Mercredi 21 novembre, Réseau de transport d'électricité (RTE) a présenté sa nouvelle version du projet de schéma décennal de développement du réseau de transport d'électricité. Avec ce schéma, "RTE anticipe à moyen et long terme les besoins de développement de son réseau au regard de l'évolution des flux d'électricité d'ici 2025-2030", indique le gestionnaire du réseau de transport, précisant qu'à l'horizon des dix années à venir, "l'ensemble des zones où il convient de renforcer les infrastructures sont identifiées". A plus brève échéance, RTE a répertorié les équipements de réseau à mettre en service d'ici 3 ans.
Le schéma est mis en consultation pendant un mois afin de recueillir les avis des parties prenantes avant que le projet final soit validé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE).
2012-2022 une décennie clé
2022 a de bonnes chances de figurer parmi les dates importantes de la politique énergétique européenne. En effet, l'Allemagne et la Suisse ont planifié leur sortie définitive du nucléaire à cette échéance, rappelle le président du directoire de RTE qui évoque "une marche d'escalier" à franchir. Le réseau, "le meilleur allié de la transition énergétique quelle qu'elle soit", estime Dominique Maillard, a donc une décennie pour dessiner un maillage qui tienne compte des transitions à l'œuvre en Europe. Avec 46 lignes transfrontalières, RTE devrait participer à ce redéploiement même s'il a lieu en dehors de l'Hexagone.
Le contexte du développement du réseau de transport semble donc avoir changé et pour Dominique Maillard, "l'évolution de la demande n'est plus le principal facteur d'évolution des réseaux". Ainsi, quel que soit le scénario retenu parmi les quatre élaborés par RTE, les connexions transfrontalières devront être renforcées pour une puissance comprise entre 7 GW (scénarios "médian" et "croissance faible") à 14 GW (scénarios "consommation forte" et "nouveau mix").
Les travaux associés à la transition énergétique s'ajoutent aux évolutions habituelles des réseaux électriques et notamment aux enjeux nationaux de réduction des risques des black-out des zones déficitaires en moyens de production et mal raccordées.
Projets à 3 et 10 ans
D'ici 3 ans, le schéma prévoit la création de 73 lignes électriques pour des mises en service entre 2013 et 2015. Le plan à 3 ans table sur un investissement annuel d'environ 1,5 milliard d'euros par an en incluant d'autres investissements d'amélioration des lignes existantes.
Sur la décennie, se sont "plus de 2000 km de lignes à très haute tension" qui devraient être ajoutées au réseau de RTE. "Il s'agit d'un socle d'investissements invariant", prévient l'entreprise ajoutant que ce socle "sera complété par les besoins nouveaux qui pourraient ressortir à l'issue du débat sur la transition énergétique et, le cas échéant, des Schémas régionaux de raccordement des énergies renouvelables".
Ce socle est notamment constitué de 1.000 à 2.000 km de renforcement de réseau électrique existant ou de nouveaux circuits en courant alternatif aérien 400.000 volts, de 800 à 1.000 km de nouvelles routes en courant continu souterraines et sous-marines et de 400 km de liaisons souterraines 400 et 225.000 volts. A cela s'ajoute 15 à 20 nouveaux postes d'aiguillage et de transformation 400.000 volts et quelques 10.000 mégavoltampères (MVA) de puissance de transformation entre le réseau 400.000 volts et les réseaux de tension inférieure. Coût des travaux ? "De l'ordre de 15 milliards".
Douze projets indispensables
Parmi l'ensemble des projets, RTE a identifié douze renforcements nécessaires d'ici 2020 et quel que soit le scénario retenu. Il s'agit, entre autres, de la ligne Cotentin-Maine, du doublement de la ligne Oise-Val d'Oise et du renforcement des interconnexions Savoie-Piémont (pour augmenter la capacité d'échange de 1.800 MW entre la France et l'Italie), France-Espagne (pour accroître de 2.600 MW la capacité actuelle) et avec les îles britanniques (pour porter de 2.000 à 5.000 MW la capacité actuelle).
Figurent aussi dans la liste deux "filets de sécurité" pour les régions françaises les plus fragiles : Bretagne et Provence-Alpes-Côte-D'azur. Il s'agit de renforcer le réseau tout en incitant à la maîtrise de la consommation d'énergie. S'agissant de la Bretagne, le développement d'un cycle combiné gaz dans le Finistère améliorera aussi la situation.
Enfin, la restructuration du réseau alsacien afin de résoudre des contraintes nord-sud en Alsace figure parmi les douze projets. Dans le cadre de cette restructuration, réseau entre Muhlbach et Scheer doit être doublé. C'est notamment ce doublement qui doit être anticipé pour assurer la fermeture de la centrale de Fessenheim. Pour RTE, il convient de s'y prendre en avance, compte tenu des délais moyens des procédures d'autorisation pour les lignes à haute tension. Avec un délai moyen de 6 ans et demi en France, rien ne garantit que l'aménagement soit réalisé en temps et en heure…