La ministre de l'Ecologie a souhaité suspendre l'expérimentation de l'écotaxe pour remettre à plat les circuits de financement liés à l'utilisation des infrastructures de transport pour plus de "cohérence" et d'"équité".
Ségolène Royal a clairement évoqué la question des bénéfices record des sociétés autoroutières (15 Mds€) et la question de la redistribution de 40% du produit de l'écotaxe à la société Ecomouv'. Des arguments avancés par les transporteurs routiers pour demander la suppression de l'écotaxe et jugés recevables par la ministre. "Il faut remettre sur les autoroutes le plus de camions possible et envisager un prélèvement sur les revenus des sociétés autoroutières", a-t-elle plaidé à l'occasion d'une conférence de presse. "Ces prélèvements seraient reversés à l'Afitf et bénéficieraient au final aux entreprises des travaux publics qui sont celles qui possèdent également les autoroutes. Ce serait cohérent".
Une lettre écrite en collaboration avec le ministre de l'Economie Emmanuel Macron et allant dans ce sens a été envoyée aux sociétés en question. En parallèle, la ministre entend se pencher sur le contrat Ecomouv' pour voir comment le résilier. La commission d'enquête sénatoriale sur le sujet avait pourtant conclu en mai 2014 à la légalité du contrat et à l'impossibilité de le rompre.
Un avenir plus qu'incertain pour le dispositif
De nombreux acteurs ont dénoncé ce nouveau report. Europe Ecologie-Les Verts ainsi que le président de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet, y voient un enterrement du dispositif. "C'est une regrettable erreur", clame-t-il.
Ronan Dantec, vice-président de la commission développement durable au Sénat, demande quant à lui que la remise en cause de la taxe poids lourds s'accompagne de l'annulation des avantages obtenus par les transporteurs en contrepartie de sa mise en œuvre (exonération de taxe à l'essieu, autorisation des méga-camions).
En réponse à ces réactions qu'elle juge "excessives", Ségolène Royal s'est voulu rassurante quant à la poursuite des négociations et la mise en place d'un principe pollueur-payeur et utilisateur-payeur. Elle compte sur la "co-construction d'une solution" avec les transporteurs.