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Rénovation des passoires thermiques : le collectif Initiative Rénovons réactualise son scénario

La relance économique post Covid-19 doit prioriser la rénovation énergétique des passoires occupées par les ménages précaires, selon Initiative Rénovons. Le collectif a réactualisé son scénario pour rénover les passoires et estimé les bénéfices associés.

Bâtiment  |    |  R. Boughriet
Rénovation des passoires thermiques : le collectif Initiative Rénovons réactualise son scénario

Le 5 mai, le collectif multi-acteurs Initiative Rénovons a présenté sa nouvelle étude qui réactualise son scénario pour rénover 6,7 millions de logements passoires thermiques (étiquetés F ou G) et lutter contre la précarité énergétique des Français à l'horizon 2030. Ce collectif regroupe notamment le Réseau pour la transition énergétique (Cler), la Fondation Abbé Pierre et le Secours catholique, ou encore le mouvement HLM Soliha, la société spécialiste de l'efficacité énergétique Effy, et le groupe d'équipements électriques Schneider Electric. Leur précédente étude date de 2017. Le collectif y présentait son scénario pour atteindre les objectifs de la loi de transition énergétique de 2015 de mettre fin aux passoires thermiques en 2025, et les bénéfices économiques, sanitaires et environnementaux générés.

Le « Scénario Rénovons 2020 », réalisé avec le cabinet de conseil Sia Partners, évalue le rythme actuel des réhabilitations, les coûts et les bénéfices engendrés par la rénovation des logements privés passoires d'ici 2030. Ces logements très énergivores affichent une classe énergétique F (entre 331 et 450 kilowattheures - kWh - de consommation par an), et G (plus de 450 kWh par an). Cette nouvelle étude comprend un élargissement des projections pour une rénovation des passoires au niveau Bâtiment basse consommation (BBC) à l'horizon 2040, soit l'atteinte d'une consommation de 80 kWh/m2 par an.

Pour rappel, l'objectif de rénover l'ensemble du parc aux normes BBC en 2050 est prévu dans le plan gouvernemental de rénovation énergétique de 2018. Il en va de même pour rénover 150 000 passoires thermiques par an, habitées par des ménages propriétaires à faible revenu, sur les dix prochaines années.

Atteindre la classe D en 2030 puis le niveau BBC en 2040

Mais ces objectifs sont « encore bien loin d'être atteints », prévient le collectif. Éliminer les passoires énergétiques nécessitera « un plan ambitieux de rénovation » d'ici 2030, qui devra viser l'étiquette énergétique D, au minimum (entre 151 et 230 kWh par an), selon la trajectoire de cette étude. « Au rythme actuel, un peu plus de 500 000 passoires énergétiques auront été rénovées dans le parc des résidences principales privées en 2030, et il en restera encore plus de 5,8 millions en ayant déduit les démolitions », a expliqué Sonia Ribeiro, consultante chez Sia Partners, lors d'une webconférence. Le cabinet de conseil s'est basé sur l'étude « Open-campagne 2015 », menée par l'Agence de la transition écologique (Ademe) pour estimer le rythme de rénovation d'aujourd'hui. « Les rénovations actuellement réalisées sont, dans l'ensemble, assez peu performantes. Bien qu'elles permettent aux passoires énergétiques d'atteindre un niveau énergétique supérieur à E, peu d'entre elles entraînent un saut de plus de deux classes énergétiques ».

Le premier scénario, proposé par le collectif (dit scénario cible) démarre donc en 2020, avec 400 000 rénovations de passoires du parc privé, en les faisant atteindre un niveau de performance énergétique D. Le scénario prévoit une augmentation progressive du nombre annuel de rénovations, jusqu'à 825 000 en 2026, suivi d'une diminution « en vue d'aboutir à la rénovation de l'intégralité des passoires énergétiques en 2030 ».

Le second scénario de rénovation BBC va plus loin, en proposant d'investir dans une deuxième étape de rénovation afin de maximiser la performance énergétique de ces logements. « Pour prendre en compte l'urgence de l'élimination des passoires énergétiques, ce scénario se base sur une première étape de rénovation similaire au scénario cible. Dans un second temps, les logements rénovés engagent de nouveaux travaux dès 2027, quand la charge de la première étape diminue. La seconde phase de rénovation aboutit à la rénovation de l'ensemble des passoires énergétiques au niveau BBC en 2040 », détaille le collectif.

Plusieurs milliards d'investissements mais des bénéfices sur la santé et l'emploi

Le scénario BBC implique un investissement total de près de 135 milliards d'euros, dont plus de la moitié issue du secteur privé. Pas moins de 63 milliards d'euros viendraient des aides publiques, soit 3,2 milliards par an en moyenne sur la période 2020-2040.

“ Le plan de rénovation énergétique est rentable pour l'État pour chaque euro investi. ” Sonia Ribeiro, consultante chez Sia Partners.

Pour le scénario cible (étiquette D des passoires en 2030), l'État participerait « à hauteur de 80 %, au financement des travaux pour les ménages les plus pauvres », a indiqué Mme Ribeiro, via les aides publiques comme MaPrimeRénov' de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), qui remplace le crédit d'impôt transition énergétique. S'ajoute l'éco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ). À partir de l'enquête « Phebus » publiée par le Commissariat général au développement durable (CGDD), l'étude a estimé les coûts moyens de rénovation énergétique performante, « qui oscilleraient entre 8 000 et 20 000 euros selon le logement », explique Sonia Ribeiro.

Ce scénario cible permettrait d'éviter chaque année environ 5 millions de tonnes équivalent CO2, émissions de gaz à effet de serre (GES), ainsi que des émissions polluantes. Il génèrerait 93 000 emplois équivalent temps plein, dont 18 000 de long terme. « Le plan de rénovation énergétique est rentable pour l'État pour chaque euro investi. Cela reste quand même un effort sur le long terme, car le retour sur investissement est de 20 à 30 ans », ajoute Mme Ribeiro.

Le scénario BBC 2040, plus ambitieux, génèrerait aussi plus de bénéfices environnementaux, sanitaires et économiques, estime le collectif. Les émissions de GES diminueraient de 15 millions de tonnes équivalent CO2 par an, et les emplois de long terme seraient d'environ 34 000, a précisé Mme Ribeiro. Ce plan de rénovation « est aussi rentable et assure à l'État 1,13 € de bénéfice net pour chaque euro investi ».

L'après Covid-19, « une opportunité » pour aider les ménages en précarité énergétique

En cette période de crise sanitaire du Covid-19, Mme Ribeiro a rappelé les impacts sur la santé (asthme, angines, etc.) des ménages en situation de précarité énergétique. Rénover 6,7 millions de passoires énergétiques au niveau BBC à fin 2040 représenterait 10,8 milliards d'euros d'économies sur les factures d'énergie des ménages chaque année, estime l'étude, soit 1 700 euros en moyenne par ménage et par an. Les ménages en précarité énergétique, vivant dans des passoires, amélioreraient ainsi leur état de santé et « 700 millions d'euros seraient économisés chaque année pour le système de soins », a ajouté Mme Ribeiro.

La sortie de la crise du coronavirus peut constituer une « opportunité » pour la rénovation énergétique du parc privé permettant d'aider les ménages modestes et précaires, a souligné, de son côté, Jean Merckaert, directeur du plaidoyer au Secours Catholique-Caritas France. Il appelle le Gouvernement, pour son plan de relance post-crise du Covid-19, à instaurer un « Plan Marshall » de la rénovation et « à prendre les moyens pour venir à bout des passoires thermiques ». Sur le court terme, Initiative Rénovons demande aussi à l'État de verser un second chèque énergie « Covid-19 exceptionnel » de 300 euros, pour les bénéficiaires les plus précaires de cette aide. Mais le collectif « n'a pas encore été entendu », a indiqué M. Merckaert. Le collectif réitère aussi son appel, en particulier, aux énergéticiens, à abonder les Fonds de solidarité logement (FSL) pour soutenir les ménages en difficulté.

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