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Actu-Environnement

Les réseaux de chaleur passent au bois

Confrontés à des énergies fossiles plus chères et à des obligations en termes de réduction d'émissions de CO2, les réseaux de chaleur sont séduits par le bois-énergie même si, pour l'instant, la filière doit encore être subventionnée.

Energie  |    |  F. Roussel
Par définition un réseau de chaleur est constitué d'une ou plusieurs chaufferies qui alimentent en chaleur, grâce à un caloporteur et un réseau de tuyauterie, des bâtiments industriels, tertiaires ou d'habitations. Ces réseaux peuvent être soit de type communal de petites tailles avec une puissance inférieure à 1 MW, soit de type urbain de grande taille (550 MW) capable de chauffer des villes entières. Ces installations présentent l'avantage de libérer l'utilisateur final des contraintes d'entretien et d'approvisionnement en combustible. De plus, elles sont en général optimisées, plus simple à entretenir et moins coûteuses que plusieurs chaufferies individuelles.
La France compte actuellement environ 450 réseaux de chaleur. 33% d'entre eux ont une puissance inférieure à 500kW, 27% entre 500kW et 1500 kW, 16% entre 1500 kW et 3000 kW et 24% une puissance supérieure à 3000 kW. Ces réseaux de chaleur desservent en majorité des résidences. Ils sont le plus souvent alimentés par plusieurs énergies comme le gaz, le fioul, les déchets urbains, le bois ou le charbon et la vapeur est le principal fluide caloporteur utilisé.

Mais confrontés à des énergies fossiles de plus en plus chères et à des obligations en termes de réduction d'émissions de CO2 dans le cadre du Plan National d'Allocations des Quotas, les réseaux de chaleur sont de plus en plus enclins à utiliser le bois-énergie. Rappelons que la loi de programme et d'orientation sur l'énergie a fixé un objectif d'augmentation de 50% de la contribution des énergies renouvelables à la production de chaleur en France d'ici 2010. Concrètement, cela signifie que cette contribution doit passer de 9,7 millions de tep en 2005 à 14,5 millions de tep en 2010. À cet effet, une série de mesures incitatives ont été progressivement mises en place. La TVA sur les abonnements aux réseaux de chaleur quels qu'ils soient a été abaissée de 19,6% à 5,5 %, comme pour les abonnements aux réseaux de gaz et d'électricité. De plus, pour les réseaux approvisionnés majoritairement aux énergies renouvelables, la TVA sur la vente de chaleur a également été abaissée à 5,5 %.

Ainsi, les réseaux de chaleur représentent désormais une filière de développement prometteuse pour le bois-énergie. Actuellement 75 réseaux de chaleur sont alimentés au bois et couvrent entre 70 et 80% des besoins annuels des bâtiments qui leur sont raccordés. Les motivations des gestionnaires pour choisir ce combustible sont nombreuses : prix moins sensibles au cours du pétrole, développement d'une économie locale, contribution à la réduction des émissions de CO2 et économies pour les usagers. Ce fût le cas pour la petite ville d'Egleton dans le Massif Central dont le réseau de chaleur au bois a été mis en service en novembre 2006. Une puissance totale de 18,4 MW est installée dont 6,4 MW de chaudières bois. Un réseau de chaleur de 4,2 km de long permet de distribuer les 18.000 MWh consommés tout au long de l'année par plusieurs établissements d'enseignement (IUT, Lycée, Collège), plusieurs sites industriels et bientôt les bâtiments communaux (piscine, salle des fêtes). L'installation consomme environ 6.000 tonnes de déchets de panneaux de bois et de scierie. Les deux sociétés productrices seront raccordées au réseau. Un bâtiment couvert d'une capacité de 2.500 m3 de bois permet d'abriter et de sécher les approvisionnements bois. Ils seront ensuite mélangés afin d'obtenir, tout au long de l'année, un ensemble homogène en granulométrie, humidité et pouvoir calorifique pour alimenter les silos des chaufferies. Selon les premières estimations, il semblerait que la mise en place du réseau de chaleur ait permis de réduire le prix d'achat de la chaleur pour tous les usagés du réseau. Le gestionnaire de l'installation, en l'occurrence la société EBENE* créée pour porter cette délégation de service public, revends le MWh entre 43 et 45€HT. La présence d'industries sur le réseau garanti des besoins élevées tout au long de l'année. Par conséquent alors que la plupart des réseaux de chaleur s'arrêtent en été, celui d'Egleton continuera à produire de la chaleur ce qui améliorera sa rentabilité.

Cependant, les réseaux de chaleur au bois ont encore quelques difficultés à surmonter. À l'heure actuelle, le coût d'installation d'une chaufferie bois reste 3 à 4 fois supérieur à celui d'une chaufferie au gaz ou au fioul. Les économies réalisées sur l'achat du combustible ne suffisent pas à équilibrer le surcoût d'investissement. Avec un prix de vente approchant les 49€HT/MWh, le gaz naturel est en effet un concurrent sérieux pour le bois dont le MWh restitué oscille entre 42 et 56 €HT selon les réseaux de chaleur. Une aide à l'investissement est donc encore nécessaire et peut représenter entre 30 et 80% du coût total de l'installation.
Du côté de l'approvisionnement en bois, la demande est encore légère par rapport au potentiel, estimé à 50 millions de mètres cubes par an, mais il manque encore une certaine organisation. Selon l'ADEME, la filière s'est améliorée : avec plus de 60 sociétés organisant et livrant du bois combustible, plus de 300 organisations institutionnelles et professionnelles intervenant sur ce marché, la filière Bois Energie est devenue une véritable filière structurée, profitable et industrialisée. Mais selon Serge Defaye, président du Comité interprofessionnel du bois énergie (CIBE), l'approvisionnement se fait encore au cas par cas, il faut désormais des structures régionales pour faciliter la mise en relation. Le CIBE craint également que la ressource en bois ne soit pas utilisée à bon escient. En France, on a une réflexion d'électricien et non d'énergéticien, explique Serge Defaye. On ne doit pas systématiquement faire de l'électricité avec de l'énergie renouvelable, c'est l'usage qui compte. Autrement dit, faire de l'électricité à partir de bois pour ensuite brancher des radiateurs électriques dans des appartements est une aberration énergétique. Même avec la cogénération, il convient d'abord de penser chaleur car elle représente les deux tiers de l'énergie produite. Pourtant, les appels d'offres récemment lancés par le ministère de l'industrie privilégient la production d'électricité. Ils portent sur une puissance supplémentaire totale de 300 MWé produits à partir de biomasse dont 220 MWé produits à partir d'installations de plus de 9 MWé et 80 MWé pour des unités de puissance comprise entre 5 et 9 MWé. La date limite de ces appels d'offres est fixée au 9 août 2007.

* filiale de ADELIS et de IDEX
Caractéristiques du projet :
Production totale de chaleur : 18 000 MWh
Puissance bois installée : 6,4 MW
Production de chaleur par le bois : 16 000 MWh
Consommation annuelle de bois : 6 000 tonnes
Production de cendres : 150 tonnes/an
Substitution d'énergies fossiles : 1 700 tonnes équivalent pétrole
Investissement total : 4 870 000 €
Subventions publiques : 2 370 000 €

Réactions1 réaction à cet article

Bonjour
N'étant pas thermicien,quand est il de la chaleur dégagée par le réseau enterré(pertes).Pousse t il des bananiers?
Plusieurs moyennes chaudières coutent elles plus qu'une grosse avec réseau enterré?
Quelle utilisation pour la cendre?
Merci

bipbip | 25 novembre 2012 à 18h55 Signaler un contenu inapproprié

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