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Actu-Environnement

Des médecins et chercheurs interpellent sur les risques de l'incinération

Un groupement de médecins et de chercheurs a décidé d'interpeller, à travers un rapport, les élus et le gouvernement sur les risques sanitaires et environnementaux de l'incinération et présente les avantages des alternatives.

Risques  |    |  F. Roussel
Convaincus que les collectivités locales ne disposent pas d'une information suffisante et objective sur les méthodes de traitement des déchets, un groupe de chercheurs et de médecins, parmi lesquels figure le cancérologue Dominique Belpomme, a élaboré un rapport à l'usage des élus, des décideurs administratifs et politiques afin qu'ils prennent toute leur responsabilité. Ce document a donc été remis le 3 octobre dernier au Ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement Durables Jean-Louis Borloo et à la Ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie.
Dénommé Groupe des experts scientifiques sur les dangers de l'incinération (GESDI) le groupe de chercheurs et médecins y dresse surtout l'état des lieux des méfaits sanitaires et environnementaux de l'incinération en rappelant qu'un incinérateur est un brûlot géant duquel s'échappent de très nombreuses substances toxiques, retrouvées dans l'air et les résidus solides. Les médecins estiment que ni les filtres utilisés, ni les autres procédés visant à limiter l'échappement de ces substances hors de l'incinérateur ne peuvent protéger contre l'imprégnation de l'environnement par ces substances. Ils soulignent également que de nombreuses substances ne sont pas mesurées en continue ou ne sont tout simplement pas mesurées. Le GESDI rappelle également que les accidents de fonctionnement ne sont pas rares comme à Gilly-sur-Isère, Mulhouse, Fourchambault, Lunel, Gien, etc. Il en résulte que ce manque de rigueur scientifique et technique permet d'occulter totalement la réalité de l'émission des centaines de cocktails toxiques synthétisés par la chimie de l'incinération, expliquent-ils dans le rapport. L'impact de ces substances sur la santé et l'environnement ne se réduirait donc pas seulement à la problématique des dioxines et des cancers. Le GESDI cite également comme effets néfastes : l'acidification des écosystèmes, les conséquences sur la santé humaine des vapeurs de NOx et de SO2 et des particules PM10 et PM2,5, l'émission de substances CMR, participant à la pollution chimique diffuse et multiforme de l'air, de l'eau et des sols, potentiellement à l'origine de cancers, de malformations congénitales, de retards pubertaires ou de dysfonctionnement de la reproduction…

Le rapport dénonce également l'utilisation des mâchefers d'incinération dans les remblais routiers et l'illégalité de cette pratique. Ils rappellent notamment que l'utilisation des mâchefers n'est réglementée que par une circulaire ministérielle provisoire du 9 mai 1994, qui ne prévoit pas, selon eux, une méthode d'analyse des risques suffisante : elle s'appuie sur un protocole de contrôle des rejets de métaux lourds s'arrêtant à 3 lixiviations des mâchefers. Or, il a été expérimentalement prouvé par exemple pour le plomb, que la courbe de relarguage des substances toxiques recherchées atteint son pic lors de la 10e lixiviation, explique le GEDIS.

Cette étude complète ainsi la proposition n°2 des 7 propositions de la Plateforme du corps médical remise le 20 septembre 2007, au Ministre d'Etat Jean-Louis Borloo, demandant l'instauration immédiate d'un moratoire sur les constructions de nouveaux incinérateurs et délivrances de nouvelles autorisations de co-incinération.
Pour appuyer cette proposition, le GESDI présente dans son rapport, l'intérêt socioéconomique qu'il y a à s'adresser aux méthodes alternatives de gestion et de traitement des déchets que sont, outre la nécessaire réduction des déchets à la source, la valorisation des matières par le tri sélectif et le recyclage. Les alternatives à l'incinération ont pour objectifs, non seulement de respecter la santé des populations et l'environnement, mais aussi de stimuler l'innovation technologique, et surtout économiser les ressources de la planète plutôt que de les détruire, soutient le GEDIS. Les médecins mettent également en avant le fait qu'elles créent un lien social avec les populations en instituant une participation active grâce au tri sélectif, qu'elles sont financièrement et économiquement rentables pour la société et qu'elles sont créatrices de très nombreux emplois.

