En pleine crise sanitaire, le Sénat appelait le Gouvernement à faire de la neutralité carbone « l'aiguillon du plan de relance », et confiait à trois sénateurs la mission de suivre l'impact de la Covid-19 sur le secteur de l'énergie. Ces derniers proposent une feuille de route comprenant 45 mesures réunies en dix axes, visant à « relancer notre économie en accélérant sa décarbonation ».
Les sénateurs appellent tout d'abord le Gouvernement à appliquer la loi « Énergie-Climat ». « Six mois après sa publication, le taux d'application de cette loi n'est que de 21 % pour les mesures règlementaires et de 7 % pour les ordonnances, constate Daniel Gremillet, sénateur Les Républicains des Vosges. Pour ce qui concerne la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), les objectifs en matière de biogaz, d'hydrogène et d'éolien en mer sont en retrait par rapport à ceux adoptés par le législateur, et les contributions au service public de l'électricité (CSPE) nécessitent d'être évaluées à l'aune de la crise. »
Les sénateurs plaident pour accompagner les énergéticiens et les consommateurs, afin de favoriser l'acceptabilité sociale de la transition énergétique. « L'urgence commande de soutenir la trésorerie et les investissements de nos énergéticiens, poursuit Daniel Gremillet. S'agissant des ménages, ils doivent être protégés du risque accru de précarité énergétique, avec une revalorisation du chèque-énergie. »
Le Sénat préconise de favoriser les opérations de rénovation énergétique, les projets d'énergies renouvelables, ainsi que les véhicules et les carburants propres. « La massification des opérations de rénovation énergétique constitue la clé de voûte de toute relance verte », précise Roland Courteau, député socialiste de l'Aude.
Enfin, le maintien de la souveraineté énergétique française passe, pour les sénateurs, par des « investissements suffisants » à l'énergie nucléaire. « La production d'énergie nucléaire, largement décarbonée, constitue un atout considérable pour réaliser nos engagements climatiques, assure Sophie Primas, présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat. C'est pourquoi il est impératif de continuer d'investir dans ce domaine et d'associer le Parlement aux réformes envisagées par l'exécutif. »