Le 9 août, Sea Shepherd a annoncé le lancement de son opération « Les Vents de la Colère » : dans les prochaines semaines, des équipes de l'association se rendront dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor) pour documenter, alerter et sensibiliser l'opinion publique sur le parc éolien en mer de la société Ailes marines (filiale d'Iberdrola). Dans un communiqué, l'association a par ailleurs indiqué qu'elle comptait rapidement déposer un recours devant le Conseil d'État.
Des dérogations illégales ?
L'ONG a l'intention de dénoncer l'obtention par Ailes Marines, qu'elle estime « illégale », des dérogations à l'interdiction de destruction et de perturbations intentionnelles d'espèces protégées, nécessaires à la construction de ce parc éolien. En outre, « d'autres recours sont en préparation au niveau européen, conjointement avec l'association Gardez les caps qui milite depuis de nombreuses années aux côtés de certains pêcheurs pour empêcher l'usine de s'installer dans la baie », indique Sea Shepherd dans un communiqué. Cette action fait suite, pour rappel, à un dépôt de plainte après la pollution de la baie par une fuite d'huile du navire Aeolus du constructeur.
Selon l'association, les études d'impact – réalisées pour accompagner les demandes de dérogation à l'interdiction de perturbation intentionnelle et de destruction de 59 espèces protégées (54 espèces d'oiseaux marins, 4 espèces de dauphins et une espèce de phoque) – sont « sans appel » : « de l'aveu même du bureau d'études mandaté par Iberdrola, pour certaines espèces, la survie de la population n'est pas assurée ».
Le constructeur, Ailes marines, réagit
La société en charge de la construction du parc éolien marin de Saint-Brieuc, quant à elle, a déclaré dans un communiqué, le 18 août, que ces demandes avaient été « obtenues en toute légalité ». « Le dossier a été instruit par la Dreal [Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement] et l'avis du CNPN [Conseil national de protection de la nature] a été sollicité à la suite d'une présentation effectuée devant le Conseil en 2016, a ajouté Ailes Marines. Un avis conforme de la ministre de l'Environnement sur le dossier CNPN a été obtenu le 4 juillet 2016. »
De plus, Ailes marines affirme que l'étude d'impact du projet a bien été menée entre 2012 et 2015, « préalablement au dépôt auprès de la préfecture des Côtes-d'Armor des dossiers de demandes d'autorisations administratives nécessaires à la construction et à l'exploitation du parc éolien ». D'après elle, cette étude n'avait démontré ni la modification conséquente des courants marins de la baie bretonne ni la présence de vibrations « suffisamment puissantes pour altérer le milieu marin et l'écosystème ».
L'éolien controversé ?
« Un moratoire sur les projets de centrales éoliennes en mer doit être instauré de toute urgence tant qu'une feuille de route environnementale stricte ne sera pas mise en place, préconise Sea Shepherd. Si cette industrie a véritablement vocation à relever le défi environnemental du siècle, la préservation de la biodiversité doit être pour elle une priorité. À défaut de quoi, le « remède éolien » risque de s'avérer pire que le mal. »