Dans l'Hérault, une plateforme scientifique est implantée dans la station d'épuration de Murviel-lès-Montpellier depuis 2017, dans le but de réutiliser les eaux usées pour des applications agricoles. Une source d'eau qui sinon rejoint le milieu naturel où elle continue son épuration.
Or, dans cette région, les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents et longs. Dernier exemple marquant, Météo France communiquait sur « le déficit de pluie jamais vu dans les archives météos », mi-avril dernier. L'organisme constatait « une baisse de 60 % des précipitations enregistrées en plaine et sur le littoral du Languedoc entre septembre 2020 et mars 2021 ».
Dans ce contexte, même la vigne souffre d'un déficit hydrique entrainant un ralentissement de la croissance de la plante, un jaunissement du feuillage, une perte de rendement et de qualité de la récolte. D'où l'intérêt croissant pour l'irrigation. Encore faut-il être desservi par un réseau d'eau ou pouvoir pomper l'eau grâce à un forage.
Une autre solution serait d'irriguer les parcelles qui se trouvent à proximité des stations d'épuration avec des eaux usées traitées. En milieu rural, ces stations sont généralement petites et implantées au milieu des champs, donc potentiellement proches des exploitations agricoles. Là où se trouve le besoin en eau. Ce qui offre l'avantage d'une irrigation en circuit court, avec un coût d'investissement moindre dans les canalisations.
Les eaux usées traitées présentent des avantages agronomiques car elles contiennent encore des nutriments, au contraire de l'eau claire. Du coup, l'agriculteur va réduire ses apports d'engrais. Mais il y a aussi tout un ensemble d'autres éléments à contrôler, comme la présence de pathogènes ou de polluants émergents tels les résidus médicamenteux. Regarder le reportage vidéo.
Sur la plateforme scientifique de Murviel-lès-Montpellier, des expérimentations sont conduites, dans le cadre d'un arrêté préfectoral, sur des productions maraichères dans des bacs hors sol, pour faire pousser des salades par exemple, ainsi que sur une parcelle de vigne d'environ 5 000 mètres carrés.
L'idée de ces expérimentations est de caractériser et de conserver les avantages de l'irrigation pour la croissance des plantes, mais aussi d'analyser les potentiels dangers d'un point de vue sanitaire et environnemental, tout en trouvant des solutions d'épuration complémentaires pour limiter ces impacts. L'autre point crucial est technique : les systèmes de goutte-à-goutte s'encrassent plus vite qu'avec de l'eau claire et donc se colmatent plus facilement. Là encore, des solutions sont à l'étude.
Pour que les eaux usées traitées soient adoptées par les agriculteurs, il faut qu'elles soient bon marché. Ces expériences montrent que s'il faut investir dans un système d'épuration supplémentaire trop coûteux, la solution sera écartée. Tout l'enjeu réside dans ce point : trouver un équilibre économique cohérent. Aussi, la réglementation doit prochainement s'harmoniser sur le plan européen et définir, entre autres, les seuils de polluants et de pathogènes à ne pas dépasser pour un usage agricole. Notons qu'en France, à ce jour, il est interdit, hors expérimentation scientifique, d'irriguer une production maraichère avec des eaux usées traitées.