L'ONG Sea Shepherd « attaque l'État en justice » pour faire interdire l'usage des répulsifs acoustiques de type « pingers » « destinés à chasser les dauphins de leur zone de nourrissage ».
« Agités comme la solution miracle pour réduire les captures de dauphins, les pingers pourraient en réalité, s'avérer bien plus nuisibles qu'avantageux pour les dauphins », prévient Sea Shepherd dans un communiqué, le 13 août. « L'idée même derrière l'usage des répulsifs acoustiques est d'exclure les dauphins de leur zone de nourrissage et de leur habitat naturel (pour laisser le champ libre aux bateaux de pêche) », estime l'ONG.
Pour rappel, le ministère de l'Agriculture a publié, fin décembre 2019, un arrêté rendant obligatoire l'équipement en répulsifs acoustiques des navires de plus de 12 mètres utilisant des chaluts pélagiques dans le golfe de Gascogne. Cette obligation s'applique, entre le 1er janvier et le 30 avril de chaque année. Selon le ministère, ces dispositifs visent à limiter l'entrée de dauphins communs dans les chaluts. Les expérimentations menées, dans le cadre du projet « PIC », porté par l'organisation de producteurs Les pêcheurs de Bretagne, ont montré une diminution de 65 % des captures accidentelles de cétacés, via les pingers.
Mais Sea Shepherd conteste ce chiffre de 65 % de réduction des captures qui porte sur une étude « dont le taux d'incertitude est de 95 % ». L'ONG ajoute que la puissance des pingers utilisés pour repousser les dauphins dépasserait les seuils « au-delà desquels la nuisance sonore est considérée comme du harcèlement d'espèce protégée, ce qui est interdit par la loi ».
Pour le dauphin commun dans le golfe de Gascogne, les scientifiques du Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM) ont recommandé, fin mai 2020, une combinaison de fermeture temporaire des pêches préoccupantes pendant les pics de mortalité (décembre à mars, juillet et août) mais aussi l'utilisation de pingers sur les chalutiers à paire en dehors des périodes de fermeture.
« Il est urgent de mettre en place des mesures sérieuses pour enrayer les captures de dauphins, cela ne pourra passer que par l'interdiction des méthodes de pêche non sélectives », juge Sea Shepherd.