Ségolène Royal conserve son poste de ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie au sein du nouveau gouvernement du Premier ministre Manuel Valls, annoncé le 26 août. La ministre, nommée en avril dernier, voulait rester à l'Ecologie pour mener à bien sa loi phare sur la transition énergétique qui sera débattue à l'Assemblée en octobre.
Alliés écologistes
Un texte qui rallie à sa cause écologistes et professionnels des énergies renouvelables "rassurés" de la reconduction de Mme Royal. "En deux ans, l'écologie a connu près de quatre ministres [Nicole Bricq, Delphine Batho, Philippe Martin et Ségolène Royal, ndlr], il était nécessaire d'incarner de la continuité et de la stabilité alors que des textes législatifs aussi importants que la loi sur la transition énergétique ou sur la biodiversité vont être discutés et que la conférence sur le climat de Paris se tiendra dans moins de 500 jours", a déclaré l'ONG environnementale WWF. "Ségolène Royal a su apporter à l'écologie un poids politique indéniable", se réjouit l'association en dépit toutefois de "certains arbitrages rendus (qui) n'ont pas toujours semblé à la hauteur des enjeux écologiques majeurs".
"Le maintien de Ségolène Royal au ministère de l'Ecologie : une bonne nouvelle pour poursuivre le travail sur la loi de transition énergétique", a de son côté tweeté Denis Baupin, député Europe Ecologie Les Verts (EELV) de Paris, malgré l'opposition du parti sur le nucléaire. Pour Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'EELV, le texte est un "bon point de départ". Ségolène Royal est "une ministre avec laquelle on peut travailler, qui a des convictions très fortes et qui ne cède rien", a déclaré le 22 août Mme Cosse, selon Le Figaro.
"Soulagement" des industriels des EnR
La ministre compte également comme alliés les industriels des EnR. "Nous sommes satisfaits du projet actuel et rassurés que Ségolène Royal continue à le porter. L'un des sujets essentiels est la réforme des mécanismes de rémunération. Des réflexions sur ce sujet sont déjà engagées. La solution devra être prise en concertation avec les professionnels", a indiqué Frédéric Lanoë, président du syndicat France Energie Eolienne (FEE).
Ce dernier espère que la discussion qui s'engagera au Parlement en octobre "mettra en place un cadre favorable, permettant à l'éolien et aux renouvelables d'atteindre l'objectif fixé par Ségolène Royal de 40% d'EnR dans le mix électrique à l'horizon 2030."
Même son de cloche de la part de Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) : "Les professionnels regroupés au sein du SER ont appris, avec soulagement et satisfaction, la reconduction de Madame Royal (…) avec laquelle de nombreux dossiers ont été ouverts. Grâce à cette reconduction, le calendrier parlementaire, notamment celui de la loi de transition énergétique, et les grandes orientations qui doivent guider l'avenir des énergies renouvelables devraient être confirmés et l'action en leur faveur poursuivie", a-t-il souligné.
La confirmation de Ségolène Royal ne fait en revanche pas l'unanimité auprès de l'association de protection de l'ours Ferus qui a demandé en juillet dernier la "démission" de la ministre qui est opposée à l'introduction d'un deuxième ours brun dans les Hautes-Pyrénées. L'association a également déposé le 18 août un recours devant le Conseil d'Etat contre l'arrêté autorisant l'expérimentation de tirs de prélèvement sur le loup, pris par Mme Royal et Stéphane Le Foll. Ce dernier a également été maintenu à son poste de ministre de l'Agriculture. "Honte sur ces ministres qui choisissent le fusil pour régler un problème qui peut l'être efficacement par une protection correcte des troupeaux !", a dénoncé la semaine dernière Ferus.
Autres "couacs" : son récent veto au projet d'autoroute A831 dans le marais poitevin a suscité la colère des élus UMP et PS locaux. Tandis que l'abandon de l'écotaxe poids-lourds au profit de péages de transit, dénoncé par les écologistes et les transporteurs routiers, continue de faire polémique.