Toutefois, le GEDIS semble conscient qu'outre ses arguments, une volonté politique forte est nécessaire pour développer les filières alternatives. Le groupe dénonce le lobbying puissant que représentent les industriels de l'incinération et considère que le traitement thermique est souvent une solution de facilité pour les élus et les administratifs. Une solution qui consiste à s'entendre directement avec l'industriel de l'incinération alors que les autres solutions sont souvent plus longues à mettre en œuvre et concernent souvent plus d'acteurs. Le GEDIS reste néanmoins optimiste et souligne que cette attitude est en train de changer. De nombreux maires et un nombre croissant d'élus, quelle que soit leur couleur politique, prennent aujourd'hui le parti du refus de l'incinération. Et il faut les en remercier, explique le GEDIS.

L'incinération reste tout de même un sujet délicat qui a d'ailleurs provoqué de vives discussions au sein de l'atelier intergroupe « Déchets » du Grenelle de l'environnement et constitue un point de blocage clairement identifié. Cette situation se traduit aussi régulièrement sur le terrain à l'instar de la polémique qui concerne la construction de l'incinérateur de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) à Fos-sur-Mer. Dernier rebondissement en date : le juge du Tribunal Administratif de Marseille a annoncé qu'il rejetait le Plan Départemental des déchets qui interdisait le recours à l'incinération sur le territoire départemental. Déçus par cette décision, les « anti-incinération » rappellent que de nombreuses manifestations initiées par des collectifs de médecins sont prévus ce week-end dans différentes villes de France. À cette occasion, le GEDIS remettra officiellement aux maires de ces grandes villes un exemplaire du rapport d'expertise sur les alternatives à l'incinération et aux décharges.

Réactions4 réactions à cet article

que faire de nos déchets?

A l’heure ou la consommation du « tout jetable » bas son plein, le problème de la gestion de nos déchets n’a pas fini de se poser. Qui a cru un seul instant que les incinérateurs étaient la solution miracle ? Qui peut croire que de simples « filtres », des traitements chimiques et autres, peuvent piéger des centaines de substances chimiques toxiques (dont certaines sont encore méconnues !!!) contenues dans nos poubelles ?.
Après ce rapport accablant, que va-t-on faire de nos déchets ? Le tri sélectif est une bonne chose mais il a ses limites…la valorisation énergétique on l’a vu s’avère être un « poison » en puissance pour la santé de nos concitoyens…nos décharges débordent et sont de véritables « verrues écologiques ».
Nous sommes à l’aube d’un véritable problème de santé public majeur dont il faudra un jour que les pouvoirs publics arrêtent l’hypocrisie ambiante et se décident enfin d’agir de façon concrète et active avant que n’éclatent les premiers scandales et catastrophes sanitaires.

david

david | 16 octobre 2007 à 14h56 Signaler un contenu inapproprié
A propos de l'incinération

Pour moins traiter par l'incinération, il faut mieux trier ; or les indications de tri ne sont pas encore assez explicites. Pour beaucoup de personnes le logo "flèches enroulées"
çà veut dire "recyclable alors que cela veut seulement dire que le fabricant a payé l'ecotaxe.

Ensuite il faudrait faire un lexique exhaustif des matières recyclables pour trier juste.
Est-ce que cela existe ?Par exemple :
1°/ les bouchons en liège sont-ils recyclables et à ne pas confondre avec les nouveaux bouchons synthétiques (eux aussi recyclables ?) 2°/ le papier alu ? ........

nicopoum | 18 octobre 2007 à 15h39 Signaler un contenu inapproprié
que faire de nos déchets?

premièrement en réduire le volume à la source, interdire les suremballages, promouvoir les éco recharges (cartouches d'encre, lessives ....faire effectuer le tri par des personnes formées à ce travail plutôt qu'à la source, les usagers ne sachant pas toujourts quoi mettre dans quelle poubelle, en raison de la complexité et de la multiplicité des matériaux.. Promouvoir l'utilisation des composteurs individuels, et les appareils réparables au lieu du jetable.
Permettre la récupération des objets recyclables ou réparables, dans les déchetteries au lieu de les détruire.cela procurrerait du travail à certaines personnes au chômage

ya basta | 21 octobre 2007 à 22h19 Signaler un contenu inapproprié
la methanisation

souhaite avoir des informations sur la méthanisation et le tri mecano biologique
merci de l'info

Anonyme | 15 janvier 2008 à 20h18 Signaler un contenu inapproprié

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