Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Réseau électrique : France Stratégie plaide pour une lente décentralisation

Le réseau électrique devrait enclencher une lente décentralisation, estime l'institution rattachée au Premier ministre. Mais les pouvoirs publics ne doivent encourager que les boucles locales efficaces d'un point de vue économique.

Energie  |    |  P. Collet

Jusqu'à quel point la France a-t-elle intérêt à maintenir un réseau électrique centralisé ? France Stratégie tente de répondre à cette question dans une note (1) publiée début janvier. Trois options s'offrent à la France : le maintien du système centralisé actuel, la mise en place d'un modèle totalement décentralisé et, enfin, un système hybride où coexisteraient un réseau centralisé et des boucles locales. L'institution rattachée au Premier ministre soutient la troisième option, mais elle met en garde l'exécutif : cette décentralisation partielle n'est acceptable qu'à condition que le contribuable ne finance pas des boucles locales non compétitives, alors que la collectivité supporterait le coût du maintien de la sécurité d'approvisionnement.

Un réseau centralisé ne s'impose plus forcément

"Il est désormais possible d'imaginer un monde où la production se ferait au plus près des consommateurs, directement sur le toit de leur maison ou via des regroupements de taille diverse (résidences, écoquartiers, communes, etc.)", constate France Stratégie. Par ailleurs, "de nombreux Français" aspirent à l'autonomie énergétique et "souhaitent adopter des comportements plus vertueux et plus sobres". Dans ces conditions, la question de l'avenir des réseaux électriques centralisés se pose ouvertement.

Pour évaluer les choix qui s'offrent à la France, l'institution rattachée au Premier ministre s'est tournée vers l'Allemagne, la "pionnière de la révolution énergétique". L'exemple est d'autant plus intéressant que le pays a déjà engagé le tournant vers un modèle décentralisé. Quels sont les défis auxquels est confrontée l'Allemagne ? Tout d'abord, elle doit renforcer sont réseau de transport parce que les gisements éoliens sont éloignés des grands centres de consommation. Cela pose une première contradiction : "la transition énergétique n'œuvre pas ici pour l'autonomie des Länder mais les rend paradoxalement plus dépendants les uns des autres et les soumet à plus de régulation fédérale". L'Allemagne fait aussi face à un autre problème de taille : elle "éprouve la plus grande difficulté à diminuer ses émissions de CO2 et à sortir du charbon". Cette énergie fossile "reste perçue par la population comme une énergie locale pourvoyeuse d'emploi", avance la note.

De lourds investissements

Qu'en penser pour la France ? L'évolution technologique rapide rend la prédiction délicate, mais "dans tous les cas, les pouvoirs publics se devront d'investir, de favoriser l'innovation, d'arbitrer en matière de normes techniques et de contrôler le secteur en recourant par exemple aux instruments tarifaires".

Faut-il maintenir le système électrique centralisé actuel ? Cette première option "est la plus sûre à court terme, mais elle risque de se révéler intenable à long terme". Pour cela, il suffit de définir le rythme de développement des renouvelables et leur localisation optimale. La progression des renouvelables est pilotée en fonction d'une série de facteurs tels que le coût ou la localisation des gisements. Cette option imposerait aux gestionnaires de réseau un peu plus de 30 milliards d'euros d'investissement en quinze ans. Reste qu'elle présente un risque à plus ou moins longue échéance si les Français se tournent vers l'autoconsommation.

Peut-être est-il préférable de s'orienter vers un modèle totalement décentralisé ? Cette solution est "coûteuse, voire irréaliste à court terme, mais (…) probablement viable à long terme". France Stratégie affiche un jugement alambiqué : le modèle est "par nature moins égalitaire", mais il "correspond à la demande sociale". Pour que ce modèle se développe, il faut laisser la possibilité de réaliser localement les choix énergétiques et s'appuyer sur des boucles locales quasi autonomes. Cette stratégie a deux implications fortes : elle impose la fermeture de la plupart des installations centralisées, notamment nucléaires, et elle s'appuie sur une nouvelle solidarité entre les métropoles et le territoire qui les entoure. Le succès dépend ici du développement du stockage intersaisonnier de l'électricité à un coût raisonnable. De même, les consommateurs doivent accepter de réguler leur demande en fonction de la rareté de l'offre. Le coût n'est pas affiché, mais la note explique qu'en toute logique les investissements devraient être majoritairement portés par les collectivités locales.

La solution la plus confortable

Reste alors la solution "sans doute la plus confortable" : un système hybride à mi-chemin. "Ce modèle offre l'avantage de mieux répondre à la demande sociale tout en continuant d'assurer la sécurité d'approvisionnement", explique la note. Il repose sur le maintien d'un réseau électrique centralisé et la possibilité offerte aux citoyens de se regrouper au sein de microgrids de taille diverse. Si ce modèle est confortable, il a toutefois un défaut : il coûte très cher car il impose une capacité de production structurellement excédentaire. Il implique donc la création de réserves stratégiques pour maintenir en service des unité de production non rentables afin d'assurer l'équilibre du système. En Allemagne, "entre 2008 et 2016, seuls 12 GW d'installations de production centralisée, dont 9,5 GW nucléaires, ont été arrêtés alors que près de 80 GW ont été mis en service", illustre la note.

France Stratégie, qui privilégie ce scénario, conclut par un avertissement : "le risque à éviter est de voir le contribuable financer via des subventions ou des investissements publics l'équipement d'une entité locale qui se transformerait en producteur d'électricité non compétitif, tout en faisant supporter les coûts du maintien de la sécurité d'approvisionnement au reste de la collectivité". En clair, les expérimentations locales ne peuvent être acceptées qu'à condition d'avoir démontré leur pertinence économique.

1. Télécharger la note
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-28309-rapport-reseau-france-strategie.pdf

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question au journaliste Philippe Collet

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Multitec® BioControl : analyseur de biogaz à poste fixe et mobile SEWERIN
Hydrogène : stockez l'énergie verte produite sur votre territoire VDN GROUP