Alain Vidalies attendu au tournant
L'ancien ministre délégué aux Relations avec le Parlement sous Jean-Marc Ayrault, Alain Vidalies, a été nommé secrétaire d'Etat aux Transports, à la Mer et à la Pêche. Il remplace Fréderic Cuvillier, favorable à l'écotaxe, qui a refusé de continuer dans ses fonctions. Ce dernier a critiqué la tutelle actuelle du secteur, réduit depuis avril à un secrétariat d'Etat sous l'égide de Ségolène Royal. "Ce n'est pas un cadre idéal, l'écologie se décline dans tous les secteurs, pourquoi y met-on les Transports'", a regretté M. Cuvillier, lors de son discours de passation ce mercredi 27 août. Il plaide pour le retour d'un grand ministère de l'Equipement, selon l'AFP.
Plusieurs fédérations des transports (FNTR, TLF, Unostra) ont réitéré ce mercredi leur opposition au péage de transit poids-lourds attendu en janvier 2015 et ont appelé M. Vidalies à prendre position dans ce dossier. Elles attendent du nouveau secrétaire d'Etat "des réponses urgentes à leurs demandes". De son côté, la fédération de PME du transport routier (OTRE) a prévenu que "toute poursuite du gouvernement dans le sens du péage de transit sera considérée par les transporteurs routiers comme une provocation à leur demande d'abandon du dispositif".
Sur la question de la pêche, le WWF espère qu'Alain Vidalies "saura se montrer plus sensible à la protection des océans que son prédécesseur car sans poissons, il n'y a plus de pêcheurs".
Emmanuel Macron continuera l'oeuvre du "redressement productif"
Arnaud Montebourg démissionnaire, c'est Emmanuel Macron, ancien conseiller économique de François Hollande, l'un des artisans du pacte de responsabilité, qui est désormais à la tête du ministère de l'Economie et de l'Industrie. Sa nomination suscite des réactions contrastées.
Si le patronat et le syndicat des énergies renouvelables ont salué son arrivée, le profil social-libéral de cet ancien banquier d'affaires dérange l'aile gauche du parti socialiste et les écologistes. "Quand une grande partie de la gauche qui a aidé à la victoire de François Hollande en 2012 discute d'une refonte de la politique économique dans le pays, la nomination d'Emmanuel Macron ne va pas du tout dans ce sens et de ce côté-là au moins le message de Manuel Valls est extrêmement clair", a déclaré sur France Info Emmanuelle Cosse. Ce qui constitue l'une des raisons pour laquelle le parti EELV a refusé de participer au Gouvernement Valls.
"Il y a beaucoup de parlementaires écologistes qui nous soutiennent comme l'immense majorité des parlementaires socialistes", a affirmé hier le Premier ministre au 20h de France 2. Manuel Valls a défendu la nomination de M. Macron qui est un "beau symbole".
Lors de son discours de passation ce matin, Arnaud Montebourg a salué "les qualités" de son successeur. "Je suis heureux que ce soit toi qui me succède car je sais que tu partages beaucoup de combats de mon équipe et je sais aussi que tu les poursuivras parce que tu en es sincèrement convaincu. L'esprit du made in France continuera à souffler à Bercy", a déclaré M. Montebourg qui, rappelons-le, prône le gaz de schiste et le nucléaire.
"L'innovation dans l'action publique et politique a marqué ces deux ans", a poursuivi M. Montebourg en citant notamment les 34 plans de la Nouvelle France industrielle. Emmanuel Macron a assuré qu'il continuera l'oeuvre du "redressement productif" entamée par l'ex-ministre. Il a mis en avant sa volonté de "travailler en équipe", aussi bien avec Michel Sapin aux Finances qu'avec les autres ministres du gouvernement. Et notamment Ségolène Royal avec qui il partage le portefeuille de l'Energie.
En matière d'agriculture, la Confédération paysanne a déploré ce mercredi l'absence "de changement" pour les paysans. "Alors que, ce soir, les chiffres du chômage seront encore en hausse, Stéphane Le Foll continuera-t-il d'ignorer le gisement d'emploi dont il a la charge ?", s'interroge-t-elle. Le syndicat agricole note cependant un "point potentiellement positif" : l'arrivée de la ruralité dans les attributions de la ministre de l'Egalité des territoires Sylvia Pinel "peut être un signal fort à l'heure de la réforme territoriale", espère-t-il.