Selon le ministère de l'Education nationale, 12,3 millions d'écoliers, collégiens et lycéens feront leur rentrée scolaire mardi 2 septembre dans les 64.000 établissements publics et privés. Les élèves suivront les cours dispensés par près de 840.000 enseignants en France. Inscrite parmi les cinq chantiers prioritaires de la Conférence environnementale de septembre 2013, où en est la prise en compte de l'éducation à l'environnement et au développement durable (EEDD) en cette rentrée 2014 ?
Si, selon le ministère, l'EEDD "fait partie intégrante de la formation initiale des élèves dans l'ensemble des établissements scolaires", les pratiques restent en revanche "assez disparates" dans les collèges, selon une enquête menée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'Energie (Ademe) datée d'avril 2014.
Depuis 2004, la généralisation de l'EEDD dans les programmes éducatifs primaires et secondaires (français, géographie, technologie, physique, biologie, éducation physique …) fait pourtant l'objet d'un plan triennal par le ministère de l'Education nationale, renforcé en 2007 puis en 2011. Enseignants et personnels d'encadrement doivent y être formés et l'intégrer dans les démarches globales de développement durable des établissements (E3D), prévoient les circulaires ministérielles. Les problématiques du développement durable sont introduites dans les disciplines existantes par le biais de thèmes tels que l'eau ou l'énergie. L'EEDD est également prise en compte dans la loi sur la Refondation de l'école de juillet 2013 avec pour objectif d'"éveiller les enfants aux enjeux environnementaux" (sensibilisation à la nature via les classes vertes, évaluation de l'impact des activités humaines sur les ressources naturelles…).
En 2011, seulement 5,5% du nombre total des écoles, collèges et lycées (soit 3.000 établissements) étaient engagés dans une démarche de développement durable associant les bonnes pratiques (agendas 21 scolaires, labels "Eco-Ecole" et "E3D"…), selon les chiffres du ministère de l'Ecologie.
Cohérence entre discours théorique et réalité du terrain
Si des projets en matière d'EEDD existent déjà dans les établissements, ceux-ci continuent de s'appuyer sur le volontariat des enseignants et/ou de certains directeurs. "La majorité des enseignants déclarent ne pas être formés et compétents pour parler de développement durable et de changement climatique. Ces thèmes leur sont imposés depuis peu et pour un grand nombre, ils ne savent ni comment s'en saisir, ni comment faire passer des messages sur le sujet", pointe l'Ademe.
Au collège, à l'exception des cours d'histoire-géographie et de sciences et vie de la Terre (SVT), "matières pour lesquelles le programme de 5ème et de 3ème a été revu en 2010 pour intégrer le développement durable, le thème du DD n'est pas inscrit dans le cadre des autres cours stricto sensu". Depuis la circulaire de l'éducation nationale de 2007, toutes les matières doivent "aborder la problématique en l'intégrant au programme. Cela n'est toutefois pas toujours réalisé. Pour de nombreux enseignants, il semble difficile de dégager du temps en sus de l'enseignement « de base »", ajoute l'Agence.
Autre bémol : des "difficultés" restent à "surmonter" pour susciter l'adhésion des collégiens à ces problématiques. "Les élèves sont exposés à une multitude d'acteurs : enseignants, associations… L'enseignement relatif au développement durable est fait de manière parcellaire : un peu de tri, un peu de biodiversité, un peu d'économies d'énergie… La problématique globale transversale est rarement présentée. Si c'est à eux de faire la synthèse de l'information reçue, ils ne sont pas toujours en capacité de globaliser les problèmes".
Pour être "motivés", les collégiens doivent constater que ce qu'on leur apprend en classe (les économies d'énergie, la bonne gestion des déchets, la préservation de la biodiversité…) est "réellement pris en charge et appliqué par les collectivités et les entreprises", souligne l'Ademe.
Tripler d'ici 2017 le nombre d'établissements engagés
Il s'agit également d'avantager les produits rechargeables plutôt que jetables : par exemple, porte-mines, stylos plume… plus économiques et écologiques à l'usage. Autre préconisation : privilégier les produits écolabellisés (écolabel européen et marque NF Environnement) qui "garantissent la qualité du produit et un impact environnemental réduit de son cycle de vie".
La feuille de route vise 10.000 projets mettant en œuvre "des démarches globales" pour l'EDD d'ici 2017. "L'objectif est de tripler d'ici la fin de la législature" le nombre d'écoles et d'établissements engagés. Le texte appelle à "généraliser" les sorties et les séjours nature dans le cadre scolaire et des centres de loisirs et de vacances via des partenariats.
Il est également nécessaire de développer l'offre de formation pour les professionnels de l'éducation, de la jeunesse et de la formation. Cela pourrait conduire "à instaurer des modules de formation permanente sur le développement durable, en lien avec les activités majeures de l'entreprise du salarié, et à instaurer des modules « santé/environnement » dans les facultés de médecine", selon la feuille de route. Il s'agit aussi d'introduire l'EEDD au sein de la formation des enseignants mise en place par les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE), à partir de la rentrée scolaire 2014-2015.
Côté nouveaux diplômes "verdissants" : la révision du Bac professionnel environnement nucléaire est prévue pour cette rentrée 2014 "en réponse aux problématiques de maintenance et de démantèlement du parc nucléaire". Le BTS gestion énergétique du bâtiment remplace quant à lui le BTS fluides énergies environnements. Il intègre la domotique et les systèmes numériques intégrés de gestion des énergies, des fluides et de l'information du bâtiment.