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Méthanisation : l'information et le facteur humain au cœur des enjeux de sécurité

L'information relative au bon fonctionnement de l'installation et la formation du personnel sont deux éléments clés expliquant les incidents sur les sites de méthanisation. Allemands comme Français en prennent conscience.

Risques  |    |  P. Collet

La sécurité des installations de méthanisation, du cadre réglementaire à l'application sur le terrain. Quels sont les leviers d'optimisation énergétique et économique des installations existantes et à venir ? Tel est le sujet abordé lors de la dernière réunion organisée, par l'Office franco-allemand pour les énergies renouvelables (OFAEnR), mercredi 21 octobre.

Le sujet est particulièrement sensible puisque les représentants allemands de la filière méthanisation ont indiqué que des incidents intervenaient toutes les semaines sur les 8.000 installations en service outre-Rhin. Ceux-ci vont des fuites de substances plus ou moins dangereuses, aboutissant parfois à des pollutions de cours d'eau, aux explosions et incendies. Alors que la méthanisation prend son essor en France, les questions de sécurité constituent un élément clé, en particulier en terme d'acceptabilité. "Si on a des accidents, on tue la filière. On ne peut pas se le permettre", avertit Jean-Marc Orno, exploitant d'une unité de méthanisation depuis sept ans et représentant de l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF).

La formation, un enjeu clé

Selon Lucas Wagner, chef de service sécurité de l'Association allemande du biogaz, environ 80% des incidents sont liés à des problèmes mécaniques. Cependant, il ne faut pas sous-estimer la responsabilité du facteur humain, puisque ces problèmes sont souvent liés à l'exécution de travaux de maintenance  ou d'amélioration. Par ailleurs, "l'exploitant est dépassé" par toutes les taches qu'il a à accomplir. "Les plans de sécurité et d'intervention seuls ne suffisent pas, il faut une procédure d'amélioration continue", explique Karl Jens Basedow, ingénieur chez EES Nord, soulignant le rôle essentiel de la formation des employés. "Les exploitants ont du mal à appliquer toutes les règles", confirme Lucas Wagner, ajoutant qu'"il faut les former pour qu'ils comprennent les normes techniques qu'ils ont à appliquer".

Et Karl Jens Basedow de détailler les "cinq erreurs classiques" commises par les exploitants. Tout d'abord, ils ont tendance à considérer que si l'installation n'est pas contrôlée par les autorités, c'est donc que tout va bien. Ensuite, ils estiment qu'il s'agit de leur installation et qu'ils peuvent donc faire comme ils l'entendent. Les autorisations d'exploiter accordées par les pouvoirs publics ne constituent pas un blanc-seing, souligne l'ingénieur. La troisième erreur est de considérer l'autoformation ou la formation "sur le tas", comme la meilleure formation, car la moins onéreuse. Autre erreur constatée, trop d'opérateurs considèrent que les professionnels sont responsables des installations et documents qu'ils fournissent. Or, "la responsabilité incombe toujours à l'exploitant", rappelle l'expert allemand. Enfin, "les accidents n'arrivent qu'aux autres" est un adage encore trop répandu.

Depuis avril 2015, une ordonnance allemande impose donc des règles concernant la culture de sécurité des opérateurs pour les installations les plus importantes, soit environ la moitié des méthaniseurs allemands. "Nous considérons que la règle arrive trop tard, mais dorénavant nous l'avons", estime Lucas Wagner. Depuis le printemps dernier, le personnel des unités de méthanisation doit comprendre deux personnes formées à la manipulation des matières dangereuses et à la sécurité des installations de méthanisation. Mais les autorités n'ont pas de réel moyen de contrôle de la qualité des formations reçues. Si celles-ci doivent être validées par un examen, il n'existe cependant pas de certification officielle attestant de leur qualité.

Des agriculteurs plus détendus ?

Selon Karl Jens Basedow, en Allemagne "les agriculteurs sont un peu plus détendus que les industriels" concernant les règles de sécurité, même si la situation évolue dans le bon sens "grâce au va-et-vient avec les autorités". Selon les experts allemands, il y aurait trois "cercles" : les unités installées sur les stations de traitement des eaux usées, celles traitant des biodéchets et la fraction fermentescible des ordures ménagères résiduelles, et les installations agricoles. Ces dernières sont les plus nombreuses et les moins au point en terme de sécurité.

Sébastien Evanno, du Pôle substances et procédés de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), confirme l'existence des trois "cercles". En revanche, il est plus optimiste que ses confrères allemands concernant la culture de sécurité sur les installations agricoles françaises. Après avoir visité 16 unités de méthanisation, principalement agricoles, l'Ineris a constaté que la sécurité est de plus en plus prise en compte par les exploitants, même si des points restent à améliorer. Par exemple, le lien entre les risques et les obligations réglementaires qui y répondent n'est pas toujours bien perçu par les exploitants. De même, la place du facteur humain est sous-estimée dans l'analyse des incidents, alors que "l'amélioration de la sécurité ne se fera que par la valorisation des retours d'expérience". L'Ineris achève la rédaction de fiches pratiques, de 3 ou 4 pages avec des illustrations claires, destinées aux exploitants. Une dizaine de fiches devraient être publiées à la fin de l'année et courant 2016.

Jean-Marc Orno confirme ce besoin d'informations écrites. "Ecrivons!", lance le représentant de l'AAMF, insistant sur l'importance à accorder aux protocoles de travail quotidien, aux procédures de gestion des alarmes, ou à la bonne transmission des informations entre le fabricant et l'exploitant. Une étude réalisée par l'AAMF sur 26 installations agricoles a révélé que si les procédures de sécurité sont claires, elles ont le défaut d'être transmises oralement. Ce constat a conduit l'association à préparer, elle aussi, des fiches concrètes et rédigées dans un langage simple. De même, l'AAMF organise des formations regroupant, sur des installations en fonctionnement, dix à douze exploitants ou futurs exploitants. Par ailleurs, l'association se dit prête à formaliser un tutorat afin de transmettre aux nouveaux exploitants l'expérience et les bonnes pratiques de précurseurs.

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