"Notre méthodologie vise à améliorer la gestion des réseaux dans un contexte budgétaire plus difficile avec une vision à moyen terme", pointe Marie Colin, responsable de projet résilience et infrastructures au Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema). Cet outil a été développé dans le cadre du Plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc). L'idée est d'aider les gestionnaires à identifier et hiérarchiser les vulnérabilités des réseaux de transport face à des événements climatiques.
Cette méthodologie se décompose en plusieurs étapes. Tout d'abord, la définition des besoins du gestionnaire du réseau et le territoire à étudier. Chaque type de composant est détaillé : revêtement, ouvrages d'art, etc. Ensuite, les aléas qui ont impacté le réseau dans le passé sont identifiés : par exemple la submersion marine, les vents forts, les feux de forêt, la canicule, etc. La fréquence et l'intensité de ces derniers sont évaluées et une projection de leur évolution dans le futur est réalisée.
Le Cerema étudie ensuite l'impact de l'aléa sur la fonctionnalité de l'infrastructure. "Dans le cas d'une inondation qui va couper un axe, nous évaluons l'enjeu économique en nous basant notamment sur le trafic de l'axe", précise Marie Colin.
Le gestionnaire dispose ainsi au final de cartes de vulnérabilité ou de criticité d'exposition et pourra ensuite identifier des solutions d'adaptation.
Une mise en application sur un réseau de 750 km
Pour vérifier que cette méthodologie était applicable, le Cerema l'a testée sur les plus de 750 km de routes et un millier d'ouvrages d'art du réseau de la Direction interdépartementale des routes Méditerranée.
"Nous avons pu mettre en évidence les zones les plus sensibles à l'évolution des précipitations ou aux canicules par exemple, illustre Marie Colin. Sachant qu'une route dégradée peut être plus sensible à l'infiltration, pour éviter de gros travaux, il faudra mener des réparations plus fréquentes du revêtement de la route".
La méthodologie est aujourd'hui appliquée sur d'autres réseaux routiers, et le Cerema développe une approche par indicateurs pour caractériser l'impact des aléas sur les différents composants routiers. Il prévoit également de développer un outil d'analyse économique pour prioriser les solutions d'adaptation.