
La France devrait également bénéficier de cette manne notamment avec les objectifs Européens repris dans le Grenelle de l'environnement. D'ici 2020 la France devra intégrer 23% d'énergies renouvelables dans sa consommation d'énergie et donc produire 20 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) supplémentaires à partir de sources renouvelables. Toutes les sources vont être sollicitées : 10 Mtep supplémentaires pour la chaleur (bois, solaire thermique, pompe à chaleur, géothermie), 7 Mtep pour l'électricité avec l'hydraulique, la biomasse, l'éolien, le solaire photovoltaïque et un peu plus de 3 Mtep grâce aux agrocarburants.
L'impact sur l'emploi devrait être marquant. Selon les prévisions de l'ADEME et du SER, d'ici 2012 le secteur des EnR représentera 155.500 emplois contre 85.800 en 2006. 38.200 nouveaux emplois sont attendus dans le bois-énergie, le solaire thermique, la géothermie et les pompes à chaleur. Le remplacement et le développement d'équipements individuels chez les particuliers et le développement des chaufferies bois collective grâce au fonds chaleur renouvelable de l'ADEME seront le moteur de ce secteur : avec le fonds chaleur, une centaine de chaudières collectives devraient voir le jour, les premiers dossiers seront examinés en juillet, a précisé André Antolini. De nombreux emplois seront également nécessaires pour mobiliser et distribuer la ressource. 300 tonnes de granulés ou un 1m3 de bois représentent un emploi, précise Frédéric Coirier de l'entreprise Poujoulat. Ce secteur créera des emplois diffus sur tout le territoire, complète le Président du SER.
6.300 nouveaux emplois sont également prévus dans le secteur des agrocarburants, 12.200 dans le photovoltaïque et 13.000 dans l'éolien. 4.000 MW d'éoliennes sont installés en France mais il ne faut pas crier victoire, a annoncé André Antolini. Le Grenelle prévoit en effet d'installer 25.000 MW supplémentaires d'ici 2020 dont 6.000 MW en mer. Face à ces objectifs, le SER est confiant et son Président rappelle que malgré la crise on construit encore des éoliennes en France, même s'il reconnaît que ces constructions sont le résultat des projets préparés il y a plusieurs mois.
Le SER compte s'appuyer sur l'industrie de l'éolien en cours de mise en place en France. Pour l'organisation, 140 sous-traitants exercent une activité dans la fabrication de pièces entrant dans la composition d'une éolienne, l'exploitation et la maintenance, les travaux de génie électrique et de génie civil, le transport ou le montage d'éoliennes. On a beaucoup de « made in France » dans les machines car beaucoup d'équipementiers sont français, explique André Antolini. Plusieurs unités de construction de mâts, pales et autres composants d'éolienne ainsi que des unités d'assemblage devraient s'implanter en France d'ici 2020.
Toutefois des inquiétudes pointent à l'horizon pour ce secteur. Le syndicat des énergies renouvelables évoque l'incertitude réglementaire liée à l'introduction des éoliennes dans le régime des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Quand on leur dit que la réglementation va changer, les investisseurs prennent leur jambe à leur cou, prévient André Antolini. Jean-Michel Germa, le président de La Compagnie du Vent, filiale de GDF Suez a exprimé des craintes similaires dans un entretien au quotidien Les Echos : le classement ICPE est de nature, sans que cela se voit, à bloquer complètement le développement de l'éolien terrestre ou au minimum de le ralentir pour environ sept ans.