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Les industriels confrontés à une augmentation des risques technologiques liés aux changements climatiques

L'augmentation des accidents industriels dus à des aléas naturels a nettement augmenté cette dernière décennie en raison de l'intensification des changements climatiques. Les exploitants sont contraints de s'adapter.

Risques  |    |  L. Radisson
Les industriels confrontés à une augmentation des risques technologiques liés aux changements climatiques

Les industriels sont-ils exposés à un risque Natech, c'est-à-dire l'impact des aléas naturels sur les risques technologiques, plus important aujourd'hui du fait des changements climatiques ? Oui répondent trois spécialistes réunis lors d'une table ronde qui s'est tenue ce jeudi 20 mai lors des Rendez-vous majeurs, rencontres dédiées aux risques technologiques majeurs organisées par Amaris (1) et l'Ineris avec le soutien du ministère de la Transition écologique.

Les événements naturels recensés, qui peuvent être géologiques (séismes, tsunamis, éruptions volcaniques), météorologiques (canicule, sécheresse, tempêtes, neige, foudre) ou hydrologiques (précipitations intenses, inondations), sont accentués par les changements climatiques en fréquence et en intensité. « En moins de 40 ans, ils ont été multipliés par deux », explique Thomas Marcon, ingénieur d'études à l'Institut national de l'environnement et des risques (Ineris).

Sur un pas de temps plus réduit, la décennie 2010-2020, Aurélie Baraër, chargée de mission au Bureau analyse des risques et pollutions industriels (Barpi) du ministère de la Transition écologique, confirme une nette augmentation des événements, même si un repli est constaté sur les années 2019 et 2020. Les événements les plus impactants de la décennie ont été les pluies et les inondations.

Le risque foudre apparaît comme le risque le mieux maîtrisé. La preuve ? L'accidentologie liée à ce risque n'a pas augmenté en 2018 bien qu'il s'agisse de l'année ayant connu le plus d'impacts de foudre. Cette même année 2018, l'accidentologie a en revanche triplé par rapport à 2010 en raison des fortes pluies et inondations. L'analyse de l'accidentologie des années 2019 et 2020, toutes deux très chaudes, montre, quant à elle, que les accidents liés à la chaleur sont davantage dus à des événements intenses (2019) qu'à une hausse moyenne des températures (2020).

“ En moins de 40 ans, les événements naturels à l'origine de risques technologiques ont été multipliés par deux.  ” Thomas Marcon, ingénieur d'études à l'Ineris
Les risques de forte chaleur, explique Aurélie Baraër, génèrent des incendies dans la majeure partie des cas avec des dommages matériels et des pertes d'exploitation à la clé. Le risque inondation, quant à lui, conduit la plupart du temps à des rejets de matières polluantes ou à des pertes d'utilités générant des dysfonctionnements dans les process de l'entreprise.

Élaborer des scénarios en fonction des événements identifiés

Alors, que doivent faire les industriels pour prévenir ces risques en forte hausse ? La prise en compte des causes naturelles dans les études de dangers est prévue par la réglementation (directive Seveso 3, code de l'environnement, arrêté du 26 mai 2014 et circulaire du 10  mai 2010), rappelle Thomas Marcon de l'Ineris, même si ces textes permettent aussi aux exploitants d'exclure certains événements naturels initiateurs.

« Il faut d'abord qu'ils identifient les événements naturels pouvant impacter leur installation compte tenu de sa localisation », explique Aurélie Baraër du Barpi. Il est ensuite nécessaire de retenir des événements de référence et de les réévaluer en fonction de l'évolution des risques. Ainsi, explique Benoît Chansou, responsable adjoint HSE du site Michelin Simorep de Bassens (Gironde), l'événement de référence sur la métropole de Bordeaux est la tempête Martin de 1999. Le niveau des eaux a été mesuré sur une station à l'embouchure de la Gironde, niveau auquel a été ajoutée une surcote de 20 cm plus 40 cm liés aux effets du changement climatique.

Il faut ensuite élaborer différents scénarios et anticiper les difficultés qui pourront être rencontrées en prévoyant des mesures d'atténuation des risques. Ainsi, explique Aurélie Baraër, les fortes chaleurs impactent particulièrement les stockages de déchets. Autre exemple : pour le risque inondation, il faudra prendre en compte les difficultés pour les salariés à se rendre sur le site. Enfin, explique la représentante du ministère de la Transition écologique, il ne faut pas oublier d'intégrer les risques identifiés dans les procédures d'exploitation, en prenant par exemple en compte les alertes de Météo France.

Fiches réflexes

Benoît Chansou explique ainsi avoir mis en place des fiches réflexes pour le risque inondation, principal risque Natech identifié sur le site Michelin. La révision du plan de prévention des risques d'inondation (PPRI) a permis de mieux connaître le risque à travers le référentiel inondation Gironde (RIG). « Des technologies de plus en plus pertinentes permettent d'imaginer l'impact sur les installations de manière de plus en plus fine », se félicite le responsable HSE.

Un outil de simulation intégrant plusieurs indicateurs (coefficient de marée, précipitations, vent) permet de connaître le niveau d'eau pouvant être rencontré sur le site en cas d'inondation. Des mesures de protection pourront être mises en œuvre en fonction des niveaux attendus : mise en repli de l'installation, arrêt des flux de produits entrants et sortants, mise en sécurité du site (fermeture de vannes, baisse des températures et des pressions, protection des installations électriques, etc.). « On regarde aussi, avec les services de l'État et la mairie, les voies de circulation qui pourraient être fermées » ajoute M. Chansou.

La formation des personnels et la réalisation d'exercices se révèlent également très importantes. « Ceci l'est d'autant que l'occurrence du risque est faible. Ainsi, une verrerie victime d'une inondation en Ile-de-France en 2016 ne l'avait pas été depuis 1910 », illustre Aurélie Baraër. « On fait des exercices d'inondation et de feu, témoigne Benoît Chansou. On transmet des fiches de scénarios à notre service de secours pompiers sur site et on teste leurs réactions ».

« Les retours d'expérience sont particulièrement importants, insiste le responsable HSE, Ils lui permettent en effet de finaliser les scénarios d'accidents et d'affiner ses fiches réflexes.

1. Association nationale des collectivités pour la maîtrise des risques technologiques majeurs

Réactions1 réaction à cet article

Eh oui, la facture de décennies de légèreté industrielle, consumériste et de saccage de l'environnement commence à arriver ! C'était pourtant prévisible, prévu et maintes fois annoncé (et le sera encore).
Au-delà du name and shame, des décisions de justice (encore balbutiantes en matière de défense du droit de l'environnement), il n'y a guère de levier plus efficace que le renchérissement des coûts de production pour ouvrir les yeux (du moins pour celles et ceux qui le veulent bien et ils ne sont pas encore légion...). C'est improductif et regrettable au possible mais, manifestement, c'est ainsi.
On essaye de faire mieux désormais ?

Pégase | 21 mai 2021 à 11h30 Signaler un contenu inapproprié

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