Le gestionnaire de réseau RTE a intégré, dans l'édition 2011 de son bilan provisionnel de l'équilibre offre/demande d'électricité en France, un scénario de baisse du parc nucléaire à l'horizon 2030 (avec une étape en 2020), à la demande d'Eric Besson.
''À 2020, la variante “Nucléaire bas” consiste à retrancher arbitrairement une puissance nucléaire de 1,5 GW par rapport au scénario “Référence” de l'offre, pour une puissance installée de 63,5 GW, équivalente à celle en service à l'horizon 2013'', indique le rapport. Dans ce scénario, à consommation nationale équivalente, c'est le solde exportateur qui joue la variable d'ajustement : 57,9 TWh contre 51,8 pour le scénario de référence.
Maîtrise de l'énergie, forte hausse des ENR et renforcement du réseau
A 2030, RTE étudie un passage de 75 à 50 % de la part du nucléaire dans le parc de production. La variante “Nucléaire bas” mise sur une réduction de la production nucléaire de 25 GW par rapport au scénario de référence, soit une puissance installée d'environ 40 GW.
''L'hypothèse de décroissance du nucléaire, dans l'objectif de respecter une cohérence d'ensemble, est associée à une maîtrise de la demande d'énergie renforcée visant à atteindre une moindre croissance de la consommation, dans un contexte de développement pourtant très soutenu d'usages tels que le véhicule électrique et les pompes à chaleur'', note le rapport. Le scénario Nucléaire bas mise aussi sur un développement renforcé du parc de production renouvelable, avec des objectifs de 40 GW d'éolien et 25 GW de photovoltaïque.
''La proportion d'énergies renouvelables s'approcherait ainsi de 38 %, [contre 28,5 % dans le scénario de référence] en raison du très fort développement de ces énergies mais également du scénario de consommation choisi''. Ce scénario nécessite aussi ''un renforcement significatif des capacités d'échanges transfrontaliers, avec la création de nouvelles lignes d'interconnexion amenant au doublement de la capacité actuelle''. Enfin, une puissance de 10 GW de nouvelle production de pointe ou d'effacement de consommation sera nécessaire pour maintenir un niveau adéquat d'équilibre entre l'offre et la demande, note RTE.
Ainsi, dans ce scénario, la demande est de 541,3 TWh contre 627,4 dans le scénario de référence. La consommation nationale diminue (530,2 TWh contre 554,3) mais c'est surtout le solde exportateur qui baisse fortement (1,4 TWh contre 65,9). Enfin, les estimations de CO2 émises par le secteur électrique du scénario ''Nucléaire bas'' augmentent : 23,1 MtCO2 contre 15,7 dans le scénario de référence.
TWh | Vision “Référence” 2030 | Vision “Nucléaire bas” 2030 |
---|---|---|
Consommation nationale |
554.3 | 530.2 |
Pompage |
7.3 | 9.7 |
Solde exportateur | 65.9 | 1.4 |
DEMANDE | 627.4 | 541.3 |
Nucléaire |
425.7 | 283.0 |
Charbon |
6.3 | 11.5 |
Cycles Combinés à Gaz | 14.7 | 20.5 |
Fioul, TAC et effacements |
0.6 | 0.9 |
Thermique décentralisé non EnR |
9.8 | 9.8 |
Thermique décentralisé EnR |
14.6 | 30.7 |
Hydraulique* |
69.4 | 73.9 |
Éolien |
67.4 | 84.2 |
Photovoltaïque |
18.8 | 26.1 |
Puissance complémentaire |
0.1 | 0.7 |
OFFRE |
627.4 | 541.3 |
Ratio EnR |
28.5 % | 37.8 % |
Estimation CO2 émis par le secteur électrique français (MtCO2)** |
15.7 | 23.1 |
* : y compris turbinage des STEP.
** : sans captage ni stockage du CO2 sur les équipements charbon, sans prise en compte des éventuelles émissions de CO2 générées par les moyens d'offre complémentaires.
RTE souligne que l'évaluation ne prend pas en compte les problèmes posés par une telle modification du parc de production, au niveau régional ou national : congestions, sûreté et stabilité du système électrique. ''En particulier, la question de la localisation des déclassements et le calendrier de mise en service des nouveaux moyens de production aura notamment une importance majeure sur l'évolution de la structure du réseau de transport''.