
Comme tout grand événement, cette Coupe du Monde va constituer une source d'impacts sur l'environnement. Selon la méthode Bilan Carbone™ réalisée par l'ADEME, intégrant le déplacement des spectateurs et la consommation des téléspectateurs, elle provoquera l'émission de 570.000 tonnes équivalent CO2 dont 46.000 tonnes pour la seule organisation du tournoi. En comparaison, ce total correspond aux émissions annuelles des Iles SAMOA, pays participant à la Coupe du Monde. En outre, la totalité des matches du tournoi devrait engendrer la production de 778 tonnes de déchets dans les stades et la consommation de 4,7 GWh d'électricité soit 73.000 ampoules de 60 W allumées sans interruption pendant la compétition de 45 jours, précise Michèle Pappalardo, présidente de l'ADEME.
Par conséquent, l'ADEME et le Comité d'Organisation se sont associés depuis plus de 15 mois, pour mettre au point et déployer un dispositif visant à réduire ces impacts. Ce programme environnement a été (re) présenté, mardi 28 août, dans l'enceinte du Stade de France par Bernard Lapasset, président de la Fédération Française de Rugby (FFR) et président du Comité d'Organisation de la Coupe du Monde de Rugby, Etienne Thobois, directeur général du Comité d'Organisation et Michèle Pappalardo, présidente de l'ADEME. À leurs côtés : Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie et Pierre Gadonneix, président d'EDF. Ce sera le premier événement mondial éco-responsable, s'est félicité Jean-Louis Borloo.
Sur le plan de la gestion de l'énergie, des diagnostics ont été réalisés dans la plupart des stades d'accueil. Certains stades ont été équipés en installations solaires comme celui du Manoir de Montpellier ou celui de Saint-Etienne qui possède désormais 2.600 m2 de panneaux photovoltaïques raccordés au réseau qui produiront près de 205.000 kWh. Le Centre National de Rugby de Linas-Marcoussis a quant à lui installé des panneaux solaires thermiques. D'autres stades ont lancé une étude de faisabilité relative à ce type d'équipement à l'image du Stade de France.
Au niveau des transports, le Comité d'Organisation a privilégié le rail pour assurer les nombreuses liaisons sur le territoire français notamment pour le transport des joueurs et des délégations. Cette mesure, comparée à des déplacements par route, devrait faire économiser 1.000 tonnes équivalent CO2. En région parisienne, les véhicules qui transporteront les invités officiels de la Coupe du Monde utiliseront du carburant contenant 30% de biodiesel. L'accent a également été mis pour promouvoir les modes de transport « doux » avec l'installation de parkings à vélo surveillés comme à Toulouse, Marseille et Montpellier.
Par ailleurs, le Comité d'Organisation a travaillé à la collecte sélective des déchets dans les stades qui sera effective sur quelques sites comme à Marseille et pérennisée après l'événement. Les Villes Hôtes ont également travaillé sur la récupération des déchets et la propreté des centres villes à l'occasion de projets d'accompagnement qu'elles réalisent.
Saint Denis a par exemple pris des initiatives et mesures* en vue d'améliorer la gestion environnementale de ses activités selon les thématiques suivantes : déchets, mobilité, débat « et si le sport se mettait au vert ?» , charte d'organisation du sport écologique et durable, choix de traiteurs proposant des produits issus de l'agriculture biologique et du commerce équitable, maîtrise de l'énergie et des nuisances sonores, mise en place de toilettes sèches et sensibilisation au développement durable. 46 actions seront réalisées pour que la fête soit durable, éthique, solidaire, populaire ; bref : écologique, indique, Maud Lelièvre, Maire adjointe déléguée au développement durable de la ville de Saint-Denis.
Mais le ministre d'État, la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie et la présidente de l'ADEME misent surtout sur cet événement pour sensibiliser les citoyens à l'éco-responsabilité. Le Comité d'Organisation a intégré en interne les principes promus dans le programme environnement en formant les 6.000 volontaires à la thématique environnementale. Dans le cadre du tournoi, une série d'actions de promotion des bonnes pratiques environnementales sera déclinée dont notamment le passeport de l'eco-supporter parrainé par Raphaël Ibnaez, capitaine du XV de France qui propose des réponses pour agir concrètement pour la protection de l'environnement. Un conte écologique « Terre Ovale » à destination des plus jeunes sera également proposé par l'association Pachamama de Jean-François Tordo, ancien capitaine de l'équipe de France de rugby, ambassadeur pour l'Environnement auprès de la FFR, et diffusé par l'USEP (Union Sportive de l'Enseignement du Premier Degré) dans 1.000 écoles engagées dans l'opération Scolarugby.
Avec tout le dispositif déployé à cette occasion, les ministres ont exprimé leur volonté de généraliser cette démarche au secteur de l'événementiel dans son ensemble, qu'il s'agisse de l'univers du sport, de celui de la culture ou encore de celui des expositions et salons professionnels. On voudrait faire en sorte que, d'ici à quelques années, ce soit complètement ringard, 'out', d'organiser un événement sportif ou culturel sans se poser la question de l'impact sur l'environnement, a conclu Nathalie Kosciusko-Morizet.
En France, plus de 350.000 manifestations sont organisées chaque année dont 100.000 sportives. L'objectif sera de rendre l'ensemble de ces manifestations « écoresponsables » ; démarche qui a d'ores et déjà été adoptée par le festival rock des Vieilles Charrues (Tri des déchets, optimisation de la consommation d'eau et d'énergie, réflexion sur les transports en commun et les outils de communication) ou le Mondial de Hand-ball féminin 2007 mais aussi, depuis cette année, par la Techno-Parade** qui s'engage pour l'environnement autour du slogan : « Fête la Planète ».
Certaines collectivités locales ou associations se sont mobilisées également afin que les manifestations sportives qu'elles organisent aient un impact environnemental réduit à l'instar de la ville d'Angers qui a initié la création d'un label pour distinguer les compétitions exemplaires quant à leur organisation, leur fonctionnement et leur évaluation.
Pour accompagner la mise en œuvre de ces démarches, l'ADEME a développé des outils tel le guide de l'éco communication qui apporte conseils et méthodes aux organisateurs. Par ailleurs, les acteurs du monde associatif (Comité national Olympique et Sportif Français, UFOLEP...) et plus récemment, des associations professionnelles de la filière événement avec l'Association des agences de communication événementielle (ANAE), accompagnent également les réflexions des organisateurs autour des éco manifestations.