L'incendie survenu, le 16 août 2021, dans la réserve naturelle de la plaine des Maures a exacerbé les tensions qui préexistaient entre les parties prenantes du territoire. Après l'annonce du département du Var de son retrait de la gestion de cet espace protégé, la ministre de la Transition écologique et sa secrétaire d'État à la Biodiversité avaient missionné le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD), en octobre dernier, afin d'assurer « la restauration et la bonne gestion dans le temps » de cette réserve de 5 700 hectares. Créée en 2009, cet espace, d'une très riche biodiversité, abrite l'emblématique tortue d'Hermann.
Le CGEDD a publié, le 25 avril, son rapport de mission, daté du mois de mars, dans lequel il émet onze recommandations à l'attention de l'État, des collectivités territoriales et du futur gestionnaire de la réserve. Les principales tensions, rapportent les auteurs, portaient sur « la prééminence de l'activité de police, le déficit de dialogue et de concertation, et les modalités de prise en compte de la biodiversité dans les travaux, notamment de défense des forêts contre l'incendie (DFCI) ». Face à ce constat, ils recommandent d'inscrire la réserve dans un projet de territoire en développant « des solidarités écologiques et économiques ». La mission voit d'ailleurs dans le projet de création d'un parc naturel régional par la Région une opportunité.
Elle estime que les activités de pastoralisme, de gestion forestière et de viticulture peuvent être favorables à la biodiversité et à la prévention contre les incendies « si elles empruntent des itinéraires techniques appropriés ». Quant aux travaux de défense contre l'incendie, elle recommande la réalisation d'un plan intercommunal de débroussaillement et d'aménagement forestier (Pidaf) centré sur le périmètre de la réserve. Sur le volet répressif, la mission préconise de hiérarchiser les atteintes au milieu naturel : « La place de la police doit être repensée, avec une approche plus progressive pour les infractions n'ayant pas d'impact direct sur le milieu naturel mais en maintenant une forte mobilisation sur les atteintes à l'intégrité de la réserve. »
Pour le choix du futur gestionnaire, le CGEDD préconise le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt (AMI) sur la base d'un cahier des charges prévoyant une période de transition de deux ans afin que « le futur gestionnaire crée des liens de confiance avec les acteurs du territoire, initie des concertations sur les sujets essentiels identifiés et prépare un projet stratégique ». Deux associations, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et la Société nationale de protection de la nature (SNPN) se sont portées candidates auprès de la ministre de la Transition écologique, tandis que d'autres acteurs, comme le conservatoire des espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d'Azur (CEN Paca), le syndicat mixte de la plaine des Maures ou la Région, ont été envisagés. Mais « aucune des candidatures déclarées ne s'impose naturellement auprès d'une majorité d'acteurs », a constaté la mission avant de préconiser cet AMI.