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L'alliance pour les sciences de la mer : du réseau national au réseau mondial

Les 28-29 septembre, l'Ifremer a organisé un colloque international autour de l'alliance pour les sciences de la mer. Un “anniversaire action” organisé à l'occasion des 25 ans de l'Institut, pour plonger dans l'avenir de la recherche sur ce domaine.

Biodiversité  |    |  C. Saïsset
   
L'alliance pour les sciences de la mer : du réseau national au réseau mondial
© ClichGliss
   
Près de 300 scientifiques et directeurs d'organismes de recherche dans le domaine des sciences de la mer se sont réunis au sein du Muséum National d'Histoire Naturelle, en cette fin de septembre pour fêter les 25 ans de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Cet Institut trouve son origine dans le Service Technique des Pêches Maritimes né en 1861 ''d'une requête impériale pour faire face à la disparition des huîtres, qui a donné lieu à la création des premières plate-formes d'Arcachon et de Concarneau'', a tenu à préciser Valérie Pecresse, la ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche dans son discours de clôture. Ce Service a évolué vers l'ISTPM, l'Institut des Sciences et Techniques des Pêches Maritimes consacré à l'industrie des pêches maritimes et à l'exploitation des richesses de la mer. Tandis qu'un siècle plus tard, naissait la branche fondatrice de l'océanographie française avec le CNEXO, le Centre National pour l'Exploitation des Océans. L'Ifremer est né de la fusion de ces deux organismes en 1984.
Cet ''anniversaire action'' fut l'occasion pour les scientifiques de revisiter l'organisation des sciences de la mer et de faire un point sur l'état des connaissances aux vues des préoccupations actuelles : changement climatique, interaction océan/climat, préservation et exploitation des ressources marines vivantes (pêche, aquaculture, biodiversité), flotte commerciale, gestion des zones côtières, financement et utilisation des outils de recherche (flotte océanographique, plate-formes de recherche marine flottante ou côtière)... Les énergies marines n'étaient en revanche pas vraiment au coeur des discussions.

Une vision parcellaire de l'état actuel des mers et océans

En Mer noire, les Anchois ont disparu, a priori à la suite d'un sur-apport d'effluents de nitrates et de phosphates. Au large de la côte Est de l'Ecosse, les scientifiques observent l'augmentation simultanée à la fois des populations de phoques gris et de la mortalité des morues, sans pour autant qu'il y ait consensus scientifique entre ces deux évolutions. ''Les phoques gris viennent se nourrir sur les côtes comme au supermarché !, raconte Michael Sinclair, directeur des pêches et Océans Canada. A l'avenir, ce sont eux qui vont structurer l'écosystème''. En Méditerranée, les sites d'aquaculture ont augmenté de 10 % depuis 1990. Une étude est en cours pour les identifier selon des critères de durabilité, avec beaucoup de contraintes juridiques étant donné le grand nombre de zones territoriales en cette mer. A travers la planète, il existe 8.000 plate-formes d'observation du Changement Climatique. ''Mais la fiabilité pour l'avenir n'est que de 60 %, estime Richard W. Spinrad, administrateur de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) américaine. Avec les flotteurs du réseau international Argo, au nombre de 3.000 actuellement, on passe à 90 %''. Et d'encourager la communauté internationale à investir dans 800 flotteurs supplémentaires par an, et à mettre en oeuvre un système de suivi satellitaire. Pour améliorer la connaissance des courants marins, les flotteurs Argo ne suffisent pas non plus. ''Il faudrait aussi pouvoir disposer de données issues des profondeurs sous-marines, à moins de 2.000 mètres'', précise Patrick Vincent, directeur des Programmes et de la coordination des Projets à l'Ifremer. Pour arriver à créer d'ici 2012 un système opérationnel pour les utilisateurs côtiers et ceux impliqués dans la lutte contre le changement climatique, de nombreux progrès restent à réaliser en terme de modélisation de prévisions océanographiques, atmosphériques..., capables de rendre compte à grande échelle des influences à très petite échelle et inversement. Pour évaluer l'augmentation de l'acidification des océans, qui s'élève à 30% au Nord-ouest des Etats-Unis, ''l'unique bouée capable de mesurer à la fois le CO2 et le pH de l'eau ne suffit pas, estime Richard W. Spinrad. Il faut faire d'autres observations, avec des paramètres différents, pour répondre au développement économique et environnemental''.

Besoin de moyens supplémentaires

''L'alliance des sciences de la mer est une opportunité pour nous, chercheurs français, d'investiguer dans un domaine qui nécessite des moyens'', estime Françoise GAILL, directeur scientifique de l'Institut écologie et environnement (INEE) du CNRS. Plate-formes analytiques, observatoires pérennes de l'environnement (avec des variables allant de données physico-chimiques à l'écologie), navires d'observation et de forages profonds, etc. Il reste un gros travail à faire sur les moyens, estiment les scientifiques, y compris sur la formation d'écophysiologistes et de taxinomistes (science de la classification des êtres vivants) dont ''l'érosion est très inquiétante''.

Alors que l'Union européenne vient de lancer le projet européen EUROFLEETS dont l'objectif est de coordonner et de permettre un accès transnational des flottes océaniques et de recherche (19 navires), la ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche profite de ce colloque pour annoncer : ''le comité stratégique de la flotte océanique doit se traduire sur le plan opérationnel de telle sorte qu'il devienne une grande infrastructure de recherche, avec une unité opérationnelle comprenant vaisseaux et sous-marins. Nous devons faire de la flotte un bien commun au service de la mer, y compris aux opérateurs privés qui devront alors payer le coût complet des jours mers.'' Un résultat espéré par Jean-Yves Perrot, Président Directeur Général de l'Ifremer.

Pour les scientifiques, un moyen d'obtenir des financements de recherche est aussi d'offrir des services sur les impacts environnementaux aux acteurs de la vie économique susceptibles de les utiliser et aux décideurs. Justement présent dans la salle, le sénateur-maire René Vestri s'étonne de la décision de la Communauté européenne, supportée par la France, de rejeter la proposition d'inscrire le thon rouge sur la Convention sur le Commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), ''alors que les scientifiques s'accordent à dire que cette espèce est menacée d'extinction''. La réponse immédiate et celle qui suivra le lendemain attestent d'une absence de consensus scientifique sur l'extinction de cette espèce, certain privilégiant un manque de régulation entre stock et exploitation, d'autre attestant de la disparition effective de cette espèce en mer du nord. ''La biodiversité augmente en Europe, avec la disparition de grosses espèces et l'apparition de plus petites, estime Carlo Heip, directeur du RNISR (Pays-Bas) qui a coordonné le réseau européen d'excellence MarBEF (Marine Biodiversity and Ecosystem Functioning), de connaissance et d'expertise sur la biodiversité marine, dissous en avril 2009. 31.455 espèces marines des eaux marines européennes sont maintenant connues, a-t-il précisé. Et plus de 136 nouvelles espèces ont été découvertes, alors qu'elles étaient inconnues avant le lancement de ce réseau d'excellence''. La vie marine reste malgré tout une ''Terra Incognita'', dont l'inventaire passera peut être par la création d'un réseau d'observatoires, à condition qu'il soit réparti sur toutes l'Europe, en lien avec le autres réseaux et observatoires déjà existants, européens, américains et japonais. ''C'est une course contre la montre ! Au rythme actuel, il faut encore mille ans pour décrire ce qui nous entoure déjà !'', a déclaré Gilles Boeuf, président du MNHN, dépositaire des collections nationales françaises (70 millions de spécimens), avec un séquençage d'une trentaine de gênes pour chaque espèce recensée.

La Directive cadre sur l'environnement marin

Le lancement de la Plate-forme intergouvernementale science-politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem services, IPBES), est annoncée pour l'année 2010, année internationale de la biodiversité. ''Ce dont nous avons besoin, c'est d'une véritable évaluation globale de l'environnement marin, avec des avis scientifiques sur l'impact des activités humaines, en terme de pollution des mers, d'activités maritimes menacées, du risque de disparition du phytoplancton, etc.'', confie un représentant de la direction générale de la recherche de la Commission européenne. Le projet est à l'état embryonnaire au niveau des Nations Unies. Avec la Directive Cadre sur l'environnement marin adoptée en 2008, l'Union européenne pourrait être force motrice dans ce projet. En effet, cette Directive Cadre oblige les Etats impliqués dans un même bassin maritime à organiser une concertation entre les différents acteurs pour que soient définis d'ici juillet 2012 les critères de ''bon état écologique'' propres à chaque bassin maritime. L'objectif étant d'atteindre le ''bon état écologique'' d'ici 2020 sur ces bassins maritimes qui s'étendent des côtes jusqu'aux Zones Economiques Exclusives ''ZEE''.

Réactions1 réaction à cet article

bnjr je suis etudiante en science de la mer et j aimerai bien etre au courant de toutes les actualités de votre recherche scientifiques.merci

soussou sousam | 04 février 2013 à 22h21 Signaler un contenu inapproprié

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