Face à la sécheresse précoce sévissant en Europe, l'Union européenne a été sollicitée pour venir en aide aux agriculteurs. Cependant, la Commission européenne est désarmée et ne peut que valider des mesures dérogatoires d'urgence. C'est notamment le cas de l'autorisation de pâturage sur les jachères accordée par le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, et validée par la Commission.
Aide au troupeau de vaches allaitantes
Lors du Conseil de l'Agriculture du 17 mai 2011, la délégation française a dressé un bilan de la situation et demandé l'autorisation "d'avancer au 16 octobre le versement de 80% de la prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes" prévue par la Politique agricole commune (PAC). Une demande reprise "par d'autres délégations" et dont la Commission européenne va "[évaluer] la conformité au regard des dispositions légales de la PAC", selon les conclusions du Conseil.
La décision satisfait Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, qui se félicite de "l'accord de principe de la Commission européenne." L'accord, qui bénéficie du soutien de 12 des 27 Etats membres selon le ministère, est cependant suspendu à la transmission par la France "des informations sur la situation sur le terrain."
L'Europe asséchée
Globalement, l'Organisation mondiale de météorologie (OMM) estime que le niveau des pluies de février à avril représente de 40 à 80 % de la moyenne mesurée entre 1951 et 2000 et moins de 40 % pour de larges zones d'Europe.
En France, la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a dépeint une situation inquiétante lundi 16 mai. Même constat pour le Royaume-Uni qui a connu des conditions "extrêmement sèches" en mars et avril : il faut remonter à 1953 pour connaître une telle sécheresse en mars et l'Angleterre a connu le mois d'avril le plus chaud depuis 100 ans, voire 350 ans pour le centre du pays. La Suisse affiche les mois de février, mars et avril parmi les plus secs depuis 1864 et l'Allemagne dresse un bilan similaire pour avril.
Quant à l'avenir, l'OMM est pessimiste. Elle juge que la situation actuelle "peut persister encore plusieurs semaines, ou même plusieurs mois". "Un front de hautes pressions atmosphériques très persistant sur l'Europe occidentale et centrale" est responsable de ce que l'OMM qualifie de "déficit pluviométrique considérable sur une de larges parties de l'Europe."
Faibles débits des rivières et premiers incendies
Au Canada, la province de Manitoba vit une situation similaire : un territoire de 180 km2, ne comptant que 150 foyers, a été volontairement inondé pour éviter que la crue de la rivière Assiniboine n'entraîne une rupture brutale des digues et une inondation plus étendue. Cette crue, liée là aussi à la fonte des neiges, dépasse déjà le précédent record établi en 1997. Des inondations importantes touchent aussi les provinces de Saskatchewan et du Québec, alors qu'une centaine d'incendies sévissent en Alberta.
Par ailleurs, des incendies précoces ont déjà sévi en Europe, notamment en Russie qui fait l'objet d'une attention renforcée depuis l'été dernier. L'Extrême-Orient russe a connu des premiers incendies qui ont ravagé plus de 75.000 hectares, nécessitant l'intervention de plusieurs milliers de sapeurs pompiers. Selon le ministère russe des Situations d'urgence, le bilan est "légèrement inférieur à celui de l'année dernière à la même date."
En Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, des feux de landes se sont déclarés et en Suisse un premier feu de forêt a nécessité l'intervention de 300 pompiers et militaires. Quant à l'Allemagne, l'Indice de risque de feux de forêt est au niveau maximal depuis le début du mois.
Coupures d'électricité en Chine
L'Asie fait face elle aussi à une situation critique. Des précipitations hivernales réduites de 40% par rapport à la moyenne des 50 dernières années imposent des mesures exceptionnelles afin de soutenir le débit du Yangtsé, le plus long fleuve d'Asie. Depuis le début du mois, la quantité d'eau relâchée par le barrage des Trois-Gorges, situé dans la province du Hubei, a été augmentée de 30% sur plusieurs jours afin d'alimenter les provinces en aval du plus grand barrage du monde.
Cependant ce soutien d'étiage impacte négativement la production électrique puisque, selon l'AFP, le niveau du réservoir est maintenant trop faible pour permettre aux turbines de fonctionner à pleine capacité. En avril, la production de la plupart des centrales hydrauliques du Hubei avait fortement chuté, et depuis le mois de mars, des coupures d'électricité ont dû être organisées dans plusieurs des provinces les plus industrialisées du pays. L'énergie hydraulique est la deuxième source d'énergie en Chine après le charbon, rappelle l'agence.
De même, 70.000 réservoirs d'eau et de nombreux petits cours d'eau sont à sec dans la province du Hubei ce qui risque d'affecter les récoltes de céréales et l'aquaculture d'eau douce, poussant les prix alimentaires à la hausse.