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Relance du nucléaire : l'Autorité de sûreté liste les défis à relever

À l'heure de relancer le nucléaire, le secteur fait face à des fragilités industrielles, explique l'Autorité de sûreté nucléaire. Son président passe en revue les sujets à aborder pour que se concrétise les espoirs de la filière.

Gouvernance  |    |  P. Collet
Relance du nucléaire : l'Autorité de sûreté liste les défis à relever

À l'occasion de son bilan annuel de la sûreté nucléaire, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a insisté devant le Parlement sur « les fragilités industrielles » qui affectent la filière. Bernard Doroszczuk a fait passer quatre messages aux membres de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (Opecst) et a pointé les chantiers auxquels doit s'attaquer cette industrie, après une décennie d'hésitation concernant la place du nucléaire dans le futur mix énergétique.

Le parc EDF et le cycle du combustible sous tension

Premier message : le nucléaire français est confronté à une « double fragilité » du fait de l'absence de marges et du manque d'anticipation. Ce constat doit être pris en compte par les pouvoirs publics au moment de fixer les choix de politique énergétique, prévient l'ASN. La première fragilité est la moindre disponibilité du parc d'EDF durant l'hiver passé. Le retard de l'EPR et les arrêts pour visite décennale de nombreux réacteurs étaient anticipés. En revanche, la découverte de fissures associées au phénomène de corrosion sous contrainte n'était pas prévue.

La seconde fragilité est moins connue : l'industrie du cycle du combustible fait face à une série d'événements qui, s'ils s'aggravaient, pourraient, « de manière systémique », fragiliser le fonctionnement des centrales nucléaires qui se trouveraient dans l'incapacité d'évacuer leur combustible usé.

Le premier événement est la saturation des piscines de La Hague (Manche), prévue pour 2030. Le problème est connu depuis 2010, mais faute d'anticipation, Orano va devoir « mettre en place des parades temporaires qui ne présentent pas le même niveau de sûreté » que la future piscine attendue pour 2034, explique Bernard Doroszczuk. L'usine de La Hague a aussi fait face à une corrosion plus rapide que prévue de certains équipements (les évaporateurs) qui impose un fonctionnement au ralenti. Ici, c'est la capacité à traiter les combustibles usés, et donc à libérer de la place dans les piscines, qui est en jeu. Le troisième événement concerne l'amont du cycle. Orano a modifié le procédé de fabrication du combustible Mox, avec pour conséquence une production de rebuts décuplée. Le manque de capacité d'entreposage de ces matières plutonifères, ainsi que les besoins accrus en maintenance ont, là aussi, imposé un fonctionnement à demi-capacité de l'usine Melox, à Marcoule (Gard). La situation devrait revenir à la normale dans trois à quatre ans, après le retour au procédé initial.

Anticiper les conséquences des choix énergétiques

Le deuxième message concerne des prérequis nécessaires à la mise en œuvre de certains scénarios énergétiques. L'ASN a identifié trois « préoccupations majeures », qui doivent être prises en compte pour arrêter la politique énergétique. La première concerne la capacité des réacteurs français à fonctionner au-delà de cinquante ans, qui n'est pas encore acquise. Il faut donc, dans les cinq ans qui viennent, s'assurer que cette prolongation est possible, prévient le président de l'Autorité.

Dans le même esprit, Bernard Doroszczuk attire l'attention sur un des scénarios de RTE : celui qui prévoit 50 % de nucléaire dans le mix énergétique en 2050. Celui-ci s'appuie sur la prolongation d'exploitation de tous les réacteurs jusqu'à soixante ans et de certains encore au-delà. « Ce scénario présente le risque d'engager le système électrique dans une impasse », si le nombre de réacteurs aptes à fonctionner sur de telles durées était insuffisant, prévient Bernard Doroszczuk. Le président craint que la sûreté devienne alors une variable d'ajustement et soit revue à la baisse. La France dispose de dix à quinze ans pour éviter ce risque.

La troisième préoccupation concerne le recyclage du combustible. Les pouvoirs publics doivent décider de la poursuite, ou non, du retraitement des combustibles usés après 2040. Cette décision doit être prise « d'ici la fin de la décennie, au plus tard », afin de pouvoir, là encore, anticiper les conséquences. La poursuite du retraitement imposerait un « grand ravalement » des installations de La Hague. L'arrêt imposerait la mise en place de solutions alternatives pour gérer les combustibles usés.

Mener une politique exemplaire de gestion des déchets

L'avant-dernier message concerne la gestion des déchets. Bernard Doroszczuk y voit un « sujet [qui] reste sensible » et demande « une politique exemplaire pour donner confiance ». Pour cela, il faut s'appuyer sur trois piliers. Le premier est la mise en place de solutions concrètes et sûres pour gérer tous les déchets d'ici à 2040. Le deuxième concerne les exploitants : ils doivent réaliser un « exercice de sincérité pour ne pas artificiellement maintenir classées durablement en tant que matières des substances qui ne sont pas susceptibles d'être valorisées ». Le dernier pilier concerne la reprise et le conditionnement des déchets nucléaires historiques. L'ASN souhaite que ceux qui présentent les plus forts enjeux de sûreté et de radioprotection soient convenablement conditionnés dans des délais raisonnables.

Enfin, le dernier message est désormais bien connu. Il concerne les besoins en investissements et en compétences nécessaires à la relance du nucléaire. La démarche est engagée depuis 2020, mais elle doit être amplifiée, estime l'ASN, qui portera une attention particulière aux capacités techniques des exploitants et des sous-traitants. Pour cela, l'Autorité souhaite un véritable plan Marshall, c'est-à-dire un plan d'investissement étalé dans le temps afin de préparer le futur.

Réactions1 réaction à cet article

L'ASN dit clairement que EdF paye les errements politiques des dernières décennies : comment anticiper dans un climat de mépris et de défiance, de décisions changeantes, de postures électoralistes... Le défaut de marge, c'est clairement le dispositif ARENH qui est visé : comment la France a-t-elle pu proposer un système aussi inique ?! Et le reste est à l'avenant. Et la nouvelle première ministre en est en partie responsable : ça augure assez mal de la suite...

dmg | 19 mai 2022 à 09h40 Signaler un contenu inapproprié

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