Actuellement, le coût complet du système électrique est de 45 milliards d'euros (Md€) par an. En 2050, il devrait être compris entre 60 et 80 Md€, selon les scénarios présentés par RTE en octobre. Ce jeudi 2 décembre, l'opérateur du réseau électrique de transport de l'électricité a détaillé la méthode employée et les hypothèses retenues pour arriver à ce résultat.
Sur le plan méthodologique, RTE a évalué le « coût complet du système électrique » en allant au-delà du coût de production des différentes technologies (le coût actualisé de l'énergie produite (LCOE) exprimé en euros par mégawattheure (€/MWh)). Pour chaque scénario, RTE a donc évalué les coûts des moyens de production, en tenant compte des taux de charges, et y a ajouté les coûts liés au besoin de flexibilité et au développement du réseau.
Les renouvelables améliorent leur compétitivité
Pour le nucléaire historique, RTE a pris en compte les investissements à réaliser pour prolonger certains réacteurs. La première tranche de travaux, qui s'étend jusqu'en 2035, impose des investissements de l'ordre de 650 euros par kilowatt (€/kW). Au-delà, les travaux les plus lourds ayant déjà été réalisés, les investissements tombent à 440 €/kW. Au global, le coût de production du nucléaire historique est évalué entre 30 et 40 €/MWh. Quant au « nouveau nucléaire », c'est-à-dire les réacteurs qui seraient construits au cours des prochaines années, il ressort entre 60 et 85 €/MWh, sur la base d'un investissement de 5 500 €/kW pour les premiers EPR2 et de 4 700 €/kW pour ceux construits après 2045 (l'EPR de Flamanville coûtera environ 7 900 €/kW).
Du côté des renouvelables, RTE a retenu une réduction des coûts d'investissement d'ici à 2050 de l'ordre de 35 à 40 % pour le photovoltaïque, de 30 % pour l'éolien terrestre et de 40 % pour l'offshore. En 2050, le coût de production du solaire devrait ainsi être de l'ordre de 110 €/MWh pour les installations de petite taille sur toiture, d'environ 45 €/MWh pour les grandes toitures et d'environ 30 €/MWh pour le solaire au sol. Quant à l'éolien, en tenant compte des coûts de raccordement, il devrait produire des électrons à un peu moins de 40 €/MWh pour les installations à terre, à un peu plus de 40 €/MWh pour l'offshore posé, à moins de 60 €/MWh pour l'offshore flottant.
À cela, RTE a d'abord ajouté les coûts liés à la flexibilité. Cela inclut les coûts du thermique fonctionnant à l'hydrogène (compris entre 240 et 350 €/MWh, en 2050) ou au biométhane (130 à 200 €/MWh). S'agissant des batteries, RTE estime que le coût devrait tomber à un peu plus de 300 euros par kilowattheure (€/kWh) pour celles de réserve et à moins de 200 €/kWh pour celles consacrées à l'équilibrage. Quant au coût du réseau, RTE ne le chiffre pas. Le gestionnaire de réseau se contente de donner le coût au kilomètre de différents types de liaison (notamment en fonction du voltage et selon que les lignes sont aériennes ou souterraines).
Un système électrique à rebâtir
À l'horizon 2050, la perspective change sensiblement. Il ne s'agit plus de gérer l'existant en l'améliorant, mais plutôt de faire face à un nouveau cycle d'investissements pour sortir des fossiles et remplacer les infrastructures existantes. Et RTE de prévenir : « Les besoins d'investissement dans les différents scénarios sont estimés à environ 750 à 1 000 Md€ sur l'ensemble de la période 2020-2060, soit 20 à 25 Md€ par an en moyenne. » À titre de comparaison, les investissements réalisés au cours de la décennie passée ont été de l'ordre de 13 Md€ par an.
Évidemment, la nature des investissements diffère fortement selon les scénarios. Dans les grandes lignes, selon RTE, le scénario le moins onéreux est le N03, qui accorde le plus de place au nucléaire (27 gigawatts (GW) de nouveaux réacteurs nucléaires construits, dont 4 GW de SMR, d'ici à 2050). L'investissement dans le nucléaire représente alors près de la moitié d'une facture estimée à 770 Md€. Les investissements dans le réseau de transport, dans les renouvelables et, surtout, dans la flexibilité sont les plus bas de tous les scénarios présentés par RTE. À l'opposé, les scénarios 100 % renouvelables nécessitent des investissements de l'ordre de 875 à 975 Md€. Environ la moitié de cette somme est consacrée au solaire, à l'éolien et aux autres moyens de production renouvelables. Les investissements dans les outils de flexibilité s'élèvent à approximativement 100 Md€.
Quoi qu'il en soit, le système électrique coûtera donc de 60 à 80 Md€ par an en 2050, contre 45 Md€ aujourd'hui. Mais la place de l'électricité dans le mix énergétique sera aussi plus importante : elle devrait atteindre 55 % en 2050, contre 25 % actuellement. Rapportée au mégawattheure consommé, la hausse devrait être d'une quinzaine de pourcents (hors inflation) par rapport au coût actuel de l'électricité.