Depuis mardi, près de 300 références du groupe Carrefour portent un logo ''nourri sans OGM, garanti à 99,1%''. Alors que l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche se sont déjà lancées dans l'étiquetage sans OGM et que le décret français se fait attendre depuis le vote de la loi OGM en 2008, les initiatives se multiplient sur le territoire. Les Fermiers de Loué, le fromage Laguiole, les beurres d'Echiré, le porc fermier de la Sarthe informaient déjà les consommateurs sur leur choix de filières sans OGM. Le fait que ces quelques pionniers soient rejoints par une grande enseigne comme Carrefour est accueilli positivement par de nombreux acteurs, comme Greenpeace, le WWF ou encore le député européen José Bové, qui y voient un signal fort envoyé aux filières de production.
Carrefour : une initiative qui peut faire des émules ?
Le CEES précise que les animaux doivent avoir été nourris sans OGM toute leur vie, à l'exception des animaux achetés hors de l'exploitation qui, dans ce cas, doivent avoir été nourris sans OGM pendant la période fixée par la réglementation communautaire sur l'agriculture biologique.
Le gouvernement a également commandé une analyse économique des filières sans OGM, Les résultats de cette étude, attendus pour novembre, devraient éclairer les orientations du futur décret.
''Carrefour met en place avec ses fournisseurs des contrôles à toutes les étapes de la production, lors de la culture dans les champs, avant et après le transport, à l’usine d’aliments du bétail et chez l’éleveur'', a expliqué James McCann, directeur exécutif de Carrefour France, au JDD.
Cette étape engendre des coûts supplémentaires : les producteurs vendent leur viande garantie sans OGM en moyenne 8 % plus cher qu'un produit ''traditionnel''. Selon Carrefour, seulement 2 % seront reportés sur le consommateur.
Pour Greenpeace, cela représente ''un pas important, [même si] Carrefour doit aller beaucoup plus loin et garantir l’absence d’OGM pour tous ses produits à marque distributeur et dans tous les pays où le géant de la distribution possède des magasins''. Le groupe annonce que cette démarche est vouée à s'étendre progressivement. Un travail a d'ores et déjà été mis en place sur l'alimentation des vaches et devrait permettre, à terme, d'étiqueter des produits laitiers sans OGM.
Une dépendance problématique de l'Europe pour l'alimentation animale
Les réactions sont globalement positives : si de telles initiatives se multiplient, elles peuvent avoir ''un effet domino'' sur les filières de production. L'Union européenne est en effet très dépendante des protéines végétales produites en Amérique latine pour nourrir le bétail, notamment des filières soja. Or, ces protéines sont de plus en plus produites à partir d'OGM.
Pour Carrefour, si d'autres acteurs se lancent dans cette démarche, cela permettra de réaliser des économies d'échelles. Même lecture chez Greenpeace : ''la décision de Carrefour devrait permettre d’augmenter considérablement la visibilité de l’offre de produits sans OGM et de pérenniser les approvisionnements en soja non OGM. Les filières sans OGM sont celles qui subissent le surcoût lié à la ségrégation des filières et doivent donc tenter de valoriser ces efforts. On peut espérer que l’initiative de Carrefour aide suffisamment pour préserver et amplifier le poids des filières sans OGM en France''.
Pour Michel David, secrétaire national de la Confédération paysanne, ''si l'étiquetage sans OGM peut permettre de réduire l'importation de protéines végétales OGM, la dépendance de la France pour l'alimentation animale reste problématique. A moyen terme, l'Europe doit s'orienter vers une production locale de protéines végétales. Évidemment, si l'on reste sur notre modèle actuel d'élevages industriels, la production européenne ne sera pas suffisante. Il faut sept fois plus de surfaces pour faire des protéines animales que végétales. Nous devons donc changer de mode d'élevage et de régime alimentaire : manger moins de viande mais d'une meilleure qualité''.