En 2050, la France pourrait être autonome en gaz en produisant 100% de ses besoins à partir de ressources renouvelables, selon une étude (1) , présentée par l'Ademe et les gestionnaires de réseau GRDF et GRTgaz dans le cadre des assises européennes de la transition énergétique à Genève. "Le potentiel théorique est largement supérieur à la demande prévue en 2050, souligne Fabrice Boissier, directeur général délégué de l'Ademe. Nous avons poussé la logique au maximum du curseur à 100% de renouvelables. L'objectif est d'évaluer les potentiels théoriques, mais aussi les difficultés, les obstacles pour y parvenir". Aujourd'hui, le gaz renouvelable couvre environ 0,01% des besoins.
Entre 116 et 153€ le mégawatheure
"Le potentiel total de ressources primaires renouvelables susceptibles de produire du gaz s'élève à environ 620 TWh", indique la synthèse de l'étude. La méthanisation pourrait fournir 30% du gaz, la pyrogazéification 40% et le power to gas 30%. Si l'étude fait l'impasse sur les "optimums économiques et environnementaux" des hypothèses étudiées, elle fournit néanmoins des fourchettes de coûts et se base sur des potentiels réels, évalués département par département, sans concurrencer les usages alimentaires ou matières premières. Les cultures énergétiques sont par exemple exclues.
"Les ressources issues de la biomasse représentent près de 390 TWh, dont 230 TWh provenant du bois et de ses dérivés, 130 TWh issus de l'agriculture, 15 TWh des biodéchets et des industries agroalimentaires et 14 TWh des algues", précise la synthèse. Les énergies de récupération représentent quant à elles un peu moins de 25 TWh.
Le coût de production et de réseau pour un mégawattheure oscille, selon les scénarios, entre 116€ et 153€. Aujourd'hui, le gaz naturel est autour de 20 à 25€/MWh. Mais l'étude table sur une augmentation de ce prix (42€/MWh) et de la taxe carbone (200€/tCO2 soit 86€/MWh). "Une grande part du potentiel mobilisable est autour de 80€/MWh, ce qui le rend très concurrentiel avec le gaz fossile. Les prix augmentent lorsqu'on veut atteindre 100% de gaz renouvelable, les derniers pour cent sont les plus chers à aller chercher", souligne Fabrice Boissier. Selon lui, certaines options, comme la pyrogazéification des combustibles secondaires (CSR), apparaissent déjà comme des mesures sans regret, mobilisables dès aujourd'hui.
Les secteurs agricoles et forestiers mobilisés
Cette révolution nécessiterait cependant quelques adaptions. Du réseau d'abord, pour le rendre bidirectionnel via l'installation de rebours. "Mais cela ne représenterait que quelques pour cent du coût du gaz in fine", estime Fabrice Boissier. Les infrastructures de stockage existantes seraient suffisantes. En amont, le secteur agricole serait particulièrement sollicité, avec une généralisation des cultures intermédiaires et de la méthanisation. Le secteur forestier devrait également développer une sylviculture dynamique, respectant la hiérarchie des usages (bois matière puis bois énergie).