"La valeur économique des réseaux électriques intelligents justifie le déploiement de l'ensemble des solutions étudiées à court ou moyen terme en France métropolitaine". Telle est la conclusion d'une nouvelle étuderéalisée par l'Ademe et les gestionnaires des réseaux de transport et de distribution d'électricité, RTE et Enedis. Les gains apportés par les différentes fonctionnalités des smart grids sont nombreux : "investissements évités dans de nouvelles capacités de production, optimisation du parc de production à travers la participation aux marchés d'énergie et aux différents services d'équilibrage offre-demande (réserves, ajustement, …), diminution de l'énergie non distribuée, diminution de l'énergie non injectée, diminution des pertes sur les réseaux, optimisation de l'exploitation des réseaux, investissements réseau reportés ou évités".
Ainsi, à l'horizon 2030, les bénéfices nets des solutions smart grids sont évalués à 400M€/an pour la collectivité. Ces gains sont essentiellement liés aux coûts évités de nouvelles capacités de production thermique de pointe. "Concrètement, le développement du stockage et de l'effacement prendrait la place des filières de production en évitant la construction de nouvelles turbines à combustion ou cycles combinés gaz". Le stockage et l'effacement permettent notamment de rendre le système électrique plus flexible, d'optimiser le parc de production nucléaire et de réduire en proportion l'appel à des centrales fossiles.
De fait, l'impact est positif d'un point de vue environnemental : "Dans le scénario étudié en 2030, le déploiement de l'ensemble des solutions de flexibilité smart grids permet d'éviter environ 0,8 MtCO2/an, en comptant le cycle de vie des matériels déployés. Ces émissions évitées représentent environ 3% des émissions annuelles du système électrique français".
Le calendrier de déploiement précisé
L'étude permet de dessiner le calendrier d'un déploiement industriel des smart grids. "L'approche multifonctions permet d'identifier qu'à l'horizon 2030, le déploiement le plus pertinent repose sur un bouquet de solutions smart grids et non sur une seule de ces solutions", analysent les auteurs.
Ainsi, à court terme, les solutions les plus pertinentes sont celles qui améliorent l'observabilité, la prévision ou la commandabilité du système électrique. Les solutions de flexibilité (stockage, effacements résidentiels, effacements industriels et tertiaires, écrêtements de production ENR) deviendront rentables à moyen terme, d'ici 2030. "On note par exemple que la valeur et les volumes associés augmentent significativement à l'horizon 2030 (de 3 à 9 GW de solutions de flexibilité entre le scénario 2017 et le 2030)", dans la perspective d'un déploiement des énergies renouvelables, de la fermeture de capacités nucléaires et d'une demande stable. Ces solutions seront pertinentes à l'échelle nationale (équilibrage court terme, arbitrage sur les marchés de l'énergie, contribution au dimensionnement du parc de production sur le critère de sécurité d'approvisionnement) mais aussi locale (gestion des congestions, auto-cicatrisation dynamique des incidents).
"Ces travaux ayant été réalisés avec une approche du point de vue de la collectivité, les services identifiés comme rentables pour la collectivité ne le seront pas nécessairement du point de vue des acteurs économiques, préviennent les auteurs. Les conditions de réalisation des projets dépendent donc dans certains cas d'évolutions du cadre législatif réglementaire au niveau français ou européen".