Le Sénat a adopté, mardi 24 janvier, le projet de loi visant à accélérer les procédures liées à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires et au prolongement des installations existantes. Il a été adopté à 239 voix pour et 16 contre. Les sénateurs républicains, centristes et indépendants ont majoritairement voté en faveur du texte. Les socialistes et les communistes se sont abstenus, tandis que les écologistes ont voté contre. Le texte va désormais passer entre les mains des députés.
Ce projet de loi a été présenté par le Gouvernement afin d'accélérer la construction d'EPR de deuxième génération (EPR2) sur les sites de centrales actuelles. Le président de la République a en effet annoncé, en février 2022, sa volonté de lancer la construction de six EPR d'ici à 2035. Ce projet fait actuellement l'objet d'un débat public et devra être discuté lors de l'élaboration de la future Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).
Selon le Gouvernement, ce projet de loi vise simplement à fournir les outils d'accélération, lorsque le feu vert aura été donné.
Mais les sénateurs en ont voulu autrement : ils ont suprimé, dans le projet de loi, l'objectif de baisse de la part du nucléaire de 50 % d'ici à 2035, inscrit dans la PPE actuelle, avec l'avis favorable du Gouvernement. Ils ont également élargi le périmètre d'application de la loi aux réacteurs nucléaires modulaires et aux installations d'entreposage de combustible nucléaire.
Face à ce vote, Greenpeace et le réseau Sortir du nucléaire ont annoncé claquer la porte du débat public sur la relance du nucléaire, dénonçant un « passage en force » du Gouvernement et une « mascarade démocratique ». Fait rare : la Commission nationale du débat public (CNDP) s'est elle aussi fendue d'un communiqué, la semaine dernière, estimant que le Sénat anticipait « de quelques mois un débat relevant du projet de loi de programmation énergétique », ce qui revenait à nier les interrogations, remarques et propositions du public.