Les Amis de la Terre Allemagne (le Bund) et le Bureau européen de l'environnement (BEE) ont rendu public un classement de 17 villes européennes en fonction de leur politique en faveur de la qualité de l'air. L'étude s'intéresse en particulier à la pollution aux particules fines (PM10).
"Avec cette étude, les ONG veulent stimuler l'échange de connaissances et d'expériences entre les villes européennes et aussi démontrer que la réduction des particules de suie issues du trafic routier et l'atteinte des standards de qualité d'air sont parfaitement réalisables", indiquent le Bund et le BEE.
Selon ce classement, basé sur neuf critères, Berlin (Allemagne), Stockholm (Suède) et Copenhague (Danemark) sont les trois villes les plus performantes en matière de lutte contre la pollution atmosphérique. Lyon se classe en 7e position, Paris obtient la 10e place et Rome (Italie) apparaît en dernière position.
Favoriser le respect de la législation européenne
Les 17 villes ont été sélectionnées pour leurs similitudes : leur niveau de pollution élevé, leur importance politique et leur taille.
L'étude s'intéresse tout particulièrement aux mesures appliquées entre 2005, année de l'entrée en vigueur de la réglementation européenne imposant des valeurs limites aux PM10, et 2010. "Cela signifie que les villes qui ont engagé la plupart de leurs mesures de lutte contre les PM10 avant 2005 ne sont pas nécessairement bien classées", préviennent les ONG.
Parmi les neuf critères retenus figurent la gestion du trafic routier, le report modal vers des transports soutenables, les mesures techniques et l'information du public. Certaines de ces mesures visent à éliminer les sources d'émission les plus importantes, comme la mise en place d'une zone à faible émission qui exclut les véhicules les plus polluants à l'image des futures Zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa) française, alors que d'autres stratégies visent la réduction du trafic routier dans son ensemble, comme le report modal.
Si ces indicateurs ont été sélectionnés pour leur potentiel de réduction des émissions de particules, c'est parce que les limites européennes en matière de PM10 "sont une motivation majeure derrière la plupart des stratégies en faveur de la qualité de l'air déployées par les villes", soulignent les ONG.
La politique de report modal berlinoise saluée
La première place de Berlin se justifie par "la stratégie globale visant à combattre les émetteurs importants de particules et à réduire l'usage de la voiture en ville", selon les ONG qui jugent que la ville offre le meilleur exemple d'une stratégie à long terme de report modal de la voiture vers les transports publics, le vélo et la marche.
Copenhague et Stockholm se distinguent pour leurs incitations économiques et en particulier, les péages urbains limitant l'accès au centre ville et la limitation des places de parking disponibles.
Quant aux mauvais élèves, Rome, Milan (Italie) et Düsseldorf (Allemagne), "elles ont fait état de peu d'efforts sur l'ensemble des mesures en faveurs de la réduction de la pollution".
Lyon mène une politique active en faveur des transports alternatifs
S'agissant de Lyon, la ville obtient une note de D+, sur une échelle allant de A+ à F. Les ONG qualifient d'"active" la politique en faveur des transports publics et du vélo, soulignant l'existence de quatre lignes de métros, de quatre lignes de tramway, d'un réseau de bus et l'introduction en 2005 du "très novateur" Vélo'v, le programme de vélos partagés. De même la publication en temps réel des indices quotidiens de qualité de l'air est saluée par les deux ONG.
Reste que, l'absence de zone à faible émission ou de péage urbain pénalise l'ancienne capitale des Gaules, même si le Plan de protection de l'atmosphère (PPA) prévoit "différentes petites mesures" de restriction de la circulation des poids lourds. Les ONG prennent cependant note du projet de mise en œuvre d'une Zapa. Quant à la flotte municipale, les ONG rapportent que seuls 12,60 % des véhicules sont équipés de filtre à particule ou respectent la norme Euro IV.
Paris durcit les conditions de stationnement
Paris obtient pour sa part une note de D. Comme pour Lyon, les ONG soulignent la qualité du réseau de transports en commun et en particulier les 384 stations de métro réparties sur 16 lignes. Quant à l'évolution récente, le Bund et le BEE pointent les efforts en faveur du report modal.
Parmi les politiques bien notées, se trouve notamment la mise en place d'incitation économique, en particulier en renchérissant le coût du stationnement. Les ONG saluent ici la politique de stationnement menée depuis une décennie et caractérisée par la réduction de 9 % des places de parking en surface et le passage de 95 % des places gratuites en places payantes. De même elles soulignent que la ville a vu son réseau de pistes cyclables passer de 281 km en 2004 à 440 km en 2009.