Citeo annonce avoir attribué 17 000 tonnes de pots et barquettes en PET à deux projets de recyclage chimique. En attendant l'inauguration des usines d'Eastman et Carbios, certains de ces déchets seront recyclés mécaniquement par Paprec et Wellman.
Depuis fin 2022, Citeo annonce le lancement de nouvelles filières de recyclage des plastiques peu, mal ou pas recyclés. Objectif : permettre la création d'installations capables d'incorporer des résines recyclées issues des déchets d'emballages plastique dans de nouveaux emballages alimentaires, cosmétiques et médicaux. « Grâce à des technologies innovantes combinant recyclages mécanique, chimique et enzymatique, la majorité des pots et barquettes utilisés pour emballer, par exemple, les charcuteries ou viennoiseries sera recyclée en France dès 2025 pour permettre un retour au contact alimentaire », annonce, ce mercredi, l'éco-organisme de la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) d'emballages ménagers.
Le lot, composé des 17 000 tonnes par an (t/an) de barquettes en polyéthylène téréphtalate (PET), a été attribué, pour une durée de neuf ans, à deux unités de recyclage chimique : celle d'Eastman, sur la zone d'activité « Port-Jérôme 2 » en Seine-Maritime, et celle de Carbios, à Longlaville (Meurthe-et-Moselle). Le canadien Loop, qui projette, lui aussi, de construire une unité d'une capacité de 70 000 t/an sur la plateforme industrielle Chemesis de Saint-Avold (Moselle), n'a pas été retenu.
Près de 12 000 t/an allouées à Eastman
Jusqu'à maintenant, et contrairement aux bouteilles en PET clair, les pots et barquettes en PET ne sont quasiment pas recyclés par voie mécanique. La structure multicouche de certains de ces emballages complexifie leur recyclage. Pour y remédier, Citeo mise sur le développement de procédés de dépolymérisation qui permettent de revenir aux monomères de base et de séparer les éléments perturbateurs.
La majorité des pots et barquettes sera recyclée en France dès 2025 pour permettre un retour au contact alimentaire
Concrètement, 70 % des 17 000 tonnes de pots et barquettes en PET allouées seront pris en charge par Eastman dans l'usine prévue à Port-Jérôme-sur-Seine. Ces 11 900 tonnes apportées par Citeo devraient représenter un peu moins 15 % des besoins d'Eastman en emballages ménagers en PET, sur la base des
chiffres annoncés lors de la concertation préalable. En attendant l'ouverture de l'usine, ces déchets sont attribués à Paprec, qui recyclera mécaniquement, pour un retour au contact alimentaire, la fraction composée des barquettes monocouches.
Initialement, Eastman prévoyait d'implanter en Seine-Maritime, dès 2025, une usine de dépolymérisation par méthanolyse, une unité de production de PET à partir des deux monomères obtenus à l'étape précédente [le téréphtalate de diméthyle (DMT), un dérivé d'acide téréphtalique et de méthanol, et l'éthylène glycol (EG)] d'une capacité de 160 000 t/an et une chaudière de 150 mégawatts (MW). Dorénavant, le projet s'oriente vers une première installation de 110 000 t/an, inaugurée en 2026, suivie d'une seconde de même taille ultérieurement. Cette adaptation, explique l'entreprise américaine à la presse locale, permet de maintenir l'enveloppe de l'investissement initial (un milliard de dollars), alors que l'inflation aurait renchéri de 400 millions d'euros le devis.
Le recyclage enzymatique retenu par Citeo
Le second lauréat est le français Carbios. Comme pour le contrat précédent, le lot est attribué à un groupement qui associe Wellman et Valorplast à l'entreprise spécialisée dans le recyclage enzymatique du PET. Wellman séparera les barquettes monocouches et multicouches et assurera le recyclage mécanique des barquettes monocouches en vue d'un retour à l'emballage alimentaire. Carbios recyclera dans sa future usine de Longlaville les barquettes multicouches.
En mars 2022, Carbios a annoncé sa volonté de déployer à l'échelle industrielle son procédé de biorecyclage du PET. Il visait l'inauguration, en 2025, d'une usine d'une capacité de traitement de 50 000 tonnes de déchets par an.
L'allocation du lot « PET barquette » clôt l'attribution des emballages plastique peu ou mal recyclés répartis en cinq flux, triés à partir du « flux en développement ». Les quatre autres flux sont : 10 000 t/an d'emballages en polystyrène (PS), alloués, pour l'essentiel, à la future usine de pyrolyse d'Indaver à Anvers (Belgique) ; 50 000 t/an de films et sachets en polyéthylène (PE) et polypropylène (PP), attribuées, pour moitié, à l'usine de Machaon à Châlons-en-Champagne (Marne), pour 30 %, au site de TotalEnergies à Grandpuits (Seine-et-Marne) et, pour 20 %, à Indaver ; 33 000 t/an de PET coloré allouées, pour moitié, au site de Paprec à Limay (Yvelines), pour 20 %, à l'usine Suez Atlantique à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) et, pour 20 %, à NorPalPlast à Lesquin (Nord) ; ainsi que 3 000 t/an de PET opaque blanc qui seront recyclées par Paprec à Limay (70 % du lot) et NorPalPlast à Lesquin (30 %).
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Note Accéder à l'article de 76 Actu Plus d'infosArticle publié le 26 avril 2023