Lors du passage de la marche internationale pour sortir du nucléaire au Tricastin (Drôme), une trentaine de personnes se sont introduites sur le site de la centrale nucléaire tôt ce lundi matin. Les militants de Greenpeace demandent la fermeture de la centrale de Tricastin, qui est, selon eux, l'une des cinq installations nucléaires françaises les plus dangereuses avec Blayais, Bugey, Gravelines et Fessenheim.
"Selon l'exploitant EDF, les personnes sont restées à l'extérieur du bâtiment réacteur", indique l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans un communiqué de presse, ajoutant : "Pour le moment, l'événement n'a pas eu d'impact sur la sûreté de l'installation".
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et le ministre de l'Écologie Philippe Martin ont immédiatement demandé un rapport d'inspection sur les conditions de l'intrusion de militants de l'ONG Greenpeace au sein du site nucléaire.
Un cadre juridique inadapté ?
Cette nouvelle intrusion repose la questions de la sécurité nucléaire. "Le cadre juridique actuel doit mieux répondre aux exigences de sécurité face aux agressions modernes et faciliter la discrimination entre les intrusions pacifiques à objectif médiatique et celles visant à porter atteinte à l'intégrité des installations. Ainsi des sanctions pénales plus lourdes sont à l'étude. Aujourd'hui en effet, la qualification des faits comme ceux commis ce matin est la « violation de propriété privée », ce qui est manifestement inadapté", estiment les ministres dans un communiqué de presse commun.
Ils indiquent également que la question de l'évolution du statut des installations nucléaires, à l'étude depuis octobre 2012 au ministère de l'Ecologie, pourrait être intégrée dans la loi sur la transition énergétique à l'automne. "Cette réflexion est portée au sein d'un groupe de travail spécifiquement créé, et piloté par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN)".
Pour l'eurodéputée EELV Michèle Rivasi, "cette action militante, pacifiste, montre une fois de plus que les centrales nucléaires sont clairement soumises au risque terroriste. Si des dizaines de militants peuvent pénétrer en 15 mn dans la centrale et que ceci est considéré comme un « non événement » par les responsables d'EDF, alors la situation est grave. C'est sous estimer le risque terroriste auquel est soumis toute centrale nucléaire en France".
Le 5 décembre 2011, des militants de Greenpeace s'étaient déjà introduits dans les centrales de Nogent (Aube) et Cruas (Ardèche). En mai 2012, un militant a survolé en parapente à moteur la centrale de Bugey (Ain), relançant, en pleines Présidentielles, la polémique sur la sécurité des centrales nucléaires.