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L'envol de la réparation passe par la baisse des factures et le renforcement de l'attractivité du secteur

La réduction des factures grâce au fonds spécial est jugée essentielle au développement de la réparation. Mais la filière devra aussi renforcer son attractivité, notamment pour répondre aux besoins en recrutement.

Déchets  |    |  P. Collet
L'envol de la réparation passe par la baisse des factures et le renforcement de l'attractivité du secteur

La réduction du coût des réparations est un facteur clé pour atteindre les objectifs fixés par les pouvoirs publics. Mais, au-delà d'un soutien financier, les acteurs du secteur attirent l'attention sur les besoins en termes d'attractivité. Il s'agit à la fois d'augmenter l'offre et d'assurer le renouvellement des effectifs. Tels sont les principaux points abordés à l'occasion d'une table ronde sur la construction de la filière réparation organisée, le 10 mai, par la Compagnie du SAV.

Les Français se disent prêts

Les études de l'Agence de la transition écologique (Ademe) ne cessent de souligner l'intérêt de la réparation. Elles montrent notamment que la fabrication des produits est prépondérante dans le calcul de leur empreinte environnementale. Par exemple, une télévision nécessite 2,5 tonnes de matières pour sa fabrication et cette étape représente 82 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées au cours de sa vie. Les chiffres sont tout aussi édifiants pour la plupart des équipements électriques et électroniques (EEE). L'allongement de la durée de vie, en réduisant le recours au neuf, est donc jugé essentiel pour réduire cette empreinte. Autre avantage, économique cette fois, l'allongement d'un an de la durée de vie des EEE permettrait aux ménages français d'économiser 27 milliards d'euros.

Et les Français se disent prêts à franchir le pas : 81 % ont une bonne image de la réparation et 85 % envisagent d'y recourir. Mais, dans les faits, seulement 30 % le font. Le nouvel agrément des éco-organismes de la filière fixe un objectif indicatif de progression de 20 % des réparations, afin d'atteindre 12 millions d'interventions en 2027. « La dynamique est positive depuis deux ou trois ans », constate Erwann Fangeat, de la direction circulaire et déchets de l'Ademe. Toutefois, plusieurs questions doivent être résolues pour amplifier la dynamique.

“ Si la facture représente plus du tiers du prix du neuf, les Français ne réparent pas ” Erwann Fangeat, Ademe
Le premier sujet est la réduction du coût de la réparation. « Si la facture représente plus du tiers du prix du neuf, les Français ne réparent pas », explique Erwann Fangeat. Or, les réparateurs sont confrontés à un problème de taille : leurs coûts sont relativement stables, alors que le prix des produits neufs ne cesse de baisser. Le fonds réparation va répondre à cet enjeu en finançant un « bonus réparation » de l'ordre, par exemple, de 20 euros pour la réparation d'un four micro-ondes (soit environ 36 % du coût complet moyen d'une réparation) ou 25 euros pour un lave-linge (21 % du coût d'une réparation). Ces montants sont justement fixés de sorte à abaisser la facture dans une zone de prix incitative pour le consommateur, expliquent les éco-organismes. Au total, ce sont 410 millions d'euros qui seront ainsi versés en six ans aux réparateurs pour réduire les factures de leurs clients.

Attirer des employés et des investisseurs

Au-delà de l'aspect financier, la filière doit surtout recruter. On estime qu'il y a environ 20 000 entreprises de réparation en France, composées à 70 % d'entreprises de un à deux salariés. Il faudrait recruter entre 3 500 et 4 000 réparateurs pour accompagner la hausse attendue des réparations, estime Nathalie Yserd, directrice générale d'ecosystem. Et ce recrutement doit aussi satisfaire un besoin de montée en compétence des réparateurs pour répondre à la dissémination du numérique dans les équipements. Il en va de la qualité des réparations, un critère essentiel aux yeux des consommateurs.

Le secteur doit aussi être vigilant à la pyramide des âges, alerte Laurent Falconieri, directeur général de la Compagnie du SAV. Quelque 2 000 à 2 500 départs à la retraite sont attendus dans les années à venir, ce qui soulève la question de la reprise de nombre de PME. « Il faut garantir la rentabilité des entreprises », estime-t-il, précisant que certains acteurs quittent le domaine de la réparation des équipements électroménagers pour aller vers des secteurs plus rentables. Le fonds de réparation pourrait en partie répondre à cette attente. Les pouvoirs publics tiennent à ce que les sommes versées aux réparateurs se traduisent par une baisse des factures des consommateurs. Un observatoire y veillera. Mais pour le président d'Ecologic, une part des sommes versées pourrait être employée pour améliorer la marge des entreprises. Parce que les acteurs conviennent que les progrès ne seront pas au rendez-vous sans elle.

D'autant que l'enjeu n'est pas uniquement lié au renouvellement des entreprises et des effectifs. Rendre le secteur plus attractif, c'est aussi assurer un maillage correct du territoire pour garantir un service de proximité et réaliser les interventions dans des délais convenables. Le premier point renvoie indirectement au coût de la réparation, puisque le déplacement participe à la facture. Le second incite à la réparation : il est difficile de convaincre un consommateur si le délai de remise en état de marche du produit est trop long.

Tensions sur le prix des pièces détachées

La visibilité de la filière constitue un autre enjeu. La labélisation QualiRépar, mise en place par les éco-organismes pour valider la qualité des prestations des réparateurs soutenus par le fonds réparation, apporte une réponse. « Il permet de construire la confiance », explique René-Louis Perrier, président d'Ecologic. Pour Laurent Falconieri, directeur général de la Compagnie du SAV, cela permet de « distinguer les vrais réparateurs de ceux qui n'ont pas investi ». La directrice générale d'ecosystem précise que « plusieurs centaines de demandes ont été enregistrées » depuis le lancement du label, en avril dernier.

Un dernier point important pour développer la réparation est l'accès aux pièces détachées. Le sujet a donné lieu à un important travail législatif et réglementaire au cours des dernières années, tant sur le plan national qu'européen. Ces travaux, qui se poursuivent, visent à garantir cet accès, à informer les consommateurs et à permettre le recours aux pièces d'occasion. Aujourd'hui, il n'y a pas de réel problème sur l'accès à proprement parler, explique le directeur général de la Compagnie du SAV. En revanche, leur prix, dopé par l'inflation, devrait augmenter dans les mois qui viennent. « On sent un début de tension », constate le directeur général. Les pièces d'occasion pourraient constituer une alternative. Mais, pour cela, il faut un cadre qui définisse les pièces éligibles, défend le professionnel. Objectif : réduire le risque de panne après réparation et, surtout, le risque électrique.

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