
L'enquête porte en effet sur le ressenti des personnes habitant à proximité d'une telle infrastructure et non sur des effets prouvés. Elle révèle néanmoins que 15,8 % des personnes déclarent ressentir un état dépressif, contre 7,9 % des personnes interrogées dont le lieu d'habitation se trouve éloigné d'une ligne THT. 18,1 % des personnes vivant à moins de 300 mètres ont déclaré ressentir des vertiges, contre 10,3 % dans la zone hors THT.
De plus en plus ce sujet fait débat et la charge émotionnelle est forte. Lignes à haute tension, électroménager, téléphonie mobile, WiFi… Les champs électromagnétiques sont omniprésents dans notre environnement quotidien, ce qui inquiète les citoyens. L'électro hypersensibilité, longtemps sujette à caution, commence à être prise en compte par les chercheurs et les politiques. Pourtant aujourd'hui aucune étude scientifique ne peut prouver avec certitude l'impact sanitaire des ondes électromagnétiques.
L'électro-hypersensibilité : fantasme ou réalité ?
Manifestations cutanées, fatigue, nausées, vertiges, difficultés de concentration…De plus en plus de citoyens disent souffrir de divers symptômes qu'ils attribuent à l'exposition aux champs électromagnétiques. On parle alors d'hypersensibilité électromagnétique. D'après les sondages, en Californie, 3,2 % des personnes interrogées se disent électro-sensibles, 6 % en Allemagne, 3,5 % en France…
Si aucune preuve scientifique ne permet de démontrer la relation directe entre ces deux phénomènes, de plus en plus de personnes reconnaissent cette souffrance. Pour Daniel Raoul, sénateur de Maine et Loire (PS) qui réunissait experts et chercheurs jeudi 29 janvier pour une audition publique sur ce sujet, il ne fait aucun doute que l'électro sensibilité constitue un malaise qu'il faudra bien prendre en compte à l'avenir. De nombreuses associations en appellent d'ailleurs au principe de précaution.
Pour le Professeur Belpomme, président de l'ARTAC (association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse), dont les recherches sont axées autour de l'étude des effets sanitaires de la pollution chimique, l'hypersensibilité électromagnétique ne fait aucun doute : les symptômes sont lourdement invalidants. Selon l'association, il existe également deux types de cancers pour lesquels le rôle des champs électromagnétiques apparaît démontré : les leucémies aiguës apparaissant chez les sujets habitant à moins de 200 mètres d'une ligne à haute tension et les tumeurs du cerveau chez les sujets ayant utilisé un téléphone portable au moins une heure par jour depuis plus de dix ans.
Une incertitude scientifique
Certains scientifiques se montrent beaucoup plus prudents. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle qu'aucune preuve scientifique ne permet de démontrer la relation directe entre l'exposition aux champs électromagnétiques et les effets sanitaires. Si aujourd'hui de nombreuses études permettent de démontrer et de mesurer l'exposition aux champs électromagnétiques, rien ne permet encore d'en définir avec certitude les effets sur la santé et l'environnement. La plupart des experts réunis par le sénateur Raoul se prononçaient d'ailleurs pour l'innocuité d'une exposition à une ligne très haute tension. Pour Martin Guespereau, directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFFSSET), c'est une hypothèse de risques.
Pourtant, pour le professeur Jean-Claude Etienne, premier vice président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, ce n'est pas parce qu'on ne comprend pas que ça n'existe pas. Notre réflexion est emplie d'incertitudes. Nous avons à faire valoir ces incertitudes, ces limites. Nous sommes dans une dérive intellectuelle théorisée qui peut avoir des conséquences concrètes dans la société. Nous avons une nécessité de ne pas oublier les incertitudes sous peine de catastrophes.