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Actu-Environnement

Carrefour emboîte le pas de l'étiquetage des produits sans OGM

Alors qu'une majorité de Français est opposée aux OGM, l'application de la loi reconnaissant ''la liberté de consommer avec ou sans OGM'' se fait attendre. Certains opérateurs, dont Carrefour France, ont décidé de devancer la réglementation.

   
Carrefour emboîte le pas de l'étiquetage des produits sans OGM
   

Depuis mardi, près de 300 références du groupe Carrefour portent un logo ''nourri sans OGM, garanti à 99,1%''. Alors que l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche se sont déjà lancées dans l'étiquetage sans OGM et que le décret français se fait attendre depuis le vote de la loi OGM en 2008, les initiatives se multiplient sur le territoire. Les Fermiers de Loué, le fromage Laguiole, les beurres d'Echiré, le porc fermier de la Sarthe informaient déjà les consommateurs sur leur choix de filières sans OGM. Le fait que ces quelques pionniers soient rejoints par une grande enseigne comme Carrefour est accueilli positivement par de nombreux acteurs, comme Greenpeace (1) , le WWF ou encore le député européen José Bové, qui y voient un signal fort envoyé aux filières de production.

Carrefour : une initiative qui peut faire des émules ?

Un décret sans OGM qui se fait attendre

Consulté par le gouvernement sur le projet de décret sans OGM, le Haut conseil des biotechnologies (HCB) a préconisé en novembre 2009 deux types d'étiquetage pour les produits animaux : en dessous de 0,1 % de présence fortuite d'OGM dans l'alimentation animale ou entre 0,1 % et 0,9 % (zone grise transitoire), ''tant que l'Union européenne ne sera pas autonome en matière de production de protéines pour l'alimentation animale'', précise le Comité éthique, économique et social du HCB.
Le CEES précise que les animaux doivent avoir été nourris sans OGM toute leur vie, à l'exception des animaux achetés hors de l'exploitation qui, dans ce cas, doivent avoir été nourris sans OGM pendant la période fixée par la réglementation communautaire sur l'agriculture biologique.
Le gouvernement a également commandé une analyse économique des filières sans OGM, Les résultats de cette étude, attendus pour novembre, devraient éclairer les orientations du futur décret.
Près de 300 produits de marque Carrefour (porc, veau, volailles, œufs, poissons d'élevage) sont désormais étiquetés sans OGM à 99,1 % (2) . Cet étiquetage ''vient compléter un engagement fort de l’enseigne dans une filière tracée non OGM depuis plus de 10 ans'', explique le groupe qui travaille depuis 1998 à l'organisation d'une filière d'alimentation des animaux sans OGM. 3.000 éleveurs, producteurs ou encore industriels de l'agroalimentaire ont été impliqués dans cette démarche. Car la principale difficulté réside dans l'organisation de la traçabilité pour éviter toute contamination.

''Carrefour met en place avec ses fournisseurs des contrôles à toutes les étapes de la production, lors de la culture dans les champs, avant et après le transport, à l’usine d’aliments du bétail et chez l’éleveur'', a expliqué James McCann, directeur exécutif de Carrefour France, au JDD.

Cette étape engendre des coûts supplémentaires : les producteurs vendent leur viande garantie sans OGM en moyenne 8 % plus cher qu'un produit ''traditionnel''. Selon Carrefour, seulement 2 % seront reportés sur le consommateur.

Pour Greenpeace, cela représente ''un pas important, [même si] Carrefour doit aller beaucoup plus loin et garantir l’absence d’OGM pour tous ses produits à marque distributeur et dans tous les pays où le géant de la distribution possède des magasins''. Le groupe annonce que cette démarche est vouée à s'étendre progressivement. Un travail a d'ores et déjà été mis en place sur l'alimentation des vaches et devrait permettre, à terme, d'étiqueter des produits laitiers sans OGM.

Une dépendance problématique de l'Europe pour l'alimentation animale

Les réactions sont globalement positives : si de telles initiatives se multiplient, elles peuvent avoir ''un effet domino'' sur les filières de production. L'Union européenne est en effet très dépendante des protéines végétales produites en Amérique latine pour nourrir le bétail, notamment des filières soja. Or, ces protéines sont de plus en plus produites à partir d'OGM.

Aujourd'hui, vouloir garantir une filière sans OGM engendre donc des surcoûts et même un problème d'indisponibilité des matières premières sans OGM. ''Cela doit être une incitation pour l'ensemble de la grande distribution à avoir la même attitude'', note José Bové pour qui l'initiative de Carrefour est un ''signal important''.

Pour Carrefour, si d'autres acteurs se lancent dans cette démarche, cela permettra de réaliser des économies d'échelles. Même lecture chez Greenpeace : ''la décision de Carrefour devrait permettre d’augmenter considérablement la visibilité de l’offre de produits sans OGM et de pérenniser les approvisionnements en soja non OGM. Les filières sans OGM sont celles qui subissent le surcoût lié à la ségrégation des filières et doivent donc tenter de valoriser ces efforts. On peut espérer que l’initiative de Carrefour aide suffisamment pour préserver et amplifier le poids des filières sans OGM en France''.

Pour Michel David, secrétaire national de la Confédération paysanne, ''si l'étiquetage sans OGM peut permettre de réduire l'importation de protéines végétales OGM, la dépendance de la France pour l'alimentation animale reste problématique. A moyen terme, l'Europe doit s'orienter vers une production locale de protéines végétales. Évidemment, si l'on reste sur notre modèle actuel d'élevages industriels, la production européenne ne sera pas suffisante. Il faut sept fois plus de surfaces pour faire des protéines animales que végétales. Nous devons donc changer de mode d'élevage et de régime alimentaire : manger moins de viande mais d'une meilleure qualité''.

1. Consulter le guide publié par Greenpeace sur les produits avec ou sans OGM
http://guide-ogm.greenpeace.fr/
2. L'UE a défini le seuil à partir duquel un produit est considéré sans OGM à 0,9 %. Carrefour a donc décidé de suivre cette orientation, alors que la France ne s'est pas encore prononcée sur ce seuil.

Réactions6 réactions à cet article

J'aime bien la conclusion : manger moins de viande et de meilleure qualité.

On attend aussi le retour de Carrefour (et associés) pour garantir des fruits et légumes non OGM! ah ah ah

et qui certifie que la filière n'est pas OGM ???

Anonyme | 28 octobre 2010 à 09h45 Signaler un contenu inapproprié

Hier, j'ai voulu acheter les mêmes escalopes de poulet BIO que j'avais acheté la semaine précédente. Elles avaient disparu du rayon, remplacées par des produits Non-OGM. Je ne suis pas sûre qu'on y gagne au change.

Elizabeth | 28 octobre 2010 à 10h25 Signaler un contenu inapproprié

Ben oui, manger moins de viande et de meilleure qualité . Je suis d'accord.

Ensuite, je viens de lire l'article sur la luzerne pour alimenter le bétail et ça on pourrait peut être y penser au lieu d'importer du soja OGM ?

Enfin, l'initiative de Carrefour est louable en théorie. Je choisirai la viande ainsi labellisée, mais j'en mangerai TRES TRES rarement. Je vais vérifier s'ils sont capables d'en faire autant sur les marques distributeur et pas seulement sur le produit qui était déjà le plus cher du rayon. S'ils arrivent à faire ça , alors chapeau, il y aura vraiment une éthique derrière le geste. Et là , je suis prête à payer un peu plus cher (et je ne suis pas riche) pour manger un peu moins rarement de viande.

Aurélie | 28 octobre 2010 à 10h30 Signaler un contenu inapproprié

Qui peut garantir de ce label? Il y a un organisme certificateur derrière?

Julien | 28 octobre 2010 à 16h40 Signaler un contenu inapproprié

En effet s'il n'y a pas d'organisme de controle type Ecocert ou mieux type Soil Association (certificateur anglais Bio) cela risque de n'être que du blabla. Cela pourrait être une pirouette de plus de Carrefour ou tout le monde sait bien que les produits en vrac sont plus chers au kg que les produits en petites quantités...La confusion est très grande aussi pour l'achat du papier toilette, le prix est rarement affiché au kg...

arthur duchemin | 10 novembre 2010 à 10h05 Signaler un contenu inapproprié

15 ans que des millions d'européens mangent de la viande provenant d'animaux nourris avec du soja OGM et aucun problème!

Pragmatique | 03 mars 2012 à 11h48 Signaler un contenu inapproprié

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