À l'occasion du vote de la loi d'urgence sanitaire durant le week-end des 21 et 22 mars, 45 députés ont tenté de baser le plan de relance économique post-Covid-19 sur la transition écologique. « Nous devons assurer un développement enfin humain, équilibré et responsable, car cette crise interroge notre modèle économique, nos façons de consommer, cette mondialisation sans contrôle », a averti Bertrand Pancher, député du groupe Libertés et territoires. Mais l'argumentaire n'a pas emporté le vote à la majorité. Une occasion manquée pour l'ONG Les Amis de la Terre. « Cette décision semble acter qu'il n'y aura pas de tournant dans la politique économique, sociale et climatique du Gouvernement après la crise sanitaire du coronavirus. La priorité donnée au soutien de l'ensemble des activités, y compris les plus polluantes, risque même de provoquer un rebond des émissions de gaz à effet de serre, une fois la récession derrière nous », s'inquiète l'association.
Selon elle, la dépendance des banques et des grandes entreprises au sauvetage public donne à l'État le pouvoir de leur imposer de nouvelles règles, compatibles avec la crise climatique. Or, le Gouvernement semble s'orienter vers un soutien sans conditions : « Bpifrance s'est ainsi préparée à renflouer des entreprises cotées au CAC 40 à travers le fonds d'investissement Lac d'argent, en partenariat avec un fonds souverain émirati. Autres sujets d'inquiétude : le sauvetage du secteur aérien sans imposer de réduction du trafic, ou l'éventuel renflouement des banques au niveau européen, sans exiger qu'elles mettent fin aux 2 700 milliards d'euros qu'elles ont investi dans les énergies fossiles depuis 2015 ».
« Cette crise est un tournant historique. "Il y aura un avant et un après" disait Emmanuel Macron. En rejetant l'amendement des 45 députés fléchant le plan de relance de long terme sur la transition écologique, les décideurs français font le choix d'un après qui nous conduit droit dans le mur », en conclut Alma Dufour, chargée de campagne surproduction aux Amis de la Terre.