontrées (…) en donnant un cadre de gouvernance clair et opposable pour la gestion de la réhabilitation de l'étang de Berre, justifie-t-elle. Tous les acteurs, notamment la société civile, les industriels (en particulier EDF) et les parlementaires, devront être associés à la commission locale de l'eau ». Enfin, dans la continuité de la consultation publique qu'elle a lancée pour ces travaux, la mission recommande que cette approche devienne partie intégrante de la gestion de l'étang.

Ces différentes solutions proposées dans différents rapports pour améliorer l'état de l'étang de Berre pourraient revenir sur le devant de la scène à travers l'arbitrage de tribunaux. Le Gipreb a en effet déposé une plainte au printemps dernier auprès du Tribunal de Marseille pour dégradation du milieu. L'audition est prévue en mars 2021. Par ailleurs des recours sont également en cours auprès de la Commission européenne.

1. rapporteur Jean-Marc Zulesi, et ses deux co-présidents Pierre Dharréville et Éric Diard2. Télécharger le rapport de la commission du développement durable
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-36145-etang-berre-commission-developpement-durable-assemblee-nationale.pdf

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