Les quatre dernières années ont connu des épisodes de sécheresse préoccupants. L'été 2021 devrait être de la même veine. C'est en tout cas ce qui ressort de la carte prévisionnelle dévoilée par la secrétaire d'État à la biodiversité, Bérangère Abba. Quatre-vingts départements sont concernés par un risque de sécheresse, en particulier ceux situés dans la région Rhône-Alpes, le pourtour méditerranéen et l'Ouest de la France. Seules l'Ile-de-France, les Hauts-de-France et une partie de la Normandie pourraient être épargnées.
Ces prévisions résultent du croisement des données de Météo France et du BRGM qui envoient plusieurs signaux d'alerte : précipitations déficitaires depuis le début du printemps, sols très secs, manteau neigeux faible, cours d'eau déjà bas. « L'épisode de pluie actuel d'une quinzaine de jours ne va pas changer les choses », estime Jean Launay, président du Comité national de l'eau (CNE).« Les préfets doivent réunir les comités ressources en eau dans les départements à risques pour envisager dès maintenant des mesures de restriction là où elles sont nécessaires », annonce Bérangère Abba suite à ce constat. Pour rappel, quatre niveaux de limitation peuvent être mis en œuvre selon la sévérité de l'épisode de sécheresse, allant de la vigilance au niveau de crise. Des restrictions de prélèvement sont exigées dès le niveau d'alerte atteint. En cas de crise, des interdictions sont prises pour préserver les usages prioritaires. Une refonte du site Propluvia, qui recense les arrêtés préfectoraux de restriction des usages, est annoncée pour la fin juin 2021 en vue de permettre la géolocalisation et de faire apparaître aussi les départements d'outre-mer.
Outre ces mesures conjoncturelles de gestion de crise, le ministère de la Transition écologique travaille sur des mesures structurelles avec un projet de décret qui affiche l'ambition de « simplifier et clarifier les modalités de gestion quantitative de l'eau ». Ce texte, qui a été soumis à la consultation du public en janvier dernier, devrait être présenté en Conseil des ministres à la mi-juin pour une publication à la fin du même mois, a indiqué la secrétaire d'État. Il sera accompagné d'un guide technique à destination des préfets.
Afin de mieux anticiper les épisodes de sécheresse, un autre décret paru le 15 mai crée un comité d'anticipation et de suivi hydrologique (Cash) auprès du Comité national de l'eau (CNE). « L'eau est le véritable marqueur du dérèglement climatique, la création de ce comité permet d'être mieux armé », explique Jean Launay, président du CNE. Ce nouveau comité, qui s'est réuni pour la première fois lundi 17 mai, est composé de 43 membres dont 14 représentants de l'État et de ses établissements publics et 29 membres désignés par le Comité national de l'eau. Ces derniers représentent les collectivités territoriales et les différents usagers de l'eau : entreprises, agriculteurs, consommateurs… Une deuxième réunion du comité est envisagée mi-juillet en fonction de l'évolution de la situation hydrologique.
Des mesures sont aussi engagées pour assurer la sécurisation de l'accès à l'eau potable, rappelle la secrétaire d'État, notamment à travers le projet de loi climat qui prévoit un meilleur recensement des ouvrages. Des tensions ou des ruptures d'approvisionnement ont en effet été constatées dans plusieurs communes ces deux dernières années. Des chantiers d'interconnexion de réseaux d'eau potable ou de lutte contre les fuites ont donc lancés en 2019 et 2020 pour près de 88 millions d'euros (M€) de travaux, avec 33 M€ d'aides des agences de l'eau. « Dans le cadre du plan de relance, plus de 50 projets portant sur l'accès à l'eau potable sont déjà engagés, pour un montant d'environ 36 M€ », ajoute le ministère de la Transition écologique. Des montants qui restent toutefois très modestes par rapport à des besoins que les spécialistes chiffrent plutôt en milliards d'euros.