Le 25 juillet dernier, le Préfet des Bouches-du-Rhône a signé l'arrêté préfectoral autorisant l'aménagement et l'exploitation du site d'essais d'éoliennes flottantes en Méditerranée, baptisé Mistral. Situé au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône, à 5 kilomètres des côtes, ce site s'inscrit dans le programme national des sites d'essais mené par France énergies marines (FEM). Porté par la SAS Mistral, il sera piloté par EDF Energies Nouvelles, qui est actionnaire de l'entreprise.
Mistral pourra accueillir simultanément, dès 2015, deux éoliennes flottantes, en vue de tester leurs performances et leur fiabilité pour des durées de 12 à 24 mois. Le site est ouvert aux différents développeurs d'éoliennes flottantes. "L'objectif du site d'essai est de caractériser toutes les performances de divers prototypes en conditions réelles. Ainsi, pourront être recueillis de très nombreuses données et des retours d'expérience au plan technique et environnemental, ce qui est pratiquement inexistant actuellement", souligne l'arrêté préfectoral.

Une "première mondiale" : les éoliennes flottantes à axe vertical
Dans un premier temps, c'est la PME Nénuphar qui va tester ses prototypes d'éoliennes à axe vertical, en partenariat avec Technip et EDF EN. Ce type d'éolienne flottante est une "première mondiale", souligne le commissaire enquêteur, dans son rapport publié en février dernier, à l'issue de l'enquête publique unique. Selon lui, "le site permettra notamment de qualifier l'ensemble turbine et flotteur".
Cette éolienne fait 107 m de haut, 50 m de diamètre, pour une puissance de 2 MW. Selon les porteurs du projet, alors que "les éoliennes en mer sont presque toutes basées sur des architectures à axe horizontal, (…) la technologie à axe vertical permet une inclinaison plus importante de l'éolienne, une réduction du coût de la structure flottante [estimée à -30%], mais aussi un impact visuel moindre". Elle peut flotter dans des zones atteignant jusqu'à 200 m de profondeur.
Un premier démonstrateur à l'échelle 1/10e, installé à terre à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) en 2010, a permis de simuler le comportement de l'éolienne sous l'action du vent et des vagues. Un prototype à taille réelle, en cours de construction, va désormais être testé à terre à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), avant une mise à l'eau en 2015.
Le projet est soutenu à chaque étape par des fonds publics : les Investissements d'avenir pour la construction de l'éolienne et le fonds de recherche européen FP7 pour l'essai en mer. Après un premier test sur le site d'essai Mistral, Nénuphar installera d'ici 2017 treize éoliennes sur le site de Provence Grand Large, pour une puissance totale de 26 MW. Ce projet a été retenu dans le cadre du dispositif européen NER300. A terme, il pourrait permettre la création de 200 à 250 emplois, estiment les porteurs du projet.
Une large concertation depuis 2010
Auparavant, une large consultation a été menée pour définir la zone où serait installé le site d'essai Mistral. Dès 2009, une étude menée par l'Etat a identifié quatre zones propices au déploiement de fermes éoliennes dans le golfe du Lion. "Après études comparées de différents critères techniques, environnementaux et de sécurité, la zone située au large de Fos-sur-Mer a été retenue", indique le rapport d'enquête publique. Autre avantage de la zone : ses infrastructures portuaires qui permettent d'accueillir les activités terrestres (assemblages…).
La Norvège est la plus avancée avec un démonstrateur testé par Statoil depuis 2009. D'autres projets de prototypes sont en cours en Norvège (Windsea, Hywind, Sway).
Au Portugal, c'est un consortium mené par EDPR qui porte le projet Windfloat, avec une turbine installée au large de Porto fin 2011.
Plus récemment, au Japon, une première éolienne flottante construite par Mitsui a été installée fin 2013 au large de Fukushima. L'Espagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis mènent également des projets de R&D.
Pourtant, le site Mistral est au carrefour de nombreuses zones naturelles protégées. "Ces enjeux ont clairement été identifiés et pris en compte pour le tracé du câble de raccordement et pour l'organisation du chantier", souligne le commissaire enquêteur. Le principal enjeu concerne les oiseaux puisque la zone héberge 30 espèces protégées, dont les Puffins, les Sternes, les Fous de Bassan… Mais le commissaire enquêteur juge l'impact modéré, le principal risque étant la collision avec les éoliennes des oiseaux attirés par l'éclairage du site. Un suivi environnemental est prévu sur cette problématique. Cependant, l'Autorité environnementale, dans son avis remis en avril 2014, s'interrogeait "sur la suffisance des mesures mises en place".