Des chercheurs de l'association Resolve et du Pnue ont identifié 20 espèces de mammifères dont la réintroduction dans certaines parties du monde restaurerait des écosystèmes entiers et apporterait des cobénéfices climatiques.
Pour restaurer des zones et écosystèmes naturels entiers, il suffirait de réintroduire une ou quelques espèces clés de grands mammifères des écosystèmes correspondants. Forte de ce constat, une cohorte internationale de chercheurs, attachés à l'association Resolve et au Centre mondial de surveillance pour la conservation de la nature (WCMW) du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), a identifié exactement quelles espèces sont à réintroduire dans quelles régions du monde pour y parvenir. Les conclusions des chercheurs ont été publiées dans une étude parue, ce mois-ci, dans la revue Ecography.
Taux d'écorégions du monde comprenant des groupes complets de « grands mammifères historiques ».
© Resolve / WCMW-UNEP
De nombreux écosystèmes naturels s'appuient sur des groupes de
« grands mammifères historiques », associés à une écorégion de la planète. L'intégrité de ces groupes va de pair avec celle de la structure et de la composition de ces écosystèmes. Pour illustrer le phénomène, les chercheurs citent les cobénéfices écologiques observés grâce à la
réintroduction du loup gris (
Canis lupus) dans le parc national du Yellowstone, en 1995 :
« Réintroduire une seule espèce manquante de cette écorégion a eu, et a encore, un énorme impact positif sur les populations d'autres espèces, comme les castors ». De plus, une fois reconstitués, ces groupes favorisent indirectement une plus grande biodiversité végétale, et donc une plus importante
séquestration naturelle des gaz à effet de serre.
Vingt espèces de mammifères identifiées
Pour définir quelle espèce clé pourrait reproduire l'exemple du loup dans le Yellowstone, les scientifiques ont analysé l'inventaire dressé par la Liste rouge de l'UICN, en comparaison des données bibliographiques concernant la composition des groupes de grands mammifères historiques avant 1500 et les plus importants changements anthropogéniques. Ils ont ainsi déterminé dans quelles écorégions la réintroduction d'une seule espèce absente, ou plus, complèterait ces groupes et entraînerait les avantages écosystémiques associés.
Les experts du WCMW et de Resolve ont identifié sept espèces carnivores et treize espèces herbivores capables d'y parvenir. En Europe, par exemple, la réintroduction ou l'augmentation encouragée de la population du bison d'Europe (Bison bonasus), du castor eurasien (Castor fiber), du renne (Rangifer tarandus), du lynx (Lynx lynx) ou du loup restaurerait des groupes écosystémiques dans 35 écorégions. La restauration de tels groupes par la réintroduction d'autres espèces clés provoquerait même un doublement de la biodiversité animale sur d'autres continents, notamment en Afrique et en Amérique du Nord.
Les chercheurs estiment que la réintroduction ciblée de ces vingt espèces doublerait la surface naturelle reconquise par l'ensemble des écosystèmes ainsi restaurés, soit 11 millions de kilomètres carrés supplémentaires capables de séquestrer davantage de carbone. « Nos conclusions montrent que la réintroduction de larges populations de mammifères est possible dans une grande diversité de zones naturelles sur la planète, atteste Joe Gosling, l'un des auteurs principaux de l'étude pour le WCMW. Une action prioritaire serait de considérer cette réintroduction comme une ambition nationale et internationale. »
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Note Accéder à l'étude publiée dans Ecography Plus d'infosArticle publié le 27 avril 2022