En juin dernier, dans le cadre de la Nouvelle France industrielle, le gouvernement validait la feuille de route du groupe de travail sur la rénovation thermique des bâtiments. L'objectif : structurer la filière pour répondre à l'objectif gouvernemental de rénover 500.000 logements par an d'ici 2017. Plusieurs pistent avaient alors été présentées afin d'accroître le rythme de réhabilitation des bâtiments et diminuer les coûts de ces travaux.
Six mois après l'adoption de cette feuille de route, les acteurs impliqués font le point sur l'avancée de leurs travaux. Ils se sont réunis, comme ils le proposaient dans la feuille de route, au sein d'une structure commune aux industriels et aux négoces : le Cercle Promodul. "Parce qu'il y a urgence, et pour éviter les doublons, nous nous sommes rapprochés d'une structure existante, l'association Promodul, qui travaille sur l'efficacité énergétique et le confort des bâtiments", explique Jacques Pestre, directeur général adjoint de Point P et copilote du plan rénovation de la Nouvelle France industrielle. "Ce qui nous importe, c'est ce qu'on va faire l'année prochaine, pas dans vingt ans", a-t-il insisté. Satisfait des orientations inscrites dans le projet de loi sur la transition énergétique, il a indiqué multiplier les échanges avec les ministères de l'Economie et de l'Ecologie sur ce dossier prioritaire.
Négoces et industriels "associés RGE" pour accompagner les artisans
Le cercle Promodul a attendu avec impatience la parution des textes réglementaires sur la reconnaissance RGE. "La RGE est importante pour faire progresser les artisans par la formation. Certes, le dispositif n'est pas suffisant mais c'est à nous désormais d'écrire l'histoire", analyse Jacques Pestre. Selon lui, les artisans labellisés verraient déjà leur marché progresser, alors que le secteur du bâtiment est atone.
Les acteurs du négoce et les industriels ont planché sur une reconnaissance associée RGE pour leurs activités. L'objectif : accompagner la montée en compétence des artisans du bâtiment. "Nous devons être impliqués et nos personnels formés. Nous sommes au contact des artisans", explique-t-il. Certains points de vente pourraient être labellisés et orienter les artisans dans leur parcours de formation. Des formations continues ou des modules en e-learning pourraient être développés : "Nous souhaitons offrir des lieux de formation à proximité des artisans, sur des temps adaptés à leurs contraintes professionnelles". Cette reconnaissance devrait voir le jour au premier trimestre 2015.
Passeport énergétique : massifier la rénovation
Autres mesures très attendues par ces acteurs et inscrites dans le projet de loi sur la transition énergétique : l'obligation de rénovation énergétique en cas d'entretien lourd et le passeport énergétique des bâtiments.
Selon le projet de loi, d'ici 2017 dans le neuf et 2025 en cas de "mutation", l'ensemble des bâtiments devra se doter d'un carnet de santé et d'entretien, qui pourrait notamment permettre d'échelonner les travaux de rénovation dans le temps. "Le passeport énergétique est un élément important pour la massification de la rénovation", estime Jacques Pestre.
Le cercle Promodul planche, avec le Shift project, sur la mise en œuvre de cet outil. Alors que des expérimentations sont lancées dans plusieurs régions, ces acteurs souhaitent s'y associer. "Notre objectif est d'avoir 1.000 auditeurs formés en juin. Nous souhaitons contribuer à ces expérimentations très vite".
Rénovation 3.0 et expérimentations locales
Ces acteurs souhaitent également se pencher sur l'offre et les innovations, notamment dans les territoires. "On ne construit pas de la même manière dans tous les territoires", souligne Jacques Pestre. Alors que de nombreuses expérimentations sont menées à l'échelle locale, le cercle se pose en vigie afin d'éviter les doublons et en accélérateur "pour passer des idées aux expérimentations rapidement".
La rénovation 3.0 (maquette numérique…) fait partie des pistes de R&D identifiées. "La numérisation peut permettre d'améliorer la productivité des artisans et de limiter les coûts". Elle est actuellement testée sur des chantiers au Pays Basque. Un appel à manifestation d'intérêt pourrait être prochainement lancé sur ces techniques.