En 2005, pour chauffer leurs abonnés, les réseaux de chaleur utilisaient 74% d'énergies fossiles et 26% d'énergies renouvelables et de récupération (ENR&R). En 2014, les ENR&R ont représenté 50% du mix des réseaux de chaleur, révèle le Syndicat national du chauffage urbain (SNCU) après avoir enquêté auprès de 600 réseaux, représentant 4.738 km de tuyaux et 22.769 GWh de chaleur (2 millions équivalent logements).
Plus précisément, 27% du bouquet énergétique des réseaux de chaleur provenait des unités de valorisation énergétique, 18% de la biomasse, 3% de la géothermie et 2% des autres énergies de récupération (chaleur fatale des industries, eaux usées ou data centers).
"Il s'agit d'une hausse constante et rapide qui s'est d'ailleurs accélérée ces dernières années : 77% des réseaux -82% pour les livraisons de chaleur- utilisent désormais des énergies vertes pour produire de la chaleur", souligne le syndicat. Le gaz reste majoritaire dans le mix fossile, alors que le fioul a baissé de 13% en 2005 à 3% en 2014.
Contribuer aux objectifs de la transition énergétique…
Pourtant, regrettent le SNCU et Amorce, "cette solution de chauffage ne couvre actuellement que 6% des besoins. Un renforcement des dispositifs de soutien est donc nécessaire pour raccorder davantage de bâtiments et atteindre l'objectif de multiplication par cinq de la chaleur renouvelable (facteur 5) prévu par la loi de transition énergétique". A l'horizon 2030, la loi prévoit que les ENR&R couvrent 3,4 Mtep, avec un objectif intermédiaire de 1,35 Mtep en 2018. Les réseaux de chaleur ont livré 0,96 Mtep de chaleur renouvelable en 2014.
Pour réaliser ce facteur 5, six à huit millions de logements devront être raccordés à un réseau de chaleur, estime Amorce. "Or, le secteur fait actuellement face à un ralentissement brutal du nombre de projets, notamment en raison du faible prix des énergies fossiles. Trop peu de projets sont actuellement en cours pour rester sur la trajectoire qui permettra d'atteindre nos objectifs de transition énergétique".
… à moindre coût ?
Les réseaux constituent pourtant une des solutions de chauffage les plus compétitives, insiste Amorce. "En 2015, le coût global de chauffage d'un logement type correspondant au parc social moyen alimenté par un réseau de chaleur vertueux (diffusant au moins 50% d'énergies renouvelables) était de 1.158 € TTC, soit autant que pour un logement équivalent alimenté par un chauffage collectif au gaz".
En moyenne, le prix de vente de chaleur par les réseaux a été de 68,3 € HT/ MWh. Ce prix moyen est de 69 € lorsque le réseau est majoritairement alimenté par de la biomasse, 74,5 € par du gaz naturel, 71,4 € par du gaz naturel avec cogénération, 67,3 € par la géothermie et 64,8 € par de la chaleur fatale. "Les réseaux utilisant majoritairement les énergies renouvelables sont en moyenne plus compétitifs que ceux utilisant du gaz, avec ou sans cogénération", souligne Amorce, ajoutant : "Les réseaux utilisant la biomasse correspondent pour certains à des réseaux de territoires ruraux pour lesquels l'énergie de référence [fioul, propane ou électricité, ndlr] est plus chère que le gaz".
Un soutien plus fort est nécessaire
Pour accélérer le déploiement de réseaux de chaleur, Amorce et le SNCU demandent un maintien de la TVA à taux réduit à 5,5% pour les plus vertueux, un éco-prêt à taux zéro et un Crédit d'impôt transition énergétique opérationnels pour les coûts de raccordement.
Ils souhaitent également un renforcement des aides du Fonds chaleur, "qui a démontré son efficacité et a d'ores et déjà contribué à la création de 1.200 km de nouvelles canalisations depuis son lancement en 2009". Cette aide, souligne Nicolas Garnier, délégué général d'Amorce, revient à 3€/MWh sur toute la durée de concession d'un réseau de chaleur, soit dix fois moins que les soutiens publics à l'électricité renouvelable.
Un prix carbone plus élevé permettrait aussi de rendre les réseaux vertueux plus compétitifs, analyse Amorce, qui plaide pour une hausse de la trajectoire de la contribution climat-énergie, prévue à 30,50 € par tonne de CO2 en 2017, 56 € en 2020 et de 100 € en 2030.
Les deux organisations appellent également la ministre de l'Environnement Ségolène Royal à lancer un appel "Une ville, un réseau" pour financer des études de faisabilité pour créer un réseau de chaleur vertueux dans les 250 agglomérations de plus de 20.000 habitants qui ne possèdent pas encore une telle installation ou agrandir les réseaux existants